Le Journal nous rappelait lundi une donnée centrale à retenir du dernier recensement : en 2040, le Québec comptera pour moins de 20 % de la population canadienne.
En 1995, son poids était plutôt de 25 %. En 1966, il était de 28,9 %. D’ici quelques décennies, sa dissolution démographique sera consommée. Il ne restera plus du peuple québécois qu’un résidu folklorique condamné ailleurs à se débattre pathétiquement pour défendre ses moignons de droits.
Démographie
On connaît l’argument des sceptiques : si les Québécois veulent maintenir leur poids démographique, qu’ils fassent plus d’enfants. C’est un leurre rhétorique. Car s’il y a bien une dramatique crise de la natalité occidentale, elle n’explique en rien la présente situation.
Le Canada anglais n’est pas dans une situation de « surnatalité » telle qu’elle suffirait pour noyer définitivement le peuple québécois.
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Cette accélération s’explique essentiellement, pour ne pas dire exclusivement, par la politique d’immigration massive décidée par le gouvernement fédéral, soumis à la logique du toujours plus.
Ottawa est emporté par un délire idéologique le poussant même à vouloir atteindre une population de 100 millions de Canadiens d’ici la fin du siècle.
La réponse des idéologues fédéralistes du Québec est connue : pour conserver son poids politique dans la fédération, le Québec doit lui-même augmenter significativement ses seuils d’immigration. Il suivra ainsi le rythme démographique du reste du pays.
On voit à quelle absurdité le Canada nous conduit.
Car c’est justement la politique d’immigration massive menée par le gouvernement fédéral et ses serviles serviteurs québécois qui explique la régression du français. Le Québec n’a pas les moyens d’accueillir 50 000 immigrants par année (et il en reçoit pratiquement beaucoup plus). Ses capacités d’intégration et de francisation sont saturées.
L’immigration massive entraîne mathématiquement la dilution démographique de la majorité historique francophone, sans laquelle il n’y aurait pas de peuple québécois. Cette dernière est refoulée de plus en plus hors de la grande région de Montréal.
On voit donc le pacte faustien proposé par le Canada : le Québec, pour conserver son poids politique dans la fédération, doit consentir à être de moins en moins français, donc moins québécois.
Et s’il fait tout ce qu’il peut pour maintenir le poids de la majorité historique francophone et de la langue française, il aura de moins en moins de poids dans la fédération.
C’est dans ce contexte que se tiendront les élections d’octobre, et toutes celles qui suivront.
Fédération
Autrement dit, les Québécois ont beau se faire croire qu’ils construisent leur société par eux-mêmes, cela devient une triste illusion. Les grands discours à propos de nos choix de société relèvent du domaine des paroles verbales.
Les Québécois ne maîtrisent pas les commandes permettant de faire les choix fondamentaux structurant leur existence collective. Ils se contentent de faire des choix dans une société dont les paramètres existentiels et constitutionnels sont fixés par d’autres.
Les partis qui ne prennent pas au sérieux cette question ne mériteront pas d’être pris au sérieux le 3 octobre. Ils ne sont plus que des gestionnaires de notre disparition.