Depuis plusieurs semaines, la tension monte, en Méditerranée, entre la France et la Grèce d’une part, la Turquie de l’autre.
Et les frictions se multiplient. On a frisé un acte de guerre, il y a quelques semaines, au large de la Libye, quand une frégate française voulant contrôler un navire tanzanien au large de la Libye a failli être mis en joue par des vaisseaux turcs… Eh oui, depuis des mois, Erdoğan joue un jeu dangereux, essaie d’étendre son influence au nord de la Syrie, au Proche-Orient, en Libye. Mais aussi, et surtout, à Chypre, île dont la Turquie occupe illégalement la partie nord depuis quarante-cinq ans sans susciter la moindre réaction de l’Union européenne (alors que Chypre en est membre), ni de l’OTAN.
Chypre est devenu un enjeu majeur depuis que des gisements de gaz colossaux ont été découverts dans les eaux territoriales de l’île. C’est le consortium franco-italien Total-Eni qui en a obtenu la concession. Sauf qu’Erdoğan revendique, du fait de l’occupation illégitime qu’il exerce, neuf des quatorze points de forage prévus. Et depuis, la Grèce est harcelée par la marine turque de plus en plus agressive, qui n’hésite plus à violer les eaux territoriales de son voisin et ennemi héréditaire.
C’est, d’ailleurs, entre autres pour cela qu’Erdoğan avait, en mars dernier, lâché des dizaines de milliers de réfugiés sur la pauvre Grèce, ces fameux réfugiés que Mme Merkel lui avait confiés, moyennant six milliards d’euros, sans même consulter Macron ni personne parmi ses « partenaires européens ». Car Angela a des yeux de Chimène pour Erdoğan. Comme l’Allemagne est l’amie de longue date de la Turquie et accueille trois millions de Turcs sur son sol, alors Erdoğan peut bien martyriser les Kurdes, qui nous ont pourtant tellement aidés dans la guerre contre Daech, peut violer le territoire chypriote, les eaux grecques, menacer Athènes de submersion migratoire, harceler la marine française en Méditerranée, intervenir illégalement en Libye pour sauver le président islamiste Sarraj en passe d’être renversé par une rébellion que Paris soutient, rien ne bouge : le sultan d’Istanbul a les mains libres, puisqu’il a les faveurs de la patronne, sa chère Angela…
Et au diable l’islamisme, la démocratie, les droits de l’homme, des minorités ; au diable, aussi, le fameux couple franco allemand : pour apaiser les tensions, Erdoğan, malin, a sollicité la médiation de Merkel et Charles Michel. Et qu’en est-il sorti, de leur rencontre ? Rien : on a dit au Grand Turc qu’il fallait que les chose se calment. Et peut-être, aussi, qu’il faut laisser du temps au temps, que le calme revient toujours après la tempête, et d’autres banalités du même genre. En tout cas, on ne lui a pas intimé l’ordre de cesser illico ses intimidations contre trois membres de l’Union européenne, ce qui aurait du être la position de la chancelière et du responsable de l’Union européenne.
Une fois de plus, la naïveté de l’eurolâtre Macron est prise au dépourvu : couple franco-allemand, liens sacrés de l’Union européenne, tout cela ne pèse pas bien lourd aux yeux de l’Allemagne, à coté des bonnes relations avec un allié fidèle depuis plus de cent cinquante ans. Merkel l’a, cette fois, clairement montré à la face du monde : le couple franco-allemand, c’est pour la galerie, l’axe Berlin-Istanbul, c’est vraiment du solide…