« Sans complexes, sans que rien ni personne ne nous fasse peur, sans demander pardon, pleins par contre de fierté, nous disons ici aujourd’hui : Vox, Plus Ultra ! L’Espagne, Plus Ultra ! » (plus ultra, plus loin : la devise de l’Espagne introduite par Charles V au XVIe siècle).
C’est par ces mots vibrants que Santiago Abascal, secrétaire général de Vox, a commencé, ce dimanche 6 octobre, son discours de clôture d’un grand rassemblement tenu à Madrid dans une salle comble de 15.000 personnes. L’acte avait une double signification : marquer, d’une part, le début de la campagne des nouvelles élections du 10 novembre (aucun autre parti n’y rassemblera, d’ailleurs, une foule pareille) ; fêter, d’autre part, le grand réveil de Vox, il y a un an, quand, à la surprise générale, un rassemblement d’une envergure similaire eut lieu au même endroit et à la même date : anniversaire de la victoire décisive de Lépante face aux Turcs en 1571.
Quelle était la chose « honteuse » à propos de laquelle Abascal n’envisageait de demander aucun pardon ? La repentance, diantre ! La repentance historique et celle que le Système exige, en Espagne et partout, à quiconque ose enfreindre les postulats libéraux-libertaires – « la dictadura progre » (c’est-à-dire « progresista ») – qui étouffent le monde.
Une dictature qui, dans la suite du discours d’Abascal, allait en prendre pour son grade : depuis les délires du féminisme et de l’idéologie du genre jusqu’à l’invasion migratoire, en passant bien entendu par le coup d’État sécessionniste en Catalogne.
Mais d’autres choses aussi allaient être mises au pilori. On a tout simplement assisté à l’attaque la plus radicale jamais entendue contre l’ensemble des partis du Système, et très notamment d’un Parti socialiste (« ce parti traître, criminel ») dont les mains n’ont jamais été lavées du sang qui les entache depuis la guerre civile.
Une guerre civile dont l’Espagne s’était juré de tourner la page grâce à la réconciliation des deux factions qui s’y sont si cruellement affrontées. Tel était tout le sens de la transition, comme on appelle la sortie du franquisme. Mais voilà que la gauche n’en veut plus, de cette transition, elle qui depuis des années s’entête à rouvrir toutes les plaies de la guerre civile et à falsifier une Histoire réduite à sa seule version.
C’est en dénonçant de telles forfaitures qu’Abascal a enfin enfoncé le dernier clou : celui destiné à refermer le cercueil de Franco, que les socialistes s’apprêtent à profaner et pour lequel Vox exige le respect dû aux morts et à la volonté de leurs familles. D’autant plus que ce que la gauche (avec la complaisance craintive de la droite libérale) prétend par là, c’est de porter atteinte à deux choses essentielles : la réconciliation nationale d’il y a quarante ans et, à travers celle-ci, la royauté même qui fut rétablie par Franco.
Parlant sans crainte ni complexes, sans s’excuser et avec fierté : c’est ainsi que tout cela a été dit et proclamé. Haut et fort.
Dans un livre important, Courage ! Manuel de guérilla culturelle, qui vient de paraître aux Éditions de la Nouvelle Librairie, François Bousquet nous encourage à pratiquer le coming out : à sortir du placard, comme on dit, la tête haute et décidée, à défendre sans crainte ni atermoiements nos idées et nos principes, ceux-là mêmes qui s’opposent de front à toute la déchéance du Système libéral-libertaire.
C’est très exactement ce que la droite radicale vient d’accomplir en Espagne.