Vos multitudes d'interventions publiques à l'égard des Québécois, que vous accusez incessamment de tous les maux, sont moralistes et de plus en plus irritantes. Votre plus récente intervention, celle où vous incitez les Québécois à resserrer des liens avec les Canadiens anglais, en fait témoin...
Est-ce la réponse que vous faites aux propos xénophobes et franchement antiquébécois de la journaliste Jan Wong du Globe and Mail? Êtes-vous en train de nous dire, Madame Jean, que si les Québécois se font insulter tous les deux mois par les columnists anglocanadian, c'est de leur faute? Êtes-vous en train de nous dire de nous lier d'amitié avec ceux qui nous insultent et nous haïssent? Quelle bonne idée: je me rends dès demain à Toronto pour remercier madame Wong en personne de sa gentillesse à l'égard de notre peuple.
Nous venons d'être insultés publiquement par une éditorialiste canadienne-anglaise méprisante. De surcroît, le Globe, son employeur, ne daigne même pas s'excuser. Au contraire, il en rajoute presque avec une lettre écrite en langue de bois avec plein d'explications vagues et ambiguës. Et vous, vous nous suggérez d'aller «créer des liens» avec ceux qui nous méprisent profondément? Mais... quelle bonne idée! Pourquoi n'y avons nous pas pensé avant?!
À eux le premier pas
Félicitations pour vos bons efforts pour «rapprocher les deux solitudes», mais, malheureusement, je ne présenterai pas l'autre joue pour recevoir la deuxième gifle de la journaliste Wong. Je ne crois pas en votre rhétorique ni en vos idéaux. Je ne crois pas au Canada que vous vantez: il n'existe pas. Il n'existe que dans l'imagination de quelques Trudeauistes: sur le terrain, c'est une tout autre histoire. Et s'il y a quelqu'un qui a du chemin à faire, dans les circonstances, pour effectuer un rapprochement des deux peuples fondateurs de ce pays, je crois que ce serait plutôt aux Canadiens anglais à le faire. Non?
À propos, on n'a pas vu grand English Canadian rétorquer quoi que ce soit à ce sujet. On n'a pas vu grand English Canadian condamner cette journaliste et défendre les Québécois. Personne n'a levé le petit doigt au Canada anglais pour la ramener à l'ordre. Mais pourquoi donc? Eh bien, parce qu'ils sont tout à fait d'accord avec ses propos qui reflètent ce que la majorité des anglophones pense des Québécois.
Bof... il y a bien eu Stephen Harper qui a écrit une lettre de protestation pour essayer de nous impressionner. Mais lui, il a besoin des Québécois pour se faire réélire, ce qui est loin de lui être acquis (mais ça, c'est une autre histoire).
J'attends toujours les excuses des Anglais! Mais elles ne viendront jamais. Alors, je tourne le dos au Canada anglais et m'ouvre à la planète entière qui, elle, est toute prête à m'accueillir à bras ouverts, contrairement aux Canadians qui cassent sans cesse du sucre sur le dos des Québécois.
François Tessier : Réalisateur-producteur québécois
Lettre ouverte à la gouverneure générale, Michaëlle Jean
Le pays imaginaire - Le Canada de l'imagination
Par François Tessier
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