Pas ici, mais en Écosse. Quoique, même ici, on dirait que ça bouge. Peut-être les Écossais se sont-ils rendu compte qu’ils étaient en train de se faire avoir comme nous à deux reprises. Le film écossais en est un dans lequel nous avons joué au Québec, génération après génération, depuis un bon moment et sans un succès assez éclatant pour en arriver à une finale heureuse pour tous. C’est pourquoi quand j’ai su que l’Écosse allait faire une reprise sur le même thème, je me suis appliquée à suivre l’événement avec attention pour voir s’ils feraient mieux que nous. Il reste six jours avant le référendum et le Oui est en avance.
Moi, je porte mon t-shirt écossais avec un gros « independance » écrit en anglais et en lettres bleues dessus (un cadeau de ma fille) et je joue à être aussi Écossaise que la reine d’Angleterre qui a quand même pris la peine de dire cette semaine qu’elle ne voulait pas influencer le vote en Écosse. Un bel exemple à suivre pour le Canada, les Canadiens et leurs dirigeants en ce qui concerne le Québec. Bien sûr, même en Écosse, le Non a été en avance pendant plusieurs semaines. Là comme ici, ça a commencé tout doucement, puis, forcément, le ton a monté. Et n’importe quel Québécois aurait reconnu des slogans, des menaces de toutes sortes pour faire peur, des promesses de changement qui ne seront jamais tenues, comme chez nous. Les Écossais étaient hésitants comme nous l’avons été à deux reprises.
Un jour, fascinée par les ressemblances, je me suis même demandé QUI le gouvernement d’Ottawa avait délégué comme conseiller en Écosse pour lui servir pratiquement tout le matériel qui avait été utilisé ici et qui leur avait permis de remporter les deux appels au peuple au sujet de la souveraineté du Québec.
Je n’aurais pas été surprise, par exemple, d’apprendre que Stéphane Dion dirigeait les troupes du Non ; pas plus que d’apprendre que tous les grands conseillers de Pierre Trudeau passaient leurs vacances en Écosse cette année. Les mots qu’utilisaient les tenants du Non m’étaient tellement familiers que j’étais parfois mal à l’aise en les lisant. C’était comme revivre un cauchemar. On ne leur a pas fait le coup de la Brinks, mais on a dit aux Écossais qu’ils ne pourraient pas se joindre à l’Union européenne s’ils devenaient un pays souverain. Rien de moins.
Les vedettes ont été largement sollicitées en appui au Non. Et puis, plus récemment, les chiffres des sondages ont commencé à bouger en faveur du Oui. Je me garderai bien de vous dire que c’est gagné. Je dirai juste qu’il y a de l’espoir même s’il est évident que les derniers grands coups n’ont pas été portés. Il reste quelques jours durant lesquels le premier ministre anglais ne manquera aucune occasion d’essayer de reprendre du terrain. Il a déjà promis plus d’autonomie à l’Écosse, à condition qu’elle vote « non » et qu’elle se tienne tranquille. Ça vous rappelle peut-être quelque chose ?
Vous ne pouvez certainement pas avoir oublié la grande promesse de Pierre Trudeau, devant une foule enthousiaste, au sujet des changements qu’il entreprendrait pour le mieux-être des Québécois dès que le Non aurait été déclaré vainqueur. Il était même allé jusqu’à dire qu’il mettait son siège en jeu sur cette promesse… c’était en 1980. Puis, en 1995, Jean Charest est arrivé en renfort avec le titre de Capitaine Canada… Le Non a gagné les deux fois. Ils y ont mis le paquet, comme les British le font en ce moment avec un autre peuple qui a soif de liberté.
Comment ça se terminera en Écosse le 18 septembre ? Je n’en sais rien. Je suis portée à penser que les méthodes utilisées pour dissuader les citoyens donneront le même résultat qu’ici. La peur finit par paralyser les gens de bonne volonté qui n’arrivent plus à choisir l’audace au lieu du défi qui leur est offert.
Chez nous, on a en ce moment un premier ministre qui frétille du stylo pour ajouter son nom à la liste des Pères de la Confédération, responsables de cette union qui nous brime depuis 150 ans bientôt et qui nous oblige à brûler nos forces vives pour survivre. Tous les chefs de gouvernement du Québec, de tous les partis, ont refusé de signer la nouvelle Constitution qu’on nous a imposée sans notre accord. Ottawa va se servir du 150e anniversaire si cher à M. Harper pour nous forcer la main. Il ne faut pas les laisser faire. Il se pourrait que les Écossais nous montrent la route. Puis il y a les Catalans, déjà en piste pour réclamer leur indépendance. Rester, sur le bord de la route, à regarder les autres nations foncer vers leur avenir. Ce n’est pas une solution pour le Québec, car la mer anglophone va finir par nous engloutir. Ce serait dommage. C’est pourtant juste une question de temps.
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