(MATANE) « Il n’y avait pas besoin de mot d’ordre : c’était une évidence. » À la veille du déclenchement de la campagne fédérale, le chef intérimaire du Parti québécois, Pascal Bérubé, ne cache pas que la machine péquiste s’activera, et ce, partout au Québec, pour être au service du Bloc québécois d’ici le scrutin général du 21 octobre.
« C’est à l’échelle du Québec et c’est très clair : le Parti québécois va s’engager avec le Bloc québécois », a affirmé sans détour le député péquiste de Matane-Matapédia, rencontré hier dans un café de Matane, en compagnie de la candidate bloquiste du secteur, Kristina Michaud.
Mme Michaud, qui vient tout juste de quitter ses fonctions de conseillère politique au bureau de M. Bérubé pour faire campagne, briguera les suffrages dans la circonscription fédérale d’Avignon–La Mitis–Matane–Matapédia, aujourd’hui détenue par le libéral Rémi Massé. La jeune femme de 26 ans est originaire d’Amqui.
Pascal Bérubé affirme que « les membres des exécutifs de partout au Québec » et « plusieurs organisateurs de campagne » seront mis à contribution dans les prochaines semaines dans l’espoir de faire augmenter la députation bloquiste à Ottawa. « On invite même nos membres à financer le Bloc québécois et à s’engager dans la campagne », dit-il.
Même si le Parti québécois se pose en allié naturel de la formation politique, M. Bérubé admet que l’arrivée du nouveau chef, Yves-François Blanchet, a contribué « puissamment » à la motivation des forces péquistes de soutenir le Bloc québécois. Lui et M. Blanchet se parlent d’ailleurs « presque tous les jours ».
Ce n’est pas un secret pour personne. Il y a toujours eu une belle amitié entre le Bloc et les militants du Parti québécois. Plusieurs d’entre eux s’impliquent ardemment au sein de notre formation politique.
Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois, dans une déclaration transmise à La Presse, hier
Appui sur le terrain
« Pour ma part, Pascal Bérubé est un ami de longue date et son soutien est plus qu’apprécié », a-t-il ajouté. Le Bloc québécois a d’ailleurs l’intention de ne se priver d’aucun appui, alors que l’ex-chef de la formation, Gilles Duceppe, prête main-forte sur le terrain, notamment dans Lac-Saint-Jean, où son fils, Alexis Brunelle-Duceppe, est candidat.
L’ancien chef du Parti québécois Pierre Karl Péladeau était également du dernier grand rassemblement du Bloc québécois, dimanche, aux côtés de MM. Blanchet et Duceppe. Pascal Bérubé défend à ce sujet l’idée que ces ex-leaders viennent à la rescousse du Bloc québécois, qui a connu des mois de tumulte dans la foulée du départ de l’ex-chef Martine Ouellet.
« On est des gens de conviction, alors chaque rendez-vous est important. Et [celui du 21 octobre] en est un important pour le mouvement indépendantiste », soutient M. Bérubé, qui rappelle avoir toujours fait campagne pour le Bloc depuis qu’il est député élu à l’Assemblée nationale. « On va faire tout ce qu’on peut et je suis convaincu que le Bloc québécois va améliorer son nombre de sièges au Québec », a-t-il poursuivi.
Le chef intérimaire du PQ prévoit d’ailleurs un « retour en force » de la formation politique sur la scène fédérale. Yves-François Blanchet a déjà affirmé qu’il espérait faire élire un « plancher » de 20 candidats au Québec. Le Bloc québécois compte 49 candidats confirmés jusqu’à présent sur 78 circonscriptions.
Lutte serrée entre libéraux et conservateurs, selon un sondage
Le Parti libéral du Canada gagne du terrain, selon un sondage de l’institut Angus Reid. L’épisode SNC-Lavalin ne semble pas avoir coûté un trop grand nombre d’appuis aux libéraux, qui profitent d’une timide avancée, avec 32 % des intentions de vote au Canada. Ce score les rapproche de leurs rivaux conservateurs, qui restent en tête. Ainsi, 36 % des Canadiens miseraient sur le parti d’Andrew Scheer en octobre prochain, selon les résultats du sondage paru hier. C’est au Québec que la tendance est la plus favorable aux libéraux : environ 4 Québécois sur 10 (38 %) prévoient soutenir le parti de M. Trudeau. C’est presque le double des intentions de vote pour les conservateurs d’Andrew Scheer (20 %). Le Bloc québécois récolte quant à lui 17 % des intentions de vote dans la province. L’image du premier ministre Justin Trudeau demeure plus difficile à redorer que celle de son parti. Seulement 31 % des Canadiens affirment avoir une opinion favorable du leader libéral, alors qu’Andrew Scheer le devance avec 38 %. Les conservateurs gagnent également la course de la rétention de vote : 85 % des électeurs ayant soutenu le parti en 2015 ont l’intention de le refaire aux prochaines élections. On remarque une légère augmentation chez les libéraux, avec 64 %. — Mayssa Ferah, La Presse