Le Parti libéral est devenu un «tiers parti» chez les francophones et a terminé derrière Québec solidaire dans 43 circonscriptions lors de l’élection historique de lundi.
«Ça en dit long. Québec solidaire est un parti émergent qui avait, avant la campagne électorale, autour de 8 % d’appuis. De se retrouver derrière eux dans un si grand nombre de comtés, ça en dit long», dit Jean-Herman Guay, politologue et professeur à l’Université de Sherbrooke.
Le PLQ a subi l’une de ses pires dégelées électorales de ses 150 ans d’histoire. Il a disparu de l’Abitibi, de la Mauricie, de l’Estrie et des Laurentides. Il ne lui reste que 3 circonscriptions sur 22 en Montérégie. À Québec, il n’a qu’un seul représentant.
Mais le petit nombre de députés ne dit pas tout. Le recul des appuis du PLQ dans les comtés où il a perdu est frappant.
Glissade
Il a terminé bon quatrième à 33 reprises. Dans Rouyn-Noranda-Témiscamingue, le ministre sortant de la Faune, Luc Blanchette, a subi ce triste sort.
«C’est un tiers parti dans les comtés francophones», note le politologue Éric Montigny, professeur à l’Université Laval. Les données compilées par Le Journal sont selon lui «frappantes et parlantes».
Jean-Herman Guay en rajoute. «Chez les francophones, c’est relativement clair qu’ils sont un tiers parti. C’est un désastre», dit-il.
À 16 reprises, le PLQ a fini troisième. Dans Granby, Arthabaska ou Drummond-Bois-Francs, c’est QS qui a terminé sur la deuxième marche du podium.
Cette mauvaise performance aura des conséquences financières. Dans 39 comtés, les libéraux n’ont «pas fait leur dépôt», c’est-à-dire qu’ils ont récolté moins de 15 % d’appuis.
Ils n’auront pas droit à un remboursement de 50 % de leurs dépenses électorales.
Fin de la question référendaire
C’est sans compter le financement étatique, basé sur le nombre de votes reçus. Entre 2014 et 2018, le PLQ a perdu près de 800 000 voix.
«Le calcul préliminaire, c’est qu’ils vont perdre 1,6 M$ par année. Ils recevaient auparavant 3,9 M$ par année», dit le professeur Montigny.
Cet affaissement démontre, selon M. Montigny, que le PLQ est en «crise» et qu’il y a eu un réalignement. «C’est pas juste une question d’usure, il y a eu un changement structurel», note-t-il.
Par exemple, dans Papineau, une circonscription de l’Outaouais rouge depuis 1981, le député libéral Alexandre Iracà a été écrasé par le caquiste Mathieu Lacombe, qui a obtenu une majorité de 8600 voix.
«C’est un éclatement du nivelage oui-non référendaire. Ce ne sont plus les mêmes lignes de fractures. Elles sont maintenant linguistiques, entre la gauche et la droite, entre le multiculturalisme et le nationalisme, par exemple», a-t-il dit
LE PARTI LIBÉRAL DU QUÉBEC EN CHUTE LIBRE
- 4e dans 33 circonscriptions
- 3e dans 16 circonscriptions
- 43 circonscriptions où il a terminé derrière Québec solidaire
- 39 circonscriptions où il a eu moins de 15% des voix
- Balayé dans 6 régions :
Abitibi
Estrie
Bas-Saint-Laurent
Chaudière-Appalaches
Centre-du-Québec
Laurentides
- Un seul député à Québec
- Pire résultat : 5 % dans Rousseau (Rive-Nord de Montréal)
En rouge, les 32 circonscriptions gagnées par le Parti libéral du Québec (sur 125). Elles sont surtout présentes sur l’île de Montréal, que l’on voit en gros plan ci-haut.