Le PQ n'incarne plus, aux yeux des électeurs, le changement et l'espoir

Manifestement, ce parti impossible a besoin plus que jamais de tenir enfin une vraie «saison des idées», cette fois en mettant tout sur la table.

PQ - stratégie revue et corrigée


Le Parti libéral de Jean Charest est parvenu, au terme d'une campagne terne et éprouvante, à éviter le pire, en sortant victorieux de cette féroce bataille à trois dont l'issue, comme au hockey, s'est décidée à l'étape des «tirs de barrage».
Mais cette victoire a un goût de cendres. Et la modestie et la prudence sont certainement de mise au moment où le premier ministre doit constituer son cabinet, alors que les deux tiers des Québécois viennent de lui indiquer on ne peut plus clairement leur profonde insatisfaction du travail qu'il a accompli depuis 2003.
Dans l'immédiat, l'issue de cette campagne soulève plus de questions qu'elle n'apporte de réponses.
Si le gouvernement libéral peut compter pour un temps sur la collaboration de l'un ou l'autre des partis d'opposition pour ses premiers gestes d'importance, il n'échappera pas à l'obligation d'ajuster certaines de ses positions, en tenant compte des humeurs et des attentes particulières de la population, dont l'ADQ et le PQ se sont fait l'écho au cours des dernières semaines.
Au surplus, ce parti devra sans doute apprendre à se définir désormais autrement que comme le champion toutes catégories d'une chasse aux «séparatistes» qui ne fait plus recette que chez son électorat anglophone.
Quant à Mario Dumont, qui est le véritable vainqueur du dernier marathon, il lui reste encore beaucoup de travail à faire pour constituer dans un proche avenir une alternative sérieuse de gouvernement. Galvanisé par les sondages de fin de campagne, il n'a pas hésité à se situer dans la lignée des Jean Lesage et de René Lévesque.
L'envie est peut-être légitime mais la prétention est absolument sans fondement. Le chef de l'ADQ n'aura d'ailleurs pas trop de temps s'il veut s'entourer d'une équipe crédible et expérimentée et se donner un programme digne de ce nom, qui s'appuie sur une réflexion plus solide que ce qu'il nous a laissé entrevoir jusqu'à maintenant.
Au Parti québécois, certains militants vont évidemment être tentés de se livrer à une remise en cause du leadership d'André Boisclair.
Cette contestation serait totalement injuste, dans l'immédiat, compte tenu de l'aplomb et de la discipline que ce dernier a démontrés tout au long de la campagne. Il mérite amplement en tout cas les hommages qui lui ont été rendus depuis le débat des chefs.
Le parti souverainiste doit plutôt prendre acte qu'il n'incarne plus, aux yeux des électeurs, le changement et l'espoir. Il y a là beaucoup plus qu'un problème de communication et d'image.
Trop occupé à gérer les tensions et débats provoqués le plus souvent par ses quelques noyaux d'irréductibles, le PQ n'arrive plus à se situer clairement face aux grands défis socio-économiques d'aujourd'hui et de demain.
Quant à son engagement référendaire, martelé comme un lancinant leitmotiv, il agace beaucoup plus qu'il ne rallie. Une forte proportion de souverainistes a déserté le PQ cette année.
Manifestement, ce parti impossible a besoin plus que jamais de tenir enfin une vraie «saison des idées», cette fois en mettant tout sur la table.
Martine Tremblay
Autrefois directrice de cabinet du premier ministre René Lévesque, puis haute fonctionnaire, l'auteure est conseillère spéciale affaires publiques et analyse stratégique chez HKDP

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Autrefois directrice de cabinet du premier ministre René Lévesque, puis haute fonctionnaire, l'auteure est conseillère spéciale affaires publiques et analyse stratégique chez HKDP et membre du conseil du Centre d'études et de recherches internationales.





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