Le multiculturalisme après 50 ans: favoriser l’intolérance et nier que la nation québécoise existe

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L’histoire expliquée à l’endroit : le multiculturalisme canadien pervers importe et réexporte la violence ethnique


Le premier ministre fédéral célébrait récemment dans un communiqué le 50e anniversaire du multiculturalisme canadien, lancée en octobre 1971 par son père. Selon Justin Trudeau, cette approche « favorise le respect de la diversité culturelle » et continue « d’inspirer les gens et les pays du monde entier ». Au-delà de la rhétorique, cette politique favorise-t-elle vraiment le vivre-ensemble alors que nous recevons un niveau sans précédent d’immigrants?  


Les nouveaux arrivants


Pour Trudeau, les nouveaux arrivants « sont au clœur de notre réussite en tant que pays dynamique, prospère et progressiste ». Il est indéniable que plusieurs immigrants s’intègrent bien et deviennent de bons citoyens. Mais ce n’est pas toujours le cas, surtout s’ils viennent de pays où la violence et le fanatisme sont la norme. 


Dans les années 1990, alors que le gouvernement Mulroney venait de voter une loi pour renforcer le multiculturalisme canadien, une guerre civile avait lieu dans l’ex-Yougoslavie entre les communautés qui la composaient. 


À Toronto, des Canadiens d’origine serbe, encouragés à garder leur culture au lieu d’adopter nos valeurs démocratiques et pacifiques, se battaient dans les rues de la ville contre des Canadiens d’origine croate, qu’on avait aussi encouragé à conserver leurs valeurs, lesquelles incluent la haine ethnique si répandue dans leur contrée d’origine. Un Canadien d’origine croate est même retourné en Croatie pour y devenir le ministre de la Défense. Il a, à ce titre, été l’un des initiateurs de cette guerre civile et des génocides qui allaient ravager cette région pendant des années et faire quelque 130 000 victimes. Il aurait probablement été accusé de crimes de guerre s’il n’était pas décédé prématurément d’un cancer. 


D’autres Canadiens d’origine yougoslave sont aussi rentrés dans leur pays d’origine pour se joindre au conflit. Ils en ont profité pour s’en prendre aux membres des forces canadiennes de maintien de la paix en ex-Yougoslavie. Certains de nos soldats ont même été attaqués, pris en otage et attachés à des poteaux pour servir de boucliers humains par des gens qui avaient vécu des dizaines d’années au Canada. 


Des événements semblables se sont produits lors de la campagne de l’OTAN en Afghanistan dans les années 2000. Des Canadiens musulmans, certains nés ici, ont participé activement à la guerre contre les forces internationales dont le Canada faisait partie. Une belle façon de nous remercier de les avoir accueillis! 


Un échec


N’en déplaise à Monsieur Trudeau, le multiculturalisme canadien est un échec total en matière de vivre ensemble. À cela s’ajoute le fait qu’il empoisonne les relations entre le Québec et le Canada. Le chef du gouvernement fédéral nous explique que son père a mis en place cette politique en s’appuyant sur les recommandations de la Commission sur le bilinguisme et le biculturalisme. En fait,Trudeau père a détourné les travaux de celle-ci. Il a abandonné le biculturalisme prôné par la Commission pour lui substituer le multiculturalisme. Il fallait nier coûte que coûte un fait sociologique indiscutable, celui que le Québec forme une nation, une réalité pour laquelle Trudeau père éprouvait une aversion viscérale. 


Les Québécois devaient par conséquent être ramenés au rang d’une minorité parmi d’autres. Voilà la prémisse de base du multiculturalisme canadien : nier que nous sommes un peuple fondateur du pays. Sous prétexte d’ouverture à la diversité, le but est d’effacer la plus grosse minorité nationale du pays! 


Le Canada est tellement tolérant que son multiculturalisme a même été enchâssé dans la charte des droits en 82, une autre étape dans l’édification « d’une société forte, diversifiée et inclusive », selon Justin Trudeau. Pourtant, cette charte nie l’existence du peuple québécois et lui a enlevé sans son consentement des pouvoirs qu’il possédait depuis la naissance de la confédération en 1867. En somme, au nom de la diversité et de l’inclusion, on a expulsé le Québec de la famille constitutionnelle canadienne. 


Projet de loi 96


L’influence soi-disant inclusive du multiculturalisme canadien se fait sentir encore aujourd’hui dans la question constitutionnelle, notamment dans le débat sur le projet de loi 96. Selon un sondage Léger fait au printemps dernier, 70 % de nos concitoyens dans le ROC s’opposent à ce projet de loi, lequel modifierait unilatéralement la constitution afin que le Québec y soit reconnu comme une nation de langue française. Une enquête Angus Reid réalisé ce mois-ci révèle que ce niveau d’opposition atteint 82 % chez les Canadiens anglais du Québec. 


Justin Trudeau nous invite « à célébrer la diversité culturelle » et à bâtir « une société véritablement inclusive, dynamique et multiculturelle. » En réalité le multiculturalisme canadien produit exactement l’effet inverse. Au nom de l’ouverture, il permet au Canada anglais de verser régulièrement dans la xénophobie anti-québécoise, et ce en toute bonne conscience. 



Frédéric Bastien, Historien Montréal


 



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Titulaire d'un doctorat en relations internationales de l'Institut universitaire des hautes études internationales de Genève, Frédéric Bastien se spécialise dans l'histoire et la politique internationale. Chargé de cours au département d'histoire de l'Université du Québec à Montréal, il est l'auteur de Relations particulières, la France face au Québec après de Gaulle et collabore avec plusieurs médias tels que l'Agence France Presse, L'actualité, Le Devoir et La Presse à titre de journaliste. Depuis 2004, il poursuit aussi des recherches sur le développement des relations internationales de la Ville de Montréal en plus d'être chercheur affilié à la Chaire Hector-Fabre en histoire du Québec.





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