Le PLQ délaissé

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« Celui qui gouverne doit démontrer sans compromis sa fidélité première au Québec. »


Un parti montréalais avec une tache rouge le long de la frontière ontarienne. Voilà ce qui reste aujourd’hui du PLQ sur la carte du Québec. Un parti sorti du décor dans tout le Québec francophone. Un scénario impensable il y a quelques années. 


Les libéraux avaient beau l’avoir vu venir et s’y être préparés psychologiquement, la défaite dans Jean-Talon a frappé comme un coup de massue. Le dernier rempart, le château fort rouge dans la capitale, qui capitule. La bataille n’aura pas vraiment été serrée : le PLQ a été balayé. 


En fait, le PLQ s’est surtout battu avec Québec solidaire pour éviter de glisser au troisième rang. Cette humiliation suprême a été évitée notamment par Gertrude Bourdon qui a fait un bon travail, faisant taire plusieurs sceptiques. En fait, le Parti libéral a fait une assez bonne campagne, dynamique et positive. Sauf qu’une part importante de l’électorat a tout simplement tourné le dos à ce parti.  


Par malheur pour eux, les deux circonscriptions de l’Est-du-Québec où les libéraux avaient sauvé les meubles l’an dernier étaient Roberval et Jean-Talon. Les élus Philippe Couillard et Sébastien Proulx ont tous deux quitté le navire. Malchance ? Dans les deux cas, la CAQ a remporté l’élection complémentaire.   


Le nationalisme oublié 


Chose certaine, le portrait d’ensemble est loin d’être une malchance. Il s’agit d’une leçon politique fondamentale. Le Québec est une nation, une minorité, en plus. Celui qui gouverne doit démontrer sans compromis sa fidélité première au Québec. C’est un rappel que l’ancien premier ministre libéral Robert Bourassa faisait régulièrement.   


Qu’un parti soit fédéraliste ou souverainiste, son action et ses décisions doivent s’appuyer sur une loyauté indéfectible au Québec. Le Parti libéral du Québec l’a oublié dans la dernière décennie. Le français, la place du Québec dans le Canada, les suites à Bouchard-Taylor, l’intégration des immigrants, les libéraux n’ont pas été au diapason des Québécois. Ils payent aujourd’hui un prix terrible.   


Sans vouloir tourner le fer dans la plaie, Jean-Talon doit encore être regardée comme l’une des circonscriptions les plus libérales du Québec francophone. Autrement dit, dans bien d’autres comtés, si une partielle s’était tenue cette semaine, le PLQ aurait obtenu des 10 % et des 15 %. Bien moins encore que les 23 % de Jean-Talon. 


Retour miracle ? 


Les libéraux qui s’appuient sur la combinaison miracle de l’arrivée d’un nouveau chef et des gaffes de la CAQ pour reprendre le pouvoir ont un doigt profondément rentré dans l’œil. Une rupture aussi profonde avec l’électorat francophone requiert des gestes forts, des démonstrations puissantes, une profession de foi renouvelée envers les aspirations nationalistes du peuple québécois. 


Ceux qui rêvent de diriger le PLQ ne semblent pas prendre la pleine mesure de la tâche. Rappel : en assurant la défense du français, Robert Bourassa a vécu des tensions internes dans son parti, au point où le PLQ a perdu quatre circonscriptions anglophones aux mains du Equality Party. Il a été réélu avec des sièges dans toutes les régions. 





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