La campagne électorale est lancée.
Comme toujours, on s’attardera surtout aux chefs et aux promesses. C’est superficiel et réducteur.
Au-delà des paroles et des personnalités, c’est plutôt le régime politique qu’il faut examiner dans la perspective des intérêts du Québec.
Dernier mot
Je vous donne un exemple.
La loi sur la laïcité contredit l’idéologie dominante au Canada anglais.
Pourquoi les chefs des partis fédéraux sont si silencieux ? Parce qu’ils veulent votre vote le 21 octobre.
Prenez Trudeau. Que se passera-t-il s’il est réélu ?
Hier, quand on l’a interrogé, le jupon a dépassé.
Il est acquis qu’un gouvernement Trudeau mettra tout son poids dans la balance pour combattre cette loi.
N’ayons pas la naïveté de croire que les autres chefs, hormis celui du Bloc, pensent différemment.
Je vous donne un autre exemple.
Le gouvernement Legault a décidé que l’on ne pourrait pas cultiver du cannabis à la maison.
L’important n’est pas de savoir si on est d’accord ou pas.
L’important est que la Cour supérieure a tranché : cette décision contrevient à la loi fédérale.
Le gouvernement Legault a aussi décidé que l’on ne pourrait pas acheter du cannabis avant d’avoir 21 ans.
Ici encore, l’important n’est pas de savoir si on est d’accord ou pas.
L’important est que la loi fédérale met la barre à 18 ans. Logiquement, les tribunaux décideront que la loi fédérale prévaut.
Le gouvernement Legault veut abolir les commissions scolaires. Vous n’êtes pas très émus, hein ?
Mais attention, comme le soulignait finement le chroniqueur Michel David, la Charte canadienne garantit aux minorités le droit à l’enseignement de leur langue dans des établissements contrôlés par elles.
Même remarque que tantôt : peu importe qu’on soit pour ou contre.
L’important est que les anglophones du Québec vont se battre pour la préservation de leurs commissions scolaires, et que la volonté du gouvernement Legault va vraisemblablement se fracasser sur les récifs de l’ordre constitutionnel canadien.
On risque de voir la fin des commissions scolaires francophones au Québec, mais le maintien des anglophones.
Cela s’est passé ainsi, mais à l’envers, dans plusieurs provinces anglophones : on a aboli les commissions anglophones et maintenu celles de la minorité francophone.
Bref, des fois, cela peut jouer pour le français et, d’autres fois, contre lui, mais c’est toujours Ottawa qui a le dernier mot.
C’est aussi un tribunal fédéral qui a tranché : on ne peut imposer une directive interdisant de prêter son serment de citoyenneté canadienne avec le visage entièrement couvert.
Statut
Et je n’ai pas encore parlé de la déclaration de revenus unique ou d’un oléoduc qui traverserait le Québec.
Bonnes idées ou pas ? Peu importe, je dis seulement que c’est Ottawa qui décide.
C’est le régime politique qui est le problème, bien plus que l’identité du chef du gouvernement.
De grâce, ne venez pas me dire que la question de notre statut politique – province ou pays – n’a pas d’importance.