Depuis l’Afrique, j’observe l’inévitable désintégration du PQ. C’était écrit dans le ciel. Je partage en bonne partie les points de vue exprimés par mes camarades Bourgeois et Boulanger dans leurs chroniques des deux derniers jours, mais j’aimerais ajouter mon grain de sel. Il n’y a plus rien à attendre de Pauline Marois, de ses admirateurs béats et de son entourage de pauvres inconscients.
Depuis quelques années, j’ai subi à plus d’une reprise les foudres du PQ, mon parti, pour lequel j’ai toujours voté, depuis 1976. Pourquoi? Par exemple, pour avoir été l’un des premiers à dire, à l’automne 2007, que Pauline Marois faisait fausse route avec son obsession de l’enseignement de l’anglais. Sa réponse à la régression accélérée du français au Québec était qu’il fallait enseigner l’histoire en anglais et pratiquer l’immersion anglaise au primaire.
Après l’annonce des statistiques linguistiques catastrophiques du recensement de 2006, Mme Marois et ses pseudoconseillers n’ont proposé aucune mesure vraiment efficace pour faire du français la langue nationale de tous les Québécois, y compris de la minorité d’origine anglo-saxonne, dans un esprit fraternel et républicain. Dans n’importe quel pays normal, personne ne se sent brimé de devoir parler la langue nationale. Mais Mme Marois (à l’instar de beaucoup d’autres indépendantistes, malheureusement) a toujours considéré qu’apprendre le français était un supplice à ne pas faire subir aux pauvres opprimés de Westmount, sous peine d’excommunication par la presse du Canada anglais et de la «communauté internationale».
Comment faire donc pour garantir le droit des Québécois de vivre dans leur langue nationale, au Québec, si on y cultive l’ignorance de cette langue, ne serait-ce que dans une partie de la population? Ne serons-nous pas constamment obligés de parler anglais chez nous tant qu’il subsistera des Québécois ne possédant pas la langue nationale? Chacun sait bien qu’il faut un seul anglophone ne parlant pas bien français pour forcer des dizaines de personnes autour de lui à parler anglais.
J’ai été frappé d’anathème aussi pour avoir osé critiquer la position du PQ sur la construction ultracoûteuse de deux centres hospitaliers universitaires à Montréal, une aberration qui fera gaspiller des milliards de dollars aux contribuables québécois dans les années à venir. L’un de ces centres fonctionnera en anglais et l’autre, qui ne verra peut-être jamais le jour, sera destiné aux pauvres indigènes arriérés qui n’ont pas encore compris les vertus du bilinguisme assimilateur. Dans la logique péquiste, il n’y a pas lieu de s’inquiéter qu’on manque d’argent pour financer le reste du système de soins de santé. Mieux vaut sacrifier quelques vies dans les urgences surpeuplées. Mieux vaut laisser les personnes âgées dans leur couche sale que de forcer les médecins de McGill à étudier et à travailler en français. Le débat est impossible au PQ. Les contraintes électoralistes auront toujours le dessus sur la logique et l’intérêt général. Surtout lorsque le sujet est épineux.
Il n’y a pas de forum Internet au PQ. Il n’est pas possible de communiquer avec l’ensemble des membres pour soumettre des idées et faire un vrai débat. Il n’y a que de faux congrès, où la proposition principale est déjà écrite par des rédacteurs peu inspirés et où l’on n’a que quelques heures pour convaincre les autres militants de la nécessité d’y apporter une modification ou une autre. Impossible de présenter de l’information et de développer des arguments. Les congrès du PQ sont tout sauf des lieux de réflexion et de débat.
Les faux penseurs du PQ, qui accouchent de propositions timides et superficielles, ne comprennent pas le monde qui les entoure. En matière d’information, ils sont largement à la remorque des journalistes, des universitaires et des ONG à gages recrutés par le grand capital. Jamais les bonzes du PQ n’iront à l’encontre des idées reçues véhiculées par Radio-Canada, même si ces idées ne sont qu’un gros tas de mensonges. Avant de se tenir coite sur la question, c’est-à-dire jusqu’à tout récemment, Radio-Canada soutenait que le français ne reculait pas par rapport à l’anglais, au Québec. Et, bien entendu, la direction du PQ avait la même attitude de déni. Aujourd’hui, il est difficile de nier l’évidence, mais il est peut-être aussi trop tard.
Chronique du samedi - Bernard Desgagné
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