Le manifeste «Brisons l'impasse»
Marco Bélair-Cirino - A la veille d'une assemblée publique, le Nouveau Mouvement pour le Québec (NMQ) fait connaître, dans son premier manifeste, l'esquisse d'un plan pour un Québec indépendant, mais c'est la charge à fond de train qu'il livre contre le Parti québécois (PQ) qui retiendra sans doute l'attention.
Le parti politique dirigé par Pauline Marois «apparaît aujourd'hui usé, confus dans ses interventions et banalisé par le public et les médias à la moindre action qu'il pose», font valoir les auteurs du document coiffé du titre «Brisons l'impasse» dont Le Devoir a obtenu copie hier.
«À force d'étouffer tout ce qui n'entre pas dans ses structures, à force de mener une politique de traque à la dissidence, ce parti "s'autopeluredebananise" lentement. Il fait le vide autour de lui. Et perd des acteurs. Inutile ensuite d'essayer de les ramener en prétendant incarner le changement», peut-on également lire dans le manifeste de huit pages dont l'intégralité est disponible sur le site Internet du Devoir.
Mais les problèmes que connaît aujourd'hui le mouvement indépendantiste «ne tiennent pas seulement à sa direction et à sa militance, ni au véhicule ou à ses stratégies de communication», explique le NMQ, qui a été formé, début juillet, notamment par Jocelyn Desjardins, du bureau de direction de l'association péquiste de la circonscription de Crémazie.
Le mouvement indépendantiste n'est ni plus ni moins qu'un parti institutionnalisé, le PQ — qui prétend être le «seul porteur légitime de la "volonté" du peuple» —, alors qu'il devrait prendre la forme d'un «mouvement social», arguent les auteurs du manifeste, faisant écho aux propos tenus par la députée de Rosemont, Louise Beaudoin, à la suite de sa démission du caucus péquiste. «La souveraineté passe par tous les souverainistes», avait déclaré l'élue indépendante.
Marche vers l'indépendance
Opposé à la «gouvernance souverainiste» défendue par la chef du PQ, Pauline Marois, le NMQ propose, dans ce premier manifeste, une autre démarche pour accéder à l'indépendance du Québec. Il met en avant l'idée de mettre sur pied des «assemblées constituantes» où les Québécois choisiraient «un nouveau régime politique, notre citoyenneté, nos valeurs, nos droits et obligations, nos rapports entre nous et les institutions du Québec — les rapports entre les institutions aussi — aussi bien que notre rapport comme citoyen avec l'État nouveau, avec le Canada, avec le monde».
L'Assemblée nationale du Québec ainsi que la population québécoise — «un peuple québécois adulte et confiant en lui-même» — devraient par la suite décider du sort du «projet». Puis, le Parlement du Québec adopterait une loi constitutionnelle établissant la primauté de la Constitution du Québec «librement décidée» sur celle du Canada «arbitrairement imposée». «C'est l'idée de faire prêter ensuite serment d'allégeance à la Constitution du Québec aux juges et à tous les serviteurs de l'État.»
En plus de repenser la façon de faire la souveraineté du Québec, le NMQ souhaite également susciter des débats de fond sur l'instauration d'un mode de scrutin proportionnel, sur le balisage de la discipline de parti, ainsi que sur la tenue des élections générales à date fixe.
Les fédéralistes québécois doivent se résigner à concéder la défaite puisqu'«ils n'ont jamais obtenu l'accroissement de l'autonomie du Québec à l'intérieur du Canada», estime le NMQ, qui estime que les «vrais gagnants» des référendums de 1980 et de 1995, ce sont les Canadiens hors Québec. «Via un gouvernement fédéral profitant des moments de faiblesse du Québec, ils ont développé le Canada à leur manière», dénoncent les auteurs.
Le manifeste ne manque pas d'écorcher la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ), dirigée par François Legault. L'ancien ministre péquiste presse les Québécois de se doter d'«une économie de propriétaires, et non de succursales», mais refuse obstinément de rouvrir le débat constitutionnel, rappelle le NMQ. «Or, seule l'indépendance nous rend propriétaires. Elle seule nous offre une prise de pouvoir de tous les centres décisionnels qui sont à Ottawa. Des entreprises qui s'installent au Québec et qui ne quittent plus pour Toronto. Des prises de position à l'OMC, sur la question des places boursières, des banques, de la crise financière, de l'environnement, de la mondialisation.»
«Qu'il soit proposé de façon claire par François Legault ou en sourdine par le Parti libéral du Québec (PLQ), le statu quo est synonyme de recul perpétuel pour l'autonomie du Québec», résume le NMQ.
Le NMQ convie les indépendantistes «dispersés, mais actifs» à prendre part à une assemblée politique, ce dimanche, à l'auditorium du Cégep Saint-Laurent de Montréal. Ils y débattront évidemment des idées défendues dans ce premier manifeste.
La députée de Crémazie, Lisette Lapointe, qui a lu l'ébauche du manifeste, a déjà confirmé sa présence, à l'instar du député de Nicolet-Yamaska, Jean-Martin Aussant. Louise Beaudoin ne sera pas présente, bien qu'elle appuie la création du NMQ.
«Nous, citoyens du Québec, nous proposerons une vision d'avenir pour nous-mêmes. Une vision de notre développement, du rôle que nous pouvons jouer dans le monde, des atouts que nous devons développer pour asseoir notre cohésion, notre progrès et notre développement. Au fond, la seule chose qu'on puisse faire de nous-mêmes, c'est l'indépendance. C'est à nous de rendre ce projet plus audacieux que maintenant. À nous de l'adapter au Québec d'aujourd'hui», concluent les auteurs du manifeste.
Le PQ «fait le vide autour de lui»
Dans son premier manifeste, le Nouveau Mouvement pour le Québec charge le parti de Pauline Marois
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