Le donneur de leçons

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A quand la leçon de Couillard sur les paradis fiscaux?






Le premier ministre du Québec a profité d’une tribune prestigieuse dans un événement de portée internationale pour se permettre de jouer au donneur de leçons. Philippe Couillard a dénoncé les dirigeants politiques qui disent aux femmes comment s’habiller au travail ou à la plage.




Voilà un ton qui sonne faux et qui me tombe sur les rognons. D’abord, constatons le procédé consistant à prendre un ton solennel et dramatique pour finalement livrer un argument qui simplifie et banalise un problème complexe.




Presque 10 ans




La laïcité et le port de signes religieux par les employés de l’État représentent des questions compliquées. Cela ne se résume pas à la lubie d’un politicien qui voudrait dire aux femmes comment se vêtir. Monsieur Couillard devrait le savoir: son parti jongle avec le sujet depuis la commission Bouchard-Taylor et nous attendons encore le résultat.




D’ailleurs, seulement cela devrait retenir le chef libéral de donner des leçons. Cela fait bientôt une décennie que le Parti libéral se trouve immobile et terrorisé en regardant les questions liées à l’identité. Ce parti devrait avoir l’humilité de reconnaître que ce sujet exige du courage. Surtout, il devrait passer à l’action dans son propre parlement.




Agir chez nous




Si Philippe Couillard tient à aborder ce sujet d’une façon utile, il devrait annoncer qu’il donnera enfin suite au rapport Bouchard-Taylor dès la rentrée parlementaire et tendre la main aux partis d’opposition. Profiter d’une tribune internationale pour bavasser contre ses adversaires politiques ne mène à rien.




D’ailleurs, le chef libéral a eu à traiter dans son caucus, il y a quelques années, de la question précise des femmes musulmanes et des symboles religieux. L’épisode a tourné à l’incompréhension, tellement qu’il a mené au départ de Fatima Houda-Pepin, une députée libérale de longue date qui avait consacré des années à se pencher sur ces sujets. Voilà un socle bien fragile sur lequel s’appuyer pour distribuer des leçons aux autres.




Le premier ministre a le droit de porter des convictions plus collées aux chartes des droits ou plus colorées par la vision multiculturaliste. Cependant, s’il agit en premier ministre de tous les Québécois, il ne peut pas ignorer que les citoyens se préoccupent d’enjeux comme les accommodements, la laïcité, le port de signes religieux et l’impact de l’intégrisme religieux sur l’avenir des femmes dans notre société.




Ces sujets sont discutés dans la course à la direction du PQ, à la CAQ, dans les médias, dans la population. Je n’ai aucun doute qu’en privé, des membres du Parti libéral, et même du caucus, s’en préoccupent eux aussi.




D’ailleurs, les questions qui demeurent en suspens dans l’air finissent par atterrir dans notre quotidien. Les congés scolaires donnés pour la fête du mouton ont provoqué des questionnements sur la place de toutes les religions dans la préparation du calendrier. Les congés supplémentaires offerts à certains enseignants sur des bases religieuses causent un malaise même chez les syndicats d’enseignants.




Notre premier ministre a assez de pain sur la planche. Il donnera des leçons lorsqu’il aura trouvé les solutions et rallié les Québécois.



 




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