Le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Pierre Arcand, un homme qui nous a habitués à une discrétion modeste tout au cours de sa carrière de ministre, parle désormais plus ouvertement. Plus brutalement aussi et avec une assurance presque cassante.
Le chef intérimaire semble une copie conforme de Philippe Couillard, l’anti-nationaliste. Pierre Arcand ne vibre pas au nationalisme politique et culturel. Il parle plutôt de nationalisme économique.
Quant au président du parti, Antoine Atallah, il croit, comme l’a rapporté hier ma consœur Fatima Houda-Pepin, que le nationalisme québécois n’est qu’une « étiquette ». Belle façon d’effacer l’histoire ! Monsieur Atallah s’apprêterait à retirer la devise du Québec, « Je me souviens » qu’on ne serait pas surpris.
Quant à d’autres candidats réélus, comme André Fortin, qui a l’ambition d’accéder à la chefferie, ils sont engoncés dans la conviction que le nationalisme appartient à une époque révolue lorsqu’il n’est pas l’expression d’un rejet par les francophones des Québécois d’autres origines.
Identité québécoise
Seule l’ex-ministre Hélène David, psychologue de formation, semble saisir la dimension politique, mais aussi psychologique du nationalisme à défaut duquel les Québécois perdraient leurs racines, donc leur identité propre en Amérique du Nord.
Après les résultats catastrophiques du PLQ à l’élection du 1er octobre, qui s’est transformée en une défaite historique, l’on est renversé, voire ahuri de constater que la direction actuelle du parti manifeste une telle inconscience.
Le parti qui fut le moteur de tant de réussites collectives, qui a permis aux Québécois francophones de croire au progrès, est dorénavant un parti hors jeu.
Le PLQ s’est ghettoïsé et ne peut plus parler en toute légitimité au nom de la majorité des Québécois francophones dont 17 % seulement ont appuyé le parti.
Déni
Comment comprendre que Pierre Arcand et son entourage soient dans un tel déni ? Que l’aveuglement les rende à ce point insensibles au tsunami politique qui s’est abattu sur eux ?
Faut-il conclure que la direction du parti et bon nombre de membres ne comprennent pas le rejet violent qu’ont exprimé les électeurs francophones à leur endroit ? Que ces derniers en avaient assez d’être considérés comme des intolérants face aux immigrants, comme des racistes dès qu’ils tentaient d’exprimer un malaise quant aux demandes d’accommodements de la part de communautés culturelles et religieuses dont les porte-parole tonitruaient dans les médias et sur les réseaux sociaux ?
Les libéraux qui croient à la mort du nationalisme québécois estiment sans doute qu’ils sont les dépositaires de la vérité telle que décrite par Justin Trudeau, le premier premier ministre du Canada postnational dont il vante l’existence à la face de la planète entière.
Les fossoyeurs du nationalisme progressiste québécois se croient investis d’une mission salvatrice, à savoir celle d’émasculer l’identité québécoise historique. Ils croient à la mort de la nation et nous renvoient comme l’ex-ministre André Fortin à un repli dans la région. Exit l’identité nationale. Vive l’identité régionale ! Et pourquoi pas aussi celle du village, du rang ou du quartier ?
Avec une pareille vision, le PLQ est en train de créer les conditions de sa propre disparition.