Le gouvernement ne doit pas sacrifier la francisation des immigrants sur l'autel des besoins du marché du travail, demande la FTQ.
«Il y a un assouplissement au niveau de la langue française qui nous inquiète. Dans la loi actuelle sur l'immigration, on retrouve l'obligation de la ministre de voir à ce que s'intègrent les immigrants en français au Québec. Là on est dans un flou artistique dans le but de faire plaisir aux employeurs et de combler des emplois qualifiés; on veut être plus flexible sur la connaissance du français», a exposé mercredi matin le président de la FTQ, Daniel Boyer.
M. Boyer venait de comparaître devant la commission parlementaire qui étudie le projet de loi 77 visant à modifier la Loi sur l'immigration au Québec. La ministre de l'Immigration Kathleen Wail a reconnu que son projet de loi «favorise un accès rapide des immigrants à l'emploi, à la hauteur de leurs compétences». La FTQ veut bien que des immigrants ne connaissant rien au français soient admis au Québec d'abord pour leurs compétences professionnelles. «Il faut leur donner des cours de français, leur permettre d'apprendre le français rapidement, objecte Daniel Boyer. À Montréal, il est possible de passer toute une vie en anglais.»
Il se trouve que le gouvernement a coupé les crédits voués à la francisation des immigrants. La FTQ dit s'être chargée de donner des cours de français aux travailleurs immigrants dans divers secteurs: hôtellerie, vêtement, entretien ménager. «Ce sont nos syndicats qui ont pris les cours de français à bout de bras. On s'est entendus avec les employeurs. Avec les subventions, on réussit à payer les salaires des gens qui suivent ces cours-là (...) On constate depuis deux ou trois ans la diminution des subventions. Ça fait mal à tout le monde», a plaidé M. Boyer.
La FTQ et par la suite le Mouvement Québec français ont repris à leur compte les chiffres l'Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) qui révèle, dans une étude, que le français décline au Québec sous l'effet de l'immigration. En outre, plus de 200 000 Néo-Québécois ne parlent pas le français, rapporte Le Devoir.
Les chiffres de l'IREC datent de 2012, a plaidé la ministre Wail avant d'ajouter que les enfants des immigrants apprennent le français sur les bancs de l'école. «Depuis ce temps-là, les choses ont tellement changé, dans la sélection, dans la francisation en amont; on a 130 ententes avec des agences françaises qui donnent des cours de français partout dans le monde. Les travailleurs qualifiés que l'on sélectionne, plus de 80% parlent français», a expliqué la ministre.
Le projet de loi 77 est bien reçu par les milieux d'affaires en quête de travailleurs qualifiés. «Allez chercher des travailleurs capables d'entrer sur le marché du travail et le marché du travail va se charger de les franciser», prévoit Florent Francoeur, président de la Commission des partenaires du marché du travail.
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