Le canari catalan

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Les mondialistes en panique : leur monde s'écroule et ils le savent

Le mois dernier, la vénérable revue L’Action nationale consacrait un numéro spécial à la montée des mouvements nationalistes de droite radicale en Europe occidentale et de l’Est. Quelques mois auparavant, on y publiait un dossier de fond sur la crise catalane, qui perdure et a déjà causé des dommages profonds et irréversibles à la démocratie espagnole et plus largement, européenne. Cette revue aura contribué à l’analyse des dérives qui affectent l’Europe et dont il est urgent de prendre la mesure, à la lumière du contexte mondial.


En Catalogne, rappelons-le, des douzaines de simples citoyens, de militants et de dirigeants politiques élus ont été menacés, matraqués, poursuivis, exilés ou carrément écroués depuis octobre dernier, certains risquant jusqu’à 40 ans de prison. L’ultranationalisme autoritaire du Parti populaire espagnol, qui maintient la Catalogne sous tutelle après n’avoir récolté que 4 % des suffrages lors des élections régionales de décembre 2017, rappelle désormais l’injustice et la brutalité de l’ère franquiste.


Beaucoup de Québécois sont particulièrement sensibles aux malheurs des Catalans. D’autres pourtant y sont totalement indifférents, et d’autres encore sont sympathiques au pouvoir espagnol par légalisme ou par opposition au sécessionnisme. Nul ne peut ignorer, toutefois, qu’à nos propres portes les tendances autoritaires et le nationalisme, notamment économique, du gouvernement américain sont en voie de remodeler les relations et les institutions internationales desquelles le Québec, fondamentalement, dépend.


Alors que les États-Unis entament ce virage, l’influence économique, commerciale, diplomatique et militaire de régimes nationalistes et autoritaires tels que la Russie et la Chine, l’une venant de réélire un dirigeant aux ambitions impérialistes et l’autre venant de se donner un président à vie, ne fait que croître. Le retour à un système international véritablement multipolaire, auquel nous assistons depuis 15 ans, aura jusqu’ici été caractérisé par la montée rapide de l’ultranationalisme et de l’autoritarisme. Les trois plus grandes puissances du monde en sont les locomotives, et les wagons se multiplient.



 La démocratie libérale et les équilibres internationaux atteints au cours de la seconde moitié du XXe siècle traversent une crise profonde




Ne rien attendre de l’Europe


Dans la poudrière du Proche et du Moyen-Orient, la lumière du Printemps arabe s’est définitivement éteinte. Pratiquement partout règnent la dictature, la junte militaire, l’autoritarisme ou l’anarchie et le tribalisme. Les quatre grandes puissances de la région, l’Iran, la Turquie, l’Arabie saoudite et Israël, où les nationales-théocraties dominent, jouent de leur influence respective pour déstabiliser les autres. En Inde, cinquième économie du monde et puissance nucléaire, le nationalisme hindou de Narendra Modi alimente à nouveau les divisions sectaires qui ont ensanglanté le sous-continent par le passé. Les affrontements au Cachemire avec le Pakistan, autre puissance nucléaire, se multiplient rapidement.


La crise en Catalogne aura clairement illustré, par ailleurs, qu’on ne peut plus attendre de l’Europe qu’elle agisse en contrepoids à ces tendances. Un nombre impressionnant de pays membres de l’Union européenne est déjà en train de crouler sous la pression des mouvements nationalistes de droite radicale ou des néofascistes. En Hongrie, 70 % des votants viennent d’appuyer l’autoritarisme de Viktor Orbán et le néofascisme du Jobbik. En Bulgarie, les Patriotes unis ultranationalistes contrôlent la vice-présidence, l’économie, la défense et les politiques démographiques. En Pologne, l’ultraconservatisme catholique de Droit et justice n’a désormais d’égal que le dynamisme du nationalisme radical d’une part croissante de la jeunesse. En Autriche et en Italie, nationalistes et populistes sont désormais aux commandes.


En Allemagne, la droite radicale de l’AfD qui domine en ex-RDA est maintenant la deuxième force politique du pays et a fait une entrée fracassante au Bundestag, une première depuis 1945. En France et aux Pays-Bas, la droite nationaliste a fait des progrès considérables et malgré ses déceptions présidentielles récentes, elle continue d’influencer de plus en plus lourdement l’élaboration des politiques en raison de l’écho indéniable de ses idées au sein de l’opinion publique. Au Royaume-Uni, les partisans du « Brexit dur » mettent en péril les avancées démocratiques énormes réalisées par l’Irlande du Nord et l’Écosse depuis 1998. Jusque dans les pays scandinaves, les nationalismes eurosceptiques sont aujourd’hui des forces politiques bien établies, comme au Danemark et en Suède, ou sont intégrés aux coalitions gouvernementales, comme en Finlande et en Norvège.


Historiquement, la montée en puissance de tels mouvements au sein des démocraties libérales s’est alimentée aux crises économiques, au cynisme politique et à la légitimité charismatique qui en émerge. Considérant les tendances actuelles, la prochaine crise financière, inévitable et que bien des économistes entrevoient déjà, aura des conséquences politiques dévastatrices. La Catalogne, région immensément riche d’une démocratie établie, aura été le canari dans la mine.


> La suite sur Le Devoir.



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