Le marketing de Métro nous infantilise-t-il ?

Tribune libre

Par Jacques Fournier
organisateur communautaire retraité
Je suis complètement exaspéré par la nouvelle campagne de fidélisation des Marchés Métro, narcissiquement intitulée « Métro et moi ». Je fréquente cette chaîne d’alimentation tout simplement parce qu’il y a un supermarché de cette chaîne près de chez moi. Je n’ai pas besoin d’être fidélisé.
La mise en place et la gestion de cette campagne entraîne des coûts administratifs énormes (gestion de la carte, impression de coupons et de petites fiches apposées sur les tablettes, envois postaux, etc.), coûts qui seront tout simplement refilés aux clients.
Rien de plus agaçant que ces campagnes de fidélisation. Il faut constamment présenter sa carte. Il faut traîner avec soi tous les damnés petits coupons : « Doublez vos points si vous achetez entre le 15 et le 22 octobre », « Triplez vos points si vous achetez entre le 8 et le 15 novembre ». On a autre chose à faire dans la vie que de grapiller quelques cents en traînant ces coupons.
Bien sûr, Métro va nous répondre : « Nous sommes obligés de faire une campagne de fidélisation, parce que les autres chaînes le font, soit avec Air Miles, soit autrement ». Nous pourrions leur répondre : pourquoi ne faites-vous pas une campagne publicitaire qui dirait ceci : « Métro a décidé de renoncer à faire une campagne de fidélisation comme ses concurrents et de refiler directement à tous ses clients, par une baisse générale des prix de 1%, toutes les économies générées par l’absence d’une telle campagne de fidélisation. Les clients de Métro sont les vrais gagnants comparativement aux clients des autres chaînes. Ils ne perdent pas leur temps à poser les mille et un petits gestes insignifiants requis par les campagnes de fidélisation. Ils ont une meilleure qualité de vie, une vie plus simple, à s’occuper des choses plus importantes que des petits coupons. ». Le nivellement par le haut plutôt que le nivellement par le bas, quoi!

Ce qui est frustrant, également, dans cette opération, c’est que les campagnes de fidélisation permettent à des firmes de collecter de nombreuses données sur chaque consommateur pris individuellement. C’est une intrusion dans la vie privée. Ils en savent probablement davantage sur nos goûts que nous-mêmes ! Et ils se servent de ces informations pour nous faire acheter des produits bien souvent inutiles.
Le triple slogan de la campagne (« Mes goûts, mes points, mes récompenses ») me hérisse le poil. Dans quel abîme de nombrilisme, de vacuité et d’insignifiance les dirigeants de Métro veulent-ils nous faire chuter ?
De nombreuses compagnes débutent leurs annonces publicitaires par un gros MOI. Ne savent-ils pas que le moi est haïssable?
« Venez chercher vos récompenses » : veut-on nous infantiliser comme des écoliers?

Featured bbaf0d403ab3386dc108e5efc80eae58

Jacques Fournier98 articles

  • 61 114

Organisateur communautaire dans le réseau de la santé et des services sociaux





Laissez un commentaire



3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    11 novembre 2010

    Monsieur Fournier,
    Sauf votre respect, êtes-vous tombé sur la tête ? Non, je ne crois pas. Je pense plutôt que vous êtes un dangereux révolutionnaire. Vous voulez détruire le système capitaliste, rien de moins !
    Métro, pardon Metro, est une entreprise privée. Son but est de faire des profits, un maximum de profits et toujours plus de profits. Pour cela, tous les moyens sont bons. Et, en tant que consommateurs, vous et nous avons le devoir -- entendez-vous ? -- le devoir de nous infantiliser, comme vous dites si bien, et de consommer sans retenue et avec frénésie. Oserions-nous faire autrement et c'est tout le système capitaliste qui risquerait de s'écrouler. Nous serions alors tous précipités dans l'enfer du communisme, dont je vous soupçonne d'être un agent, conscient ou non, peu importe.
    Il faut en revenir une bonne fois pour toutes de toutes ces idées subversives visant à empêcher les capitalistes de faire toujours plus de profits. Les employés doivent, et cela pour leur propre bien, accepter la compression de leurs salaires et avantages sociaux. Et les peuples, à commencer par le nôtre, doivent accepter la langue anglaise, cette langue des affaires dont l'usage généralisé entraînerait de merveilleuses économies d'échelle.
    Produire, consommer. Produire plus pour consommer plus, toujours plus, afin que croisse sans cesse le taux de croissance.
    Voilà la liberté, la vraie liberté, monsieur !
    Je vous le rappelle avant que Frank Legault, peut-être plus habile que John James Charest, ne le fasse lui-même.
    Et je joins ma voix à celle du chef de l'ADQ, M. Gérald Deltel, pour m'écrier : « Vive Éric Laflèche !». Oui, monsieur ! Éric Laflèche, c'est le pdg de Métro, pardon Metro. Et c'est lui dont les revenus, en 2009, ont atteint 3 418 104 $.
    http://argent.canoe.ca/lca/affaires/quebec/archives/2009/12/20091218-182305.html
    Et je dis qu'il les a bien mérités, ces quelques piastres ! Oui, monsieur ! Car, à part quelques marginaux comme vous, il a su infantiliser des milliers et des milliers de consommateurs pour en faire de bons rouages de ce système capitaliste qui est le gage, le gage suprême de notre liberté ! Ça lui vaut bien, à ce M. Laflèche, des revenus au moins dix fois supérieurs à ceux, disons, d'un neuro-chirurgien. Vous ne pensez pas ? Non, je sais que vous ne le pensez pas, en bon crypto-marxiste que vous êtes.
    N'empêche. Pourquoi diable m'enlevez-vous le goût de retourner chez Métro, pardon Metro ? Toutes les autres chaînes d'alimentation (Loblaw-Maxi-Provigo ou IGA) sont ontariennes... Et toutes n'ont que faire de notre dignité.
    Non, non, monsieur, vous ne m'avez pas transmis votre esprit subversif. Vos efforts en ce sens étaient inutiles. Et pour une excellente raison, vous l'aurez compris.
    En résume, bravo !
    Luc Potvin
    Verdun

  • Fernand Lachaine Répondre

    11 novembre 2010

    Monsieur Fournier,
    Il n'y a plus d'accent sur le "e" de Metro.
    Depuis que Metro a décidé d'investir à l'extérieur du Québec comme en Ontario, les autorités ont décidé d'enlever l'accent "é" parce que ça faisait trop français.
    Comme les anglophones sont de grands démocrates, (vous connaissez sûrement le fair-play anglo-saxon) Metro a décidé de ne pas leur déplaire....
    Fernand

  • Archives de Vigile Répondre

    11 novembre 2010

    D'accord avec votre suggestion: "Métro a décidé de renoncer à faire une campagne de fidélisation comme ses concurrents et de refiler directement à tous ses clients, par une baisse générale des prix de 1%"
    Et à mon tour, je suggérerais à Metro (sans accent comme ils l'écrivent, pour meilleur accueil à Toronto) d'ajouter:
    Et vous profitez d'un 2% additionnel depuis que nous avons reconcé aux aliments accommodant les religions tels Kasher et Hallal (coûts actuellement répartis sur toute marchandise qui passe à la caisse). Voir discussions orageuses depuis Bouchard/Taylor.