(Ottawa) Le commissaire aux langues officielles juge recevables les plaintes sur la nomination d’une gouverneure générale qui ne parle pas français et il mènera donc une enquête sur la question.
Mme Simon, une Inuite du Québec, a une longue carrière diplomatique ; elle a notamment été ambassadrice du Canada au Danemark. Elle est devenue il y a deux semaines la première Autochtone à être nommée pour occuper le poste de représentante de la reine au Canada, alors que des centaines de tombes anonymes sont retrouvées sur les sites d’anciens pensionnats fédéraux pour Autochtones.
Dans son premier discours, le 6 juillet, lors de l’annonce de sa nomination, Mme Simon a parlé en inuktitut et en anglais, sauf pour une courte phrase en français, lue avec peine. Elle a expliqué que son bilinguisme est en inuktitut et en anglais, que dans les écoles du gouvernement fédéral au Québec, dans les années 1950, on lui avait « refusé la chance d’apprendre le français ». Le premier ministre Justin Trudeau a soutenu que la nouvelle gouverneure générale s’engageait à apprendre le français.
Mais une semaine après sa nomination, le commissaire aux langues officielles avait reçu environ 200 plaintes. Lundi, avec plus de 400 plaintes reçues, le commissaire Raymond Théberge annonce que ces plaintes ont été analysées et qu’elles étaient recevables. Il a donc annoncé la tenue d’une enquête formelle dans ce dossier. M. Théberge précise que cette enquête visera le Bureau du Conseil privé, « dans sa capacité de conseil dans le cadre de cette nomination ».
Déjà le 6 juillet, en félicitant Mme Simon pour sa nomination, le commissaire Théberge avait tenu à « réitérer que l’inclusion et le respect des deux langues officielles ne sont pas des notions mutuellement exclusives ». Un argument que M. Théberge reprend lundi en annonçant la tenue d’une enquête du commissariat aux langues officielles.
« Je suis trop souvent témoin d’un discours qui oppose le respect de la diversité et de l’inclusion, d’un côté, et le respect des langues officielles, de l’autre, comme si ces notions étaient mutuellement exclusives et ne pouvaient coexister, écrit-il dans un communiqué. J’aimerais rappeler aux décideurs qu’il est tout à fait possible de faire rimer langues officielles et inclusion. Visons à faire de notre pays un endroit où l’on n’a pas à choisir entre le respect des langues officielles et l’inclusion de toutes et tous. »
Lors de la nomination de Mme Simon, le 6 juillet, M. Théberge saluait « cependant son désir d’apprendre le français afin de pouvoir représenter l’ensemble de la population canadienne ».