Abandonnant sa capelliculture d’artiste, Dominic Champagne s’est amené au congrès de la CAQ avec le toupet d'un redresseur de tort capable «de lui apprendre à marcher dans la bonne direction».
Dans son livre à lui, ça prend une réduction de 50% des GES au plus sacrant et il exige un «plan en 2020». Quel impact sur la population? Aucun détail n’a encore donné par le Messie autodidacte de la CAQ.
Pour leur tout premier congrès, les caquistes avaient opté pour le masochisme politique; ce fut un réel succès.
Mais que le nouveau chouchou fasse la moue devant leurs propositions était prévisible et les gentils caquistes, méprisés si longtemps, ne lui en tiendront pas rigueur, espérons-le...
Convenez par ailleurs que les gens comme Champagne ne disent jamais beaucoup. À part répéter qu’il faut «sortir du pétrole», ils ne disent pas grand-chose. Catherine Dorion, Manon Massé, Patrick Bonin, Vincent Gratton, etc, ils parlent tous une nouvelle langue de bois, le dialecte de la vertu, un espéranto mielleux qui permet les beaux sentiments et les esquives. Que disent-ils au juste?
Aux sous-questions, ils donnent des sous-réponses toutes faites: On veut des bus, un autre métro, un tramway et des taxes sur l’essence. Le simplisme se répand ainsi sans coup férir, dans les écoles secondaires, à l'université, à la télé, à l'Assemblée nationale; on finit par oublier qu'un jour, quelqu'un, quelque part, aurait quelque chose à payer...
Dans Le Devoir de samedi, on notait que la CAQ cite parfois la Norvège en exemple mais que ce petit pays scandinave a exclu les mesurettes pour faire de l’environnement «l’axe fondateur politique autour duquel l’économie et l’action sociales se sont développées».
Ici comme ailleurs, la gauche fait de jolies phrases mais néglige de dire qu’avant d’agir ainsi, la Norvège a exploité et vendu ses ressources pétrolières pour constituer un Fonds souverain de mille milliards de dollars US. Ça aide à financer la transition vers un monde meilleur.
Au Québec, les bien pensants préfèrent l’abstraction, passer outre à la nécessité d’expliquer d’où viendrait le fric afin de se donner bonne conscience sur le champ.
Beaucoup plus pauvre que la Norvège, le Québec dispose d’un foutoir appelé Fonds vert, une besace de quatre milliards servant de petite caisse verte à quinze ministères et organismes et à cent fois plus de fonctionnaires. Il serait plus précis de le baptiser le Fonds du gaspillage vert.
Il y a quelques jours à peine, le Vérificateur général a fait comprendre qu’il en avait marre de répéter que la reddition des comptes y est catastrophique. On dépense sans trop savoir, en touchant du bois, espérant que le climat en profitera davantage que les compagnies à numéro subventionnées...
Le virage vert du Québec, c'est de la foutaise: pas de réunions statutaires, pas de concertation, pas de suivi, aucun objectif précis, aucune obligation... Résultat, au terme de la fameuse «Stratégie 2015-2020», et treize ans (!) après la création du Fonds vert, c'est le grand trou noir...
Le 16 mai 2019, le VG conclut: «Près de cinq ans après la publication de notre rapport d’audit initial sur le Fonds vert, nous ne pouvons que nous désoler de cette situation».
Déjà fiscalisés jusqu’au trognon, les Québécois paient depuis des années une taxe secrète de 4,9 cents/litre d’essence, en sus des autres taxes, pour financer ce foutu Fonds Vert.
Mais ça, tout comme l’incompétence qui caractérise le ministère de l’Environnement depuis des années, on préfère ne pas en parler. Que ferait-on du bois mort? De tous ces zombies qui jonglent avec des notions qui leur sont étrangères?
Dominic Champagne, qu’on a vu partout toute la fin de semaine, fut donc bien utile au maintien du statu quo dans les officines où les dépenses inutiles sont autorisées...
Dépenses de représentation, de salaires, remboursement d’essence, de repas, etc. Le Fonds vert, c’est le bordel informatique des écolos... Et là comme ailleurs, il n'y aura pas d'enquête...
Des caquistes n’ont peut-être pas aimé l’ombre faite en fin de semaine par leur Rédempteur mais la direction du parti y avait vu sans doute une aubaine : il vaudra toujours mieux parler d’abstractions gazières que de débattre des surplus budgétaires, des trop-perçus d’Hydro ou du revenu émincé des Québécois, les pauvres socialistes du Canada...
En fait, Dominic Champagne aura permis au gouvernement Legault de faire oublier pourquoi il avait été élu.
Le premier ministre ne veut pas qu’on le prenne pour un nouveau géant vert. Mais après un week-end avec le Messie, il a tout de même admis qu’il fallait «sauver la planète»... En soulageant les États-Unis du charbon, pourtant remis en marché par Trump!
C’est le genre d’inepties qu’on applaudit à Tout le monde en parle... Où une starlette bien née, revenue de plusieurs tours du monde, peut confier en rougissant avoir payé ses GES... C’est le genre d’humour qu’on apprécie sans doute à la Direction des changements climatiques.