Le coup d’État saoudien et le reset du nouvel ordre mondial

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Le Proche-Orient vivra-t-il un bouleversement ?

Depuis des années, j’ai mis en garde contre la relation d’interdépendance entre les États-Unis et l’Arabie Saoudite et comment cette relation, si elle se terminait, signifierait un désastre pour le système pétrodollar et, par extension, pour le statut de réserve mondiale du dollar. Dans mes récents articles « Les mensonges et les distractions entourant l’atterrissage du pétrodollar » et « La fin du jeu économique continue », je souligne que la mort du dollar en tant que principale monnaie de réserve mondiale est en fait un objectif primordial pour les globalistes de l’establishment. Pourquoi ? Parce que, dans un effort pour réaliser ce qu’ils appellent parfois la « réinitialisation économique mondiale » ou le « nouvel ordre mondial », une économie mondiale centralisée mieux acceptée publiquement et un cadre monétaire sont primordiaux. Et, cela signifie la mise en œuvre éventuelle d’une monnaie unique et d’une seule autorité économique et politique mondiale, au-dessus et au-delà du système dollar.



Mais, il ne suffit pas de procéder dans le vide à de tels changements socialement et fiscalement douloureux. Les puissances bancaires ne sont pas intéressées à prendre le blâme pour les souffrances qui seraient infligées aux masses au cours de l’inévitable bouleversement (ou pour la souffrance qui a déjà été causée). Par conséquent, un récit crédible doit être conçu. Un récit dans lequel l’intrigue politique et la crise géopolitique font du « nouvel ordre mondial » une NÉCESSITÉ ; une de celles que le grand public accepterait ou exigerait même comme solution à l’instabilité et au désastre existants.


C’est-à-dire que les globalistes doivent façonner une histoire de propagande utilisable dans le futur, dans laquelle les États-nations « égoïstes » abusent de leur souveraineté et créent les conditions de calamités, et où la seule solution serait de mettre fin à cette souveraineté pour la remettre dans les mains d’un petit nombre d’hommes « sages et bienveillants » choisis pour le plus grand bien du monde.


Je crois que la prochaine phase de la « réinitialisation économique mondiale » commencera en partie avec la rupture autour de la domination du pétrodollar. Un élément important de mon analyse sur le changement stratégique par rapport au pétrodollar a été la symbiose entre les États-Unis et l’Arabie Saoudite. L’Arabie Saoudite a été la clé la plus importante du dollar en tant que pétro-monnaie, depuis le début.


Le premier contrat d’exploration et d’extraction de pétrole en Arabie Saoudite était espéré par tous les vastes cartels pétroliers internationaux comme Royal Dutch Shell, la Near East Development Company, l’Anglo-Persian, etc., mais il est tombé entre les mains de la Standard Oil de Rockefeller. La sombre histoire de la Standard Oil mise à part, cela a signifié que les affaires saoudiennes seraient traitées principalement par des intérêts américains. Et la soif occidentale de pétrole, surtout après la Première Guerre mondiale, a gravé dans le marbre notre relation avec la monarchie régnante.


Membre fondateur de l’OPEP, l’Arabie Saoudite était l’un des rares pays producteurs de pétrole primaire à maintenir un oléoduc qui accélérait le traitement et contournait le canal de Suez. (Le pipeline a été fermé, cependant, en 1983). Cela a permis à la Standard Oil et aux États-Unis de contourner l’instabilité interne de l’Égypte, frappée à l’époque par un conflit qui a finalement culminé avec la guerre civile de 1952.


Considérés à ce moment-là comme des marionnettes de l’Empire britannique, les Frères musulmans ont renversé les élites dirigeantes en Égypte, ce qui a conduit à la disparition de la livre sterling britannique en tant que première pétro-monnaie et monnaie de réserve mondiale. L’économie britannique a vacillé et n’a jamais retrouvé son ancienne gloire.


Peut-être voyons-nous des parallèles ici ?


La guerre civile peut ne pas être à l’ordre du jour pour l’Arabie Saoudite ; jusqu’à présent, ce coup d’État discret a été assez efficace pour changer complètement la base de domination de cette nation, au pouvoir ces dernières années. Le principal bénéficiaire de ce changement a été le prince héritier Mohammed Bin Salman, qui ne répond qu’au roi Salman, un souverain de 81 ans à peine impliqué dans le leadership.


Pour comprendre à quel point ce coup d’État a été radical, considérez ceci : pendant des décennies, les rois saoudiens ont maintenu l’équilibre politique en distribuant les postes clés du pouvoir à des successeurs soigneusement choisis, des positions telles que le ministère de la Défense, le ministère de l’Intérieur et le chef de la garde nationale. Aujourd’hui, Mohammed Bin Salman contrôle les trois positions. La politique étrangère, les questions de défense, les décisions pétrolières et économiques et les changements sociaux sont maintenant entre les mains d’un seul homme.


Mais la vraie question est : qui est derrière cet homme ?


Eh bien, la récente purge politique de divers Saoudiens liés aux « néoconservateurs » pourrait amener certains à croire que le prince Mohammed cherche à mettre fin au contrôle globaliste du pétrole et de la politique saoudiens. Ces gens auraient tort, et ceci pour un certain nombre de raisons.


La vision révolutionnaire du prince Mohammed, « Vision pour 2030 », développée au moment de son accession au pouvoir, était présentée comme un moyen de mettre un terme à la dépendance de l’Arabie Saoudite vis-à-vis des revenus pétroliers pour soutenir la stabilité économique. Cependant, je crois que ce plan N’EST PAS de mettre fin à la dépendance au pétrole, mais de mettre fin à la dépendance au dollar américain. En fait, le plan indique un éloignement du dollar en tant que pétro-monnaie mondiale et l’arrêt de l’arrimage entre le riyal et le dollar.


Le prince Mohammed a également établi des liens beaucoup plus profonds avec la Russie et la Chine, créant des accords bilatéraux qui pourraient finir par retirer au dollar son rôle de monnaie d’échange dans le commerce du pétrole entre les nations.


On pourrait penser que ce genre de stratégie serait très préjudiciable pour l’Occident et les intérêts américains en particulier et que l’establishment ferait tout ce qui est en son pouvoir pour l’arrêter. Cependant, ce n’est pas du tout le cas. En réalité, l’establishment globaliste est entièrement derrière la « Vision pour 2030 » de Mohammed Bin Salman.


Des géants du secteur tels que Carlyle Group (famille Bush, etc.), Goldman SachsBlackstone et Blackrock soutiennent TOUS la « Vision pour 2030 » et le Prince Mohammed à travers son Fonds d’Investissement Public (FIP), dont il est le président.


Des milliers de milliards de capitaux circulent à travers le FIP, la plupart venant des coffres des entreprises des globalistes. Une fois de plus, je fais remarquer que la soi-disant « division Est / Ouest » et « l’opposition » orientale aux globalistes est complètement absurde ; les élites bancaires et les globalistes sont la véritable influence derrière la fin du pétro-dollar, comme le montre l’exemple saoudien et cette « Vision pour 2030 ». La fin du dollar en tant que réserve mondiale fonctionne en leur faveur – c’est planifié.


Cela ne se termine pas avec la mort du pétro-statut du dollar, cependant. Ces types de perturbations dans la dynamique du pouvoir conduisent invariablement à la guerre. La guerre agit comme une sorte de nettoyage du dossier historique ; elle tend à détourner l’attention du public, pour des générations, de ceux qui bénéficient réellement des conflits géopolitiques et économiques.


Le prince Mohammed a déjà déclenché des conflits avec le Yémen et le Qatar, mais cela semble n’avoir été que le préliminaire à une plus grande démonstration de force armée. La prochaine cible semble être le Liban, et finalement l’Iran et la Syrie.


Le premier signal est venu avec la démission du Premier ministre libanais, Saad Hariri, le 4 novembre, une démission que le Hezbollah prétend avoir été faite sous la contrainte du gouvernement saoudien. Fait intéressant, Saad Hariri a enregistré son annonce télévisée en Arabie Saoudite.


Cette immixtion choquante dans l’appareil politique libanais a été suivie d’une escalade de coups de menton de l’Arabie Saoudite contre le Hezbollah (qui est considéré par beaucoup comme une simple organisation fantoche du gouvernement iranien). Si l’on en croit les sondages officiels, la population libanaise est en extrême désaccord sur l’Iran et le Hezbollah, ce qui pourrait aggraver les divisions internes et la guerre civile si les tensions continuent à augmenter. Ajoutez à cela la « visite secrète » présumée (mais niée officiellement) du prince Mohammed en Israël en septembre, et la nouvelle « amitié » entre les deux nations dans les mois qui ont suivi, et nous avons une dynamique qui se met doucement en place pour une guerre au Liban.




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La question est la suivante : une guerre entre l’Arabie Saoudite et peut-être Israël contre le Hezbollah au Liban restera-t-elle une guerre par procuration, ou va-t-elle déclencher un conflit plus large entrainant l’Iran, la Syrie et peut-être même les États-Unis ?


Tout d’abord, gardez à l’esprit que le prince Mohammed a déjà gelé et / ou confisqué environ 800 milliards de dollars d’actifs à ses ennemis politiques emprisonnés. C’est plus que suffisant pour financer une campagne de guerre pendant plusieurs années, peut-être même une guerre élargie contre l’Iran.


La rhétorique de Trump contre l’Iran et son rétablissement des sanctions semblent coïncider avec la tension croissante entre les Saoudiens et le Hezbollah. Israël a tenté une invasion du Liban en 2006 et a été vaincu sans appel et avec embarras. Mais le gouvernement israélien montre encore une volonté d’entamer une guerre terrestre dans la région, et avec les forces combinées des Saoudiens et des Israéliens, nous pourrions avoir un résultat différent. L’Iran serait obligé d’intervenir.


La Syrie sous le régime d’Assad serait également très probablement attirée dans la bagarre par son pacte de défense mutuelle avec l’Iran.


Je crois que les puissances majeures comme les États-Unis et la Russie ne seront probablement pas impliquées dans un sens plus large, mais continueront à insérer des forces cachées dans la région et à soutenir les nations adverses par le financement et les armements. Comme avec la Corée du Nord, je ne m’attendrais pas à ce qu’une « guerre mondiale » à l’échelle d’une conflagration nucléaire se développe au Moyen-Orient.


Ce que j’attends, c’est quelque chose de bien plus dévastateur – à savoir une désintégration accélérée de notre structure économique déjà effondrée à mesure que la guerre éclate à l’étranger et que la perte du statut de monnaie de réserve mondiale et de pétro-monnaie du dollar nous frappe durement. Jusqu’à présent, à mon avis, il semble que la folie en Arabie Saoudite (comme avec les tambours de guerre appelant en continu contre la Corée du Nord), est un point de déclenchement parfait qui fournirait un catalyseur pour une distraction des masses.


La guerre économique mondiale est le vrai nom du jeu ici, car les globalistes jouent les marionnettistes à l’Est comme à l’Ouest. C’est une crise géopolitique qu’ils auront créée pour obtenir le soutien du public à une solution qu’ils ont prédéterminée.


Brandon Smith


Source alt-market.com


Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone


via:http://lesakerfrancophone.fr/le-coup-detat-saoudien-et-le-reset-du-nouvel-ordre-mondial