Il semble que les groupes féministes avaient raison de se méfier du gouvernement de Stephen Harper. Dès le mois d'avril prochain, le ministère de la Condition féminine fermera 12 de ses 16 bureaux au pays, sous prétexte que le budget consacré à leur fonctionnement environ cinq millions au total pourrait être versé directement aux femmes qui en ont besoin.
Selon la ministre, Bev Oda, cet argent servait surtout à "payer des factures de téléphone". Selon elle, il est préférable que ces millions soient directement versés aux groupes de femmes qui travaillent sur le terrain. Plus nécessaire d'étudier la violence faite aux femmes, ajoute-t-elle pour illustrer ses propos, on sait qu'elle existe. Aidons plutôt celles qui en sont victimes.
Personne ne contredira la ministre sur l'importance de financer les groupes d'aide aux victimes de violence conjugale mais fallait-il absolument sabrer les budgets du programme de Condition féminine pour autant? La fermeture des 12 bureaux ne provoquera sans doute pas de manifestations dans les rues mais elle n'en demeure pas moins déplorable car elle privera les groupes de femmes de lieux d'information et de soutien uniques au pays.
La ministre n'a toujours pas annoncé les critères qui régiront l'attribution des millions ainsi récupérés mais on comprend entre les lignes que la véritable motivation, c'est d'écarter les associations qui font la promotion des droits des femmes. En d'autres mots, Ottawa ne veut plus subventionner les féministes. Si elles veulent s'exprimer, a déclaré la ministre, elles peuvent toujours s'adresser à leur député
C'est la seconde mauvaise nouvelle de l'année pour les groupes féministes. La première, annoncée à la fin de l'été, portait sur les changements apportés aux conditions de financement des groupes de femmes. Disons que la pression est forte de la part des antiféministes en particulier les REAL Women of Canada pour qu'on coupe les vivres aux associations qui mènent une lutte en faveur de l'égalité entre les sexes.
À Ottawa, on semble préférer des groupes moins menaçants comme le YWCA ou l'Armée du Salut, plus axés sur la charité humaine que sur la revendication des droits égaux. En d'autres mots, la promotion de la condition féminine du gouvernement Harper se rapproche davantage de l'esprit qui régnait au sein des groupes de dames patronnesses du début du XXe siècle que des revendications politiques de la Fédération des femmes du Québec. C'est un recul.
nathalie.collard@lapresse.ca
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé