Le navet

le simple fait que Stéphane Dion puisse y jouer un petit rôle devrait le convaincre du fait qu'il s'agit d'un navet

2 mai 2011 - NPD - écueil en vue...


À l'époque où il était le ministre des Affaires intergouvernementales de Jean Chrétien, Stéphane avait le don de faire enrager Lucien Bouchard et ses ministres en leur adressant des lettres dans lesquelles il coupait les cheveux en quatre.
Qu'entendaient-ils exactement par ce «contrôle effectif» du territoire, qui permettrait la reconnaissance internationale d'un Québec souverain au lendemain d'un oui? Comment pensaient-ils assurer un tel contrôle, si une partie de la population s'entêtait à respecter les lois canadiennes plutôt que celles de l'état sécessionniste?
Il prenait un plaisir presque sadique à décortiquer chaque exemple d'accession à l'indépendance que faisaient valoir les souverainistes et à expliquer pourquoi il ne pouvait pas s'appliquer au Québec.
«Pour nommer un cas entre 50», Bernard Landry avait déclaré que l'Allemagne avait reconnu la souveraineté de la Slovénie dans les heures qui avaient suivi une déclaration unilatérale d'indépendance. M. Dion avait précisé qu'en réalité, la Slovénie n'avait été reconnue qu'après la dissolution de la Yougoslavie et il se disait tout disposé à discuter des 49 autres exemples que M. Landry voudrait bien lui soumettre. Exaspéré, M. Bouchard avait finalement décrété que M. Dion n'existait pas (sic).
La semaine dernière, l'ancien chef du PLC a adressé à Jack Layton une de ces questions qui irritaient tellement les péquistes: «S'il pense que 50 % plus un constitue une majorité claire, qu'est-ce qui ne serait pas une majorité claire à ses yeux?»
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M. Dion a toujours été un champion du sophisme. Le chef du NPD n'est pas sorti du bois. Pour avoir osé remettre en question la sacro-sainte Loi sur la clarté, il risque de passer pour un traître aux yeux du Canada anglais.
Déjà avant le 2 mai, le National Post avait souligné le danger que «le pari québécois du NPD» faisait courir au Canada. La «déclaration de Sherbrooke» revenait à reconnaître l'existence d'un «Québec indépendant dans la confédération».
Le Post est revenu sur le sujet en fin de semaine dernière dans un éditorial intitulé [->38552]. En 2005, la plupart des commentateurs n'avaient pas porté attention à un document «approuvé seulement en français», a-t-il expliqué. Clairement, cela lui enlevait toute valeur. De toute manière, le NPD n'était qu'un tiers parti dont l'opinion comptait peu. Maintenant qu'il forme l'opposition officielle et pourrait un jour prendre le pouvoir, c'est une autre affaire.
On découvre avec horreur que le NPD est favorable à l'application de la loi 101 dans les entreprises sous juridiction fédérale, à constitutionnaliser le «caractère national» du Québec, à lui reconnaître de se retirer des programmes nationaux et de recevoir une compensation financière. Qui sait, le pire est peut-être à venir? Tous ces nouveaux députés «au moins quasi nationalistes» — imaginez! — vont faire pression pour que leur parti adopte des «positions anti-fédéralistes».
Il n'y a même pas un mois que les élections ont eu lieu, et les chevaliers de l'unité canadienne commencent déjà à dire que M. Layton est indigne de sa fonction. Le congrès néodémocrate qui se tiendra à Vancouver du 17 et 19 juin prochain s'annonce divertissant.
«La grande majorité des Canadiens et Canadiennes veulent que le Québec soit un élément clé de notre pays, a déclaré M. Layton samedi devant le conseil général de l'aile québécoise de son parti. Ils célèbrent les accomplissements des Québécois et des Québécoises. L'attitude a changé beaucoup au cours des trente dernières années.» Il est parfois étonnant de constater à quel point certains changements d'attitude passent inaperçus.
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Plusieurs ont été surpris des résultats du sondage Harris-Decima, dont les résultats ont été publiés vendredi dernier. Une majorité de Canadiens seraient apparemment disposés à rouvrir le dossier constitutionnel. À des degrés divers selon les provinces, une majorité (58 %) se dit même prête à «offrir certains changements qui encourageraient le Québec à signer la Constitution».
Comme chacun sait, le diable se cache dans les détails. Jean-François Lisée a rappelé dans son blogue les résultats d'un autre sondage, que le Bloc québécois et les Intellectuels pour le oui (IPSO) avaient commandé l'an dernier à la firme Repères communication recherche, à l'occasion du vingtième anniversaire de la mort de l'accord du lac Meech.
Sur chacune des demandes dites traditionnelles du Québec, les opinions des personnes interrogées étaient diamétralement opposées selon qu'elles résidaient au Québec ou à l'extérieur. Ainsi, 73 % des Québécois souhaitaient que la Constitution reconnaisse que le Québec forme une nation, mais 83 % des Canadiens s'y opposaient; 82 % des Québécois voulaient que le Québec obtienne plus de pouvoirs en matière de langue et de culture, mais 69 % des Canadiens s'y opposaient. Etc., etc.
Il n'est pas étonnant que le premier ministre Charest, qui a déjà joué dans ce film, ne veuille rien savoir d'une reprise. Jack Layton n'a jamais fait partie de la distribution, mais le simple fait que Stéphane Dion puisse y jouer un petit rôle devrait le convaincre du fait qu'il s'agit d'un navet.


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