Le boulevard Saint-Laurent en 1911

Le crépuscule d'un peuple selon Charles Gill

Prémices de notre «Grand Remplacement»?

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Tribune libre










Charles Gill (1871-1918)

Photo : Wikimedia Commons


La parole de Charles Gill reste actuelle. L'homme flétrit voilà plus d'un siècle l'anomie qu'induit le libéralisme triomphant. Il l'écrivit dans une lettre à Louis-Joseph Doucet datée du 1er mai 1911. Retenons de cette correspondance que le fils de juge y « voit ce que l'on voit », à l'instar de Charles Péguy (1873-1914). Poète, conteur et peintre canadien-français, Gill sentit venir l'agonie des nôtres. Pour cela, il lui suffit d'observer la nouvelle faune montréalaise qui (re)peuplait le boulevard Saint-Laurent : 

 


Le soleil se couchait; dans une poussière d'or passait la foule cosmopolite. Ce soleil couchant, cette rue que j'avais vue il y a vingt ans toute française, [...] cette foule composée de races hostiles à notre étoile, la diversité des langages[*], notre race représentée là surtout par ses prostituées de douze ans et ses jeunes ivrognes, tout cela me frappa. Nous étions demeurés près de la vitrine; j'attirai [Albert] Ferland jusqu'au bord du large trottoir; d'un geste je lui montrai le soleil et de l'autre la foule : « Regardez, Ferland, lui dis-je, regardez mourir le Canada français!!


Source


Albert Laberge, Propos sur nos écrivains, Montréal, Édition privée, 1954, p. 21. Récupéré de https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2754528 (Page consultée le 22 mars 2021).


Note


[*] Par « diversité des langages », Charles Gill évoque sans doute l'anglais, le yidiche et l'italien.


 











On apprenait dernièrement que pour la firme en immigration MDC Canada

il y a encore trop de francophones au pays!

Photo : Capture d'écran Radio-Canada 



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3 commentaires

  • Caroline Sarah St-Laurent Répondre

    24 mars 2021

    Pour en savoir plus :


    Lapierre, Michel. 2008. « Littérature québécoise - Charles Gill, la voix d'un Québec occulté ». Le Devoir, 12 décembre. Récupéré de https://www.ledevoir.com/lire/222962/litterature-quebecoise-charles-gill-la-voix-d-un-quebec-occulte (Page consultée le 24 mars 2021).


    Zolov, Jack et Marc Beaudet. 1962. Adultes avec réserve... [Boulevard Saint-Laurent]. 27 min. 49 s. Montréal: ONF. Récupéré de http://www.onf.ca/film/adultes_avec_reserve_boulevard_saint-laurent/ (Page consultée le 24 mars 2021).


  • Éric F. Bouchard Répondre

    23 mars 2021

    Ce constat, est l'une des raisons qui a amené la Société Saint-Jean-Baptiste à établir son siège et ses multiples activités (le Monument-National) sur Saint-Laurent. Elle affirmait ainsi aux yeux de tous qu'on se trouvaient chez-nous. Cette combativité, cette conscience d'exister par et pour nous-mêmes, voilà ce que la québécitude nous aura enlevées, faisant de nous des Québécois comme les autres. 


    Note: la première photo est celle du juge Gill, père du poète.


    • Caroline Sarah St-Laurent Répondre

      29 mars 2021

      Je vous remercie pour ces précisions.