C’est sous le signe de l’arrogance et du triomphalisme que Philippe Couillard se réjouissait du «cadeau» que représentait à ses yeux la «radicalisation» des candidat(e)s à la direction du Parti québécois sur l’enjeu de la souveraineté. Il faut dire que la recette a été payante pour Couillard lors de la dernière élection, alors qu’il a piloté une campagne de peur digne de la décennie 1970.
Si Couillard agite avec une telle mauvaise foi l’épouvantail référendaire, c’est que le flou péquiste en la matière est toujours palpable. Les souverainistes auront beau tenter d’éclipser ce qu’ils sont, leurs adversaires seront toujours les premiers en ligne pour le leur rappeler. Il paraît bien étrange que les souverainistes préfèrent que l’élection porte sur l’indépendance à leur insu plutôt qu’à leur initiative...
La présente course à la direction du PQ témoigne encore de l’éternel concours de calendriers entre «pressés», «moins pressés» et «pas pressés», le tout se déroulant entre les bornes de la stratégie péquiste classique. Celle-ci confond le moyen et l’objectif, faisant du référendum une sorte d’horizon tantôt lointain, tantôt obsessionnel, variant en fonction de l’état de l’opinion publique. Comme si l’indépendance était davantage une affaire de ferveur spontanée qu’un processus politique.
La souveraineté n’est plus que question de momentum, de calendrier et d’humeur populaire. Le débat porte ainsi sur la date à encadrer, celle où il sera possible d’enregistrer assez d’appuis pour déboucher sur le «Grand Soir» tant rêvé. Le fantasme du pays imaginaire a très rapidement détourné la population, qui s’intéresse – avec raison – avant tout à sa situation. Les beaux discours ne seront jamais aussi efficaces que la démonstration par les actes. Or, cette action, les souverainistes l’ont toujours située à l’intérieur des limites de la politique provinciale.
Séparation mentale
D’élection en élection, les souverainistes transformaient la signification du scrutin en choix du «meilleur gouvernement», que ce soit le moins corrompu, celui qui s’occupe le mieux des hôpitaux, des écoles ou celui qui crée le plus d’emplois, sans jamais faire le lien entre les enjeux quotidiens et le statut de la nation québécoise. Leur projet fondamental, ils le remettaient constamment à la consultation référendaire future pendant qu’ils administraient, qu’ils géraient à la petite semaine.
En scindant l’exercice du pouvoir de la construction du pays réel, une séparation mentale s’est opérée entre les «vraies affaires» et le projet d’indépendance. La gouvernance provinciale exercée par des indépendantistes révèle en elle-même une incohérence. Celle-ci n’a fait qu’accréditer le système avec lequel les souverainistes – par définition – cherchent à rompre.
Vieux réflexes
Tant que les souverainistes ne seront pas sortis de leurs vieux réflexes, leur victoire restera impensable. Espérons que ce verdict froid soit enfin au centre de la course à la direction du Parti québécois.
Que pensez-vous de la façon dont le PQ encadre le projet de souveraineté?
Simon-Pierre Savard-Tremblay, auteur du livre « Le Souverainisme de province », éditions du Boréal, 2014. L’auteur commente la course à la direction du Parti québécois à l’émission Lemieux, c’est le matin, sur les ondes de Radio 9.
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