Le moral des entreprises trahit une réalité contrastée au Canada, avec notamment des désirs d’investissement et d’embauche au Québec et tout le contraire dans les régions pétrolières.
L’indicateur de confiance des entreprises de la Banque du Canada est tout juste revenu pour la première fois cette année en territoire positif au troisième trimestre, passant de –0,07 à +0,43 dans une échelle où le 0 correspond à la moyenne historique, où les sommets ne dépassent habituellement pas 3 et où l’on est descendu aussi bas que –8,54 lors de la dernière crise financière. Cette moyenne cache toutefois de grands écarts de réalités entre les régions où l’immigration et le dynamisme des secteurs technologiques et de la construction soutiennent l’activité économique, comme le Québec (+1,11) et l’Ontario (+0,8), et celles dont l’économie reste plombée par les difficultés liées au secteur énergétique, notamment dans les Prairies (–1,8), a rapporté mardi la Banque du Canada.
Les choses vont si bien, en dépit de perspectives d’exportations obscurcies par les tensions commerciales internationales entretenues par les États-Unis, que la proportion d’entreprises qu’une hausse inattendue de la demande mettrait « en difficulté » est passée depuis l’été de 34 % à 37 % et que la proportion pour celles qui seraient « très en difficulté » est passée de 8 % à 13 %. Cette situation tient notamment au fait que la proportion de celles qui disent souffrir d’une pénurie de main-d’oeuvre, surtout présentes dans le secteur des services, est passée de 26 % à 34 %.
Sur le front de l’emploi, la volonté des entreprises du centre du pays et de la Colombie-Britannique d’accroître leurs effectifs ne suffit pas pour compenser la morosité des provinces pétrolières, avec pour résultat un recul général des intentions de nouvelles embauches (de 49 % à 43 %). Cette morosité dans les Prairies et les hésitations des exportateurs ne suffisent toutefois pas à gommer l’intention des autres d’augmenter aussi leurs investissements, notamment en technologie, en automatisation et en d’autres systèmes informatiques susceptibles d’augmenter leur productivité, faisant globalement grimper leur proportion de 36 % à 47 %.
On profitera pour ce faire de conditions de financement rendues un peu plus accommodantes grâce, entre autres, à la concurrence entre les banques, rapporte la Banque du Canada sur la base de son sondage, réalisé du 20 août au 13 septembre auprès des dirigeants d’une centaine d’entreprises canadiennes représentatives.
Statu quo sur les taux
Ces résultats d’enquête donnent à la Banque du Canada une raison supplémentaire de ne pas suivre l’exemple de sa voisine, la Réserve fédérale américaine (Fed), et de maintenir plutôt que de réduire ses taux d’intérêt la semaine prochaine, alors que les deux banques centrales ont des réunions de politique monétaire prévues, a observé l’économiste de la Banque de Montréal Michael Gregory mardi.
Confrontée à un assombrissement des perspectives économiques et à l’instar de plusieurs de ses homologues étrangères, la Fed a déjà réduit deux fois son taux directeur depuis le mois de juillet, pour le porter entre 1,75 % et 2 %, et devrait récidiver la semaine prochaine. Pour sa part, la Banque du Canada a choisi, jusqu’à présent, de geler son taux à 1,75 %.
« Le prolongement du statu quo des taux d’intérêt directeurs canadiens semble l’option la plus probable pour les prochains trimestres », a estimé l’économiste du Mouvement Desjardins Benoit P. Durocher à la lumière de l’enquête de la Banque du Canada de mardi. « D’autant plus que l’enquête démontre encore des disparités régionales importantes. »