Il semble que l’opposition au projet sur la citoyenneté du PQ repose sur
l’idée qu’il créerait deux catégories de citoyens au Québec. Peu importe
les arguments employés, il apparaît plutôt étrange de dire qu’une personne
qui désire occuper un poste électif au Québec a le droit de ne pas
s’adresser à la population dans la langue officielle du Québec dans
l’exercice de ses fonctions.
En pratique, bien sûr, les opposants au projet de Marois comptent sur la
sagacité des Québécois pour élire le moins possible de telles personnes car
autrement le Québec serait vraiment l’absurdistan. Mais les Québécois sont
habitués à cette idée que la nation québécoise est sous-entendue. Rendre la
nation officielle et légale apparaît par conséquent suspect a priori.
Qu’avons nous à faire de ces opinions portées par des gens qui pensent que
la nation québécoise n’existe pas, comme la journaliste Lysiane Gagnon ou
de ces gens qui se contentent d’une reconnaissance symbolique sans
consistance de la nation québécoise ?
Vue de l’extérieur du Canada, l’exigence de l’apprentissage de la langue
nationale n’apparaît sûrement pas exagérée mais plutôt comme allant de soi..
D’ailleurs même ici, est-ce vraiment une exigence tellement particulière
qu’elle peut constituer une mesure discriminatoire ? Il s’agit d’une
exigence qui s’applique à des personnes qui postulent un emploi électif,
non de citoyens qui font leurs emplettes dans un dépanneur. Quand un
politicien comme le ministre Pelletier plaide que cette mesure créerait
dans une même famille des personnes qui auraient des droits différents, il
commet une faute grave. Ce n’est pas la famille qui se présente à
l’élection mais une personne. Comment concilier alors le besoin de
la vaste majorité de la population à ce que la place publique soit
française ? Ceci n’est pas une question théorique puisque le Canada et le
Québec entendent augmenter l’apport de l’immigration.
La langue française est difficile à maîtriser pour certains mais le projet
entend en faciliter l’apprentissage. A-t-on suffisamment informé ces
personnes que le Québec est francophone ? A-t-on sélectionné les bons
candidats à l’immigration au Québec ?
Quant à ces personnes qui ne souhaitent pas apprendre le français, on ne
peut pas voir ce qu’elles pourraient apporter de positif à la société
québécoise en occupant un tel poste électif. L’abc de la politique ne
repose-t-il pas sur la communication avec l’ensemble de la population ?
C’est aussi vrai pour un poste électif d’une commission scolaire, d’une
municipalité ou de l’Assemblée nationale. Si la pratique impose la
connaissance de la langue française pour exercer la fonction de Premier
Ministre du Canada, qu’y a-t-il de si extraordinaire de vouloir que les
représentants élus dans ces instances parlent un français acceptable ?
Gilles Laterrière
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Identité québécoise
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