Ainsi donc, le Port de Québec, de concert avec TransCanada, a caressé le projet d’installer un port pétrolier à Beauport pour désenclaver le pétrole bitumineux de l’Ouest canadien vers les marchés d’exportation.
Les desseins du Port de Québec n’étaient pas secrets — c’était sur leur site Web depuis des mois —, mais à partir du moment où l’affaire a eu fait l’objet d’une nouvelle dans les médias, les habitants de l’île d’Orléans, de Québec, de la Côte-de-Beaupré, etc. ont dressé l’oreille : quoi ? Un port pétrolier à l’embouchure de la rivière Saint-Charles, avec les déversements coutumiers d’hydrocarbures à prévoir, en attendant l’accident, le vrai, dont on ne sait pas quand il va venir mais dont on sait qu’il viendra… Et alors, on aura tué la beauté du monde, plus rien ne sera comme avant.
Courriels, pages Facebook et autres médias sociaux se sont mis à frémir de l’inquiétude des citoyens. De leur inquiétude, et aussi de leur indignation à mesure qu’ils comprenaient que ce superbe plan d’eau qu’il y a entre la baie de Beauport et l’île d’Orléans, eh ! bien, les autorités du Port, de mèche avec TransCanada, se proposaient tranquillement de le confisquer pour le trafic du pétrole et les manoeuvres des bateaux-citernes.
Maintenant, le Port de Québec a publié un communiqué jurant qu’il n’aménagera pas de quai en eau profonde permettant de transborder du pétrole. Du moins pour le moment. Pourquoi ce revirement ? La porte-parole du Port, madame Marie-Andrée Blanchet, s’en est expliquée sans état d’âme : « L’installation portuaire de Beauport ne pourrait pas accueillir le projet présenté par TransCanada pour des raisons techniques », par exemple un « tracé difficile » pour acheminer le pétrole bitumineux jusqu’au secteur de Beauport (le pipeline installé sur la rive sud retraversant le fleuve vers Québec, a-t-on pu comprendre). On « comprend » aussi, sans que ce soit dit, que l’acceptabilité sociale du projet commençait à être sérieusement compromise…
Ce projet insensé n’ira donc pas de l’avant, à la bonne heure ! Les comités de citoyens peuvent se réjouir : après Cacouna, voici une autre petite manche de gagnée, avec l’abandon du « port pétrolier de Beauport » ; cette victoire est à porter au compte de la sourde opposition populaire au transit de ce pétrole funeste à travers le Québec.
Quant au Port de Québec, la vigilance continue d’être de mise : en même temps qu’on apprenait qu’il renonçait à faire couler le pétrole à Beauport, on apprenait aussi qu’il a toujours la ferme intention de rallonger sa ligne de quais sur une distance de 610 mètres. Et que l’évaluation environnementale de cet agrandissement se ferait sous sa seule responsabilité… Pour les citoyens, en tout cas, il est clair que le fleuve n’appartient pas aux autorités du Port, il appartient au peuple québécois et aux générations futures. Cela vaut aussi pour TransCanada : le fleuve, et toute la vie qu’il y a dedans, ne lui appartient pas.
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