Mme Marois, qui a été «couronnée» hier soir chef du PQ devant 800 militants entassés dans le Capitole de Québec, a sonné la fin «des débats en vase clos», entre membres du parti, quitte à faire patienter la souveraineté. «Nous prendrons le temps qu'il faut pour faire progresser cette idée de pays, pour qu'elle devienne celle d'une grande majorité d'entre nous», a lancé Mme Marois à une foule enthousiaste.
Celle qui est devenue le septième chef du parti fondé par René Lévesque s'exprimait ainsi trois mois seulement après la débâcle électorale du 26 mars. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le discours péquiste a considérablement changé.
Son prédécesseur, André Boisclair, s'était présenté devant l'électorat avec un programme adopté avant son accession à la tête du parti. Ce programme promettait un référendum sur la souveraineté le plus tôt possible à l'intérieur d'un éventuel premier mandat. Ce ne sera pas le programme de Pauline Marois.
C'est le poète Gilles Vigneault qui a présenté le nouveau chef du PQ à la foule: «Je sais depuis le début de l'exercice que je n'y échapperai pas», a-t-il prévenu. Avant d'entonner Gens du pays: «Ma chère Pauline, c'est votre tour»
Il avait été précédé du chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, qui a insisté sur la nécessité de réexpliquer le projet souverainiste. «La souveraineté, a-t-il lancé, n'a jamais été aussi nécessaire et aussi faisable qu'aujourd'hui.»
M. Duceppe, on s'en souvient, s'était rapidement désisté, après la démission d'André Boisclair, d'une course au leadership qui n'a finalement pas eu lieu, Mme Marois n'ayant pas d'adversaire.
Avant lui, le chef intérimaire du PQ, François Gendron, avait lancé un appel à la discipline des troupes péquistes, qui ont la fâcheuse habitude de dévorer leurs chefs. «Pour le temps qu'il me reste, a dit M. Gendron, qui a 62 ans et qui siège sans interruption depuis 1976 à l'Assemblée nationale, je ne veux pas d'autre chef. Y a-t-y moyen d'être plus rigoureux? Y a-t-y moyen d'avoir une meilleure discipline collective?»
Lui aussi a insisté sur la nécessité de se «rebrancher sur la population». «Il faut arrêter de penser que nous possédons toute la vérité, il faut prendre le temps d'écouter les gens.»
Cette invitation a été accueillie par des applaudissements nourris.
Les anciens chefs du PQ avaient été invités au couronnement de celle dont on a dit hier qu'elle serait «la première femme à prendre la direction du PQ avant de prendre la direction du pays». Seul Jacques Parizeau était présent, et il a été longuement acclamé par les militants.
André Boisclair était absent, comme il l'a été de la vie politique québécoise depuis sa démission, le 8 mai dernier. Mais François Gendron a toutefois tenu à le remercier pour sa «contribution exceptionnelle», disant qu'il avait «donné le meilleur de lui-même» et qu'il ne méritait pas «l'entièreté de la défaite».
Dans son discours, Mme Marois a également répété son intention de revoir la conception péquiste de la social-démocratie. «Cessons d'avoir peur! Peur d'être lucides! Peur d'être solidaires! Peur des mots! Peur d'avoir l'air intolérants! Peur de faire les choses autrement! Peur de la richesse () Ce n'est pas parce que nous parlons de richesse que nous abandonnerons les exclus. Et nous créerons cette richesse dans une perspective de développement durable. Ce n'est pas parce que nous parlons de valeurs individuelles que nous abandonnons les valeurs communes.»
Ce moment, Pauline Marois l'attendait depuis des décennies, étant entrée au PQ en 1976 et ayant été pour la première fois candidate au leadership en 1985. Elle avait été battue par Pierre Marc Johnson. Vingt ans plus tard, en 2005, les militants péquistes lui avaient préféré André Boisclair.
En 30 ans, elle a dirigé les ministères les plus importants: Éducation, Santé, Finances.
Depuis hier, elle dirige le PQ.
«Le Parti québécois doit changer»
Le message de Pauline Marois a été on ne peut plus clair: «Le Québec a changé depuis 40 ans, il faut que le Parti québécois change aussi.»
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