Cette semaine le candidat caquiste Ian Lafrenière nous apprenait que des politiciens pouvaient influencer des hauts gradés de la police. Quelle surprise! Nous les citoyens nous n'aurions jamais pu soupçonner une telle chose.
En fait, si nous y regardons de plus près, tout est politique. Dans toutes les sphères de notre société, la politique s'immisce et ceci est particulièrement vrai dans le domaine de la sécurité publique, un domaine qui, de par sa fonction, devrait être cloisonné.
Politique, justice et police: trois institutions qui ne devraient pas être interconnectées, mais qui le sont régulièrement de par les nominations politiques.
Au-delà des belles phrases sur le cloisonnement entre le politique et sa police, le grenouillage existait, existe et existera encore.
Les gouvernements changent, et changent aussi les directeurs de police. Les maires changent et il est fréquent que le directeur de police prenne la même direction. N'oubliez jamais qu'un directeur de police est nommé par le politique et lui est donc redevable. Au-delà des belles phrases sur le cloisonnement entre le politique et sa police, le grenouillage existait, existe et existera encore.
Au SPVM, lors des changements de garde, nous savions au moins six mois à l'avance qui serait le nouveau directeur. Nous l'avions vu lentement installer ses pions et, comme les paons, se pavaner auprès des politiques et des journalistes. Quelques belles apparitions ici et là lors d'événements majeurs, quelques poignées de mains, quelques bons mots. Ici, dans cette classe à part, les connaissances transversales sont: qui connais-tu?
Le mot caractère... Voilà ce qu'ils ne devaient pas posséder, car dire non au politique, c'est aussi le défier.
Il y aura eu des hommes de terrain, des meneurs d'hommes, des gens de caractère et diplômés qui auraient fait de bons directeurs. Le mot caractère... Voilà ce qu'ils ne devaient pas posséder, car dire non au politique, c'est aussi le défier. Alors, les directeurs sont formés dans un moule politiquement correct, donc les têtes dures sont vouées à la disparition lors du parcours.
«Il faut savoir vendre sa salade» ou «Ne pas mordre la main qui te nourrit». Ces phrases toutes faites, je l'ai tellement entendue de la part des officiers arrivistes, que j'en suis encore malade aujourd'hui.
Il en est de même dans tous les autres corps de police, dans les années 50-60, à l'époque héroïque, quand Duplessis était au pouvoir, la police politique battait son plein. Puis, les libéraux prirent le pôle et délogèrent le directeur et un tas de policiers de son entourage. Il en fut de même au changement de garde et aux autres changements de garde. Quelques directeurs s'en tirèrent quand même bien, ceux que j'ai toujours qualifiés de caméléons. Des gens peu dangereux pour le politique et s'accommodant bien de tous ces changements.
L'idée, avancée récemment, de faire voter au deux tiers de l'Assemblée nationale la nomination d'un directeur de police, semble intéressante.
L'idée, avancée récemment, de faire voter au deux tiers de l'Assemblée nationale la nomination d'un directeur de police, semble intéressante. Pourrions-nous l'étendre aux villes? Fini les comités bidon et les nominations arbitraires. Mais encore là, le politique y sera quand même toujours présent.
Si le directeur sélectionné n'est pas au goût du politique, il n'aura pas la vie facile.
Les services de sécurité publique ont, et auront toujours, à obéir au politique dans un but de protéger l'intérêt public, mais si le directeur sélectionné n'est pas au goût du politique, il n'aura pas la vie facile. C'est quand même le politique qui détient les cordons de la bourse et faire mal paraître quelqu'un est assez facile.
Je n'ai malheureusement pas de recette miracle, Ian Lafrenière aura juste décrit ce qui existe depuis des lustres. Le hic, c'est qu'en tant que commandant, il faisait partie de cette direction formatée et docile.