Tarzan contre Goliath

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Un spectacle désolant

David contre Goliath, c’était durant le printemps érable. La deuxième période se joue en ce moment entre Tarzan et Goliath. Les deux armées sont face à face, le ton monte et le spectacle est désolant. Il est temps de coucher les enfants pour qu’ils ne voient pas comment le sens de la justice est fragile et que ce qui se passe parfois à leur garderie devient souvent un jeu d’adultes, qui, eux, devraient donner l’exemple.

Goliath, le gouvernement, clame que sa solution est la seule possible. Le pouvoir ne se trompe jamais, affirme-t-on de ce côté, sans rire. Tarzan, lui, affirme avoir trouvé d’autres moyens pour sauver le bateau en évitant des pertes douloureuses. On est au bord du précipice, mais tout le monde parle dans le vide.

J’ai la fâcheuse impression que le gouvernement Couillard est en train de commettre avec les policiers, les pompiers et tous les autres travailleurs concernés, la même erreur que celle qu’avait commise le gouvernement Charest avec les étudiants. Il est évident maintenant que la meilleure solution aurait été de chercher honnêtement un terrain d’entente avec les étudiants en leur proposant un échéancier qui aurait peut-être été acceptable par toutes les parties. S’engager vers la gratuité scolaire dans un avenir prévisible, avec franchise, respect et en reconnaissant que l’éducation est la clé de l’avancement d’un peuple, ça aurait aidé.

On a encore choisi la bonne vieille méthode d’un gouvernement sûr de lui et on a laissé les travailleurs crier sur les toits. On sait qu’ils ne veulent pas d’une commission dont ils sont convaincus qu’elle est bidon. Ils ne veulent pas de la loi 3. Ils répètent depuis des semaines qu’ils sont prêts à s’asseoir pour discuter d’une solution qui ferait le moins mal possible aux deux parties. Les entendez-vous, vous du gouvernement ? Ils vous tendent la main et vous ne la prenez pas ? La leçon donnée par les étudiants ne vous a donc servi à rien ?

Des travailleurs qui estiment avoir honoré leurs engagements se retrouvent devant un mauvais sort qu’ils n’avaient pas vu venir. Jusqu’où sont-ils prêts à aller pour récupérer le maximum de ce qu’on leur avait déjà promis ? Ces débats ne peuvent pas se faire dans les journaux. Il faut réunir des gens de bonne volonté représentant les deux parties, voir quelle est la marge de manoeuvre possible et aller aussi loin qu’on peut sans laisser de profondes cicatrices qui marqueront la relation pour toujours.

Il ne sert à rien pour monsieur Couillard ou le ministre Moreau de prendre un air méchant pour dire qu’ils ne reculeront sur rien. Ils vont rentrer dans un mur, tout simplement. C’est pourquoi il est sans doute bon de rappeler aux élus que la démocratie, ce n’est pas seulement une élection tous les quatre ans. C’est beaucoup plus que ça !

Vous vous dites sans doute que les pompiers, les policiers et tous les autres n’oseront pas aller plus loin que la manifestation qu’ils ont infligée à l’hôtel de ville de Montréal, déployant sans retenue la colère qui les habite. Ils sont très conscients de ne pas avoir toute la population de leur côté, ne serait-ce qu’à cause de leur propre violence contre les étudiants dans les rues de Montréal, de Québec et d’ailleurs, comme d’autres violences que nous n’avons pas oubliées. Notre appui n’est pas gagné d’avance.

D’autre part, ce n’est certainement pas parce que le gouvernement est majoritaire et élu pour quatre ans qu’il n’a de comptes à rendre à personne. Les élus sont nos représentants et ils ont le devoir de faire le pas en avant pour tendre la main. En démocratie, c’est la norme. Il faudra beaucoup de doigté pour calmer ce mouvement de révolte très profond, très motivé par ceux et celles qui mènent le combat.

Je ne sens pas une ouverture venant de ce gouvernement pour éviter que le spectacle tourne mal. Ils ont tous pris leurs vacances comme si tout allait bien dans ce Québec qu’on préfère mener à coups de pied plutôt que de prendre le temps de se parler. Il ne manque qu’une loi spéciale, et ma foi, ils n’hésiteront pas à se lancer dans cette folie-là non plus.

Il m’arrive de me demander si, quand ils manifestent, les policiers ont remis leur itinéraire aux autorités ? C’était pourtant si important avec les étudiants. Je n’aimerais pas, comme citoyenne, apprendre que les lois ne sont pas les mêmes pour tout le monde… Quoique, honnêtement, je dois bien admettre que c’est le cas. Et c’est tellement vrai que pour la suite des choses « choquantes », je vous renvoie à la commission Charbonneau, qui sera bientôt de retour. Je me demande aussi si les membres de l’UPAC portent des pantalons bariolés au travail ces temps-ci.


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