Le cadeau de Pierre Trudeau

ou pourquoi le Québec peut proclamer unilatéralement son indépendance

Chronique de Louis Lapointe

Nous le savions depuis longtemps, Pierre Trudeau a toujours défendu l’idée que les Québécois étaient des « pleutres», qu’ils formaient une sous-nation incapable de s’affirmer. La récente biographie qui lui est consacrée nous a également appris qu’avant d’être le fédéraliste qu’il a été, Pierre Trudeau était un fervent nationaliste qui s’abreuvait aux idées de Lionel Groulx.

Pour réconcilier ces apparentes contradictions dans le cheminement de l’homme, nous avons été nombreux à soulever l’hypothèse que Pierre Trudeau ne s’était jamais totalement départi de son côté nationaliste, alors que, paradoxalement, les fédéralistes québécois et canadiens en avaient fait leur porte-étendard.

Ainsi, à la façon d’un schizophrène, deux personnalités ont constamment habité Pierre Trudeau tout au long de sa vie, l’arrogant fédéraliste et le nationaliste provocateur.

Dans chacune des actions où le fédéraliste nous humiliait, le nationaliste nous provoquait, s’assurant de toujours nous laisser une porte de sortie que nous pourrions emprunter au cas où le courage nous gagnait...

Si les événements d’Octobre 70 ont été pour lui l’occasion d’apparemment mâter les indépendantistes québécois, en emprisonnant tous leurs héros, ils ont également été le ferment de la révolte de nombreux Québécois qui se sont réunis derrière un chef- René Lévesque - et un parti- le Parti Québécois - pour gagner l’élection de 1976. Pierre Trudeau, le fédéraliste, écrasait l’ennemi alors que le nationaliste savait que son geste pouvait aussi avoir pour conséquences de provoquer des soubresauts de fierté, les Québécois étant de grands émotifs.

C’est le même Trudeau, qui, à l’occasion de la campagne référendaire de 1980, avait mis son siège en jeu, prétendant qu’un «non» était un «oui» au changement. Le même Trudeau qui, l'année suivante, avec l’aide de Jean Chrétien, démontrait à tous les Québécois que la parole d’un premier ministre canadien, pas plus que celle des premiers ministres des 9 autres provinces, avait une valeur, fussent-ils unanimes dans leur promesse envers le Québec ! Tous se souviendront de la Nuit des longs couteaux!

Il a démontré à la face du Canada qu’on pouvait isoler le Québec et rire de son premier ministre devant les caméras de télévision sans que les Québécois réagissent, sans que cela ne soulève le moindre mouvement de colère. Sans que cela se termine par la séparation du Québec. Il a aussi fait la démonstration qu’on pouvait réinventer le droit grâce à des nominations appropriées à la Cour Suprême du Canada, en obtenant de cette cour la négation du droit de véto du Québec, le jugement de celle-ci pour révoquer la formule d’amendement constitutionnel qui commandait l’unanimité, sans avoir eu l’unanimité des 10 provinces pour le faire. Belle leçon de droit que nous ont servi tous ces «sages».

Après avoir promis du changement, Pierre Trudeau a isolé le Québec grâce à la trahison de tous ses pairs, sans exception, et rompu, sans l’accord du Québec, le pacte constitutionnel de 1867 qui exigeait l’unanimité pour ce faire, demandant par la suite à la plus haute cour du pays de rendre légal ce qui ne l’était manifestement pas.

Tout juriste qui se respecte sait, qu’en droit, une partie à un contrat ne peut pas le rompre et en imposer un nouveau sans l’accord de l’autre partie, et prétendre ensuite qu’un tel geste est légal. Pourtant, Pierre Trudeau a réussi à le faire. Grâce à la complicité de la Cour Suprême, il a réussi à rendre légal ce qui ne l’était pas aux yeux du Monde, de tous les Canadiens et des Québécois, parce qu’il avait nommé tous les juges qui siégeaient à cette cour.

Dans cette séquence d’événements, c’est l’arrogant fédéraliste qui agissait, le guerrier prêt à tout pour abattre son adversaire, pour l’humilier dans une cuisante défaite.

Le coup le plus magistral de sa carrière politique lui permettait d’enfin mâter le Québec et de lui imposer une Charte qui allait contribuer à gruger lentement mais sûrement la Charte de la langue française. Cette loi qui protégeait tant bien que mal le français au Québec et qui confortait plusieurs Québécois à demeurer au sein du Canada, croyant leur identité protégée. Un piège trompeur, car une identité ne peut se résumer à une langue.

Pendant que l’arrogant fédéraliste fêtait sa victoire, le nationaliste provocateur semait le germe d’une nouvelle révolution. Même si nous sommes encore peu nombreux à le voir, la constitution de 1982 porte en elle l’arme qui la détruira.

***

Nous savons tous que le pacte constitutionnel de 1982 ne s’impose pas légitimement au Québec, qu’il s’agit d’un pacte qui ne s’applique qu’aux neuf autres provinces. Nous savons également que la formule d’amendement qui l’accompagne ne s’applique pas non plus au Québec. Le Québec n’a jamais renoncé à l’unanimité.

Voilà pourquoi Pierre Trudeau, le nationaliste, a revêtu les habits de l’arrogant fédéraliste en 1990 pour inciter le Canada à refuser d'entériner les accords du Lac Meech. En signant ces accords, le Québec aurait renoncé au cadeau que Pierre Trudeau, le nationaliste, lui avait légué en 1982.

Depuis que le Québec s’est fait imposé une nouvelle constitution contre son gré en 1982, il y a eu rupture du pacte constitutionnel de 1867, de la règle d’amendement qui exigeait l’unanimité des provinces et négation du droit de véto que le Québec croyait avoir.

Alors que Trudeau, le fédéraliste, nous servait la plus grande humiliation de notre histoire, Trudeau, le nationaliste, nous remettait le plus beau des cadeaux. La possibilité juridique de nous libérer unilatéralement du Canada. Meech ne devait pas compromettre tout cela!

***

À moins d'être totalement aveugle, comment ne pas constater que, depuis 1982, plus aucun pacte ne lie le Québec au Canada, le pacte constitutionnel de 1867 ayant été rompu par tous ses autres signataires, alors que nous n’avons pas signé celui de 1982?

Ni cette constitution, ni la charte qui l’accompagne ne s’imposent donc légitimement au Québec, même si elles s’imposent légalement à l’entité juridique qui s’appelle le Canada et à ses 9 provinces signataires. C’est par défaut que cette constitution s’applique légalement au Québec, même si rien ne l’oblige légitimement à l’accepter.

N’importe quel gouvernement du Québec, fût-il fédéraliste, pourrait, dès aujourd’hui, proclamer unilatéralement sa propre constitution, ses propres juridictions, récupérant celles qu’il souhaite recouvrer du fédéral, sans que les autres provinces du Canada et le gouvernement fédéral ne puissent faire légalement quoi que ce soit. En rompant le pacte constitutionnel de 1867, ils ont libéré le Québec de la règle de l’unanimité qui existait depuis 1867. Ils l’ont autorisé à agir unilatéralement, son droit de véto devenant, dans les circonstances, obsolète et sans objet puisque le Québec pourrait dorénavant agir constitutionnellement sans l’accord des autres provinces.

Parce qu’il n’y a plus de règle qui s’impose légitimement au Québec, il peut sortir unilatéralement du Canada sans que qui que ce soit ne puisse légalement y faire obstacle.

Lorsque Pierre Trudeau, avec l’aide de son mercenaire Jean Chrétien, a coulé les accords du Lac Meech en 1990, il nous a préservés du pire geste que le Québec aurait pu commettre à l’époque : renoncer pour toujours à son indépendance en intégrant le giron du Canada et en se soumettant d’emblée à sa nouvelle formule d’amendement qui l’aurait irrémédiablement paralysé.

***

Subsidiairement, si, en 1980, le Québec s’est volontairement soumis à un processus référendaire avant de proclamer son indépendance, en 1995, il n’avait nullement besoin de le faire. Parce que le reste du Canada s’est imposé une nouvelle constitution en 1982, sans la soumettre au vote de la population, cette éventualité ayant été clairement écartée par le clan des neuf autres provinces lors de la Nuit des longs couteaux, alors que le Québec l’avait proposé en accord avec le gouvernement fédéral, réciproquement, le Québec n'a plus aucune obligation de soumettre cette question au vote des Québécois.

Depuis 1982, le Québec peut agir unilatéralement, sans que le Canada ne puisse légalement faire quoi que ce soit pour l’en empêcher, ayant lui-même, clairement et sans équivoque, choisi d’agir sans le Québec et sans le vote de la population canadienne. Comment pourraient-ils aujourd’hui reprocher au Québec d’agir sans l’approbation du reste du Canada et sans référendum populaire si l’Assemblée Nationale adoptait unilatéralement sa propre constitution ou proclamait l’indépendance du Québec ?

***

Pierre Trudeau savait-il ce qu'il faisait, ou, c'est tout simplement le mépris qu'il éprouvait à l'égard du Québec qui l'a empêché de percevoir que ce qu'il croyait être une écrasante victoire du Canada contre le Québec s'appuyait en fait sur des fondations bien fragiles, la constitution de 1982, celle qui facilitera un jour ou l'autre la séparation du Québec parce qu'elle ne peut pas légitimement s'imposer à lui, pas plus que celle de 1867?

***

Sur le même sujet: De vrais gestes de souveraineté

Featured bccab87671e1000c697715fdbec8a3c0

Louis Lapointe534 articles

  • 888 894

L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





Laissez un commentaire



22 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    8 novembre 2014

    Cher monsieur Lapointe merci pour ce merveilleux exposé car celui-ci réponds à mes questions pourquoi si le Canada a brisé son contrat avec le Québec l'on ne pourrait pas devenir indépendant. Je comprends un peu plus maintenant comment le fédéral a réussi en 1995 venir nous dire combien il nous aimait et monsieur Parizeau avec raison ce sont les migrants et l'argent qui nous a fait perdre le référendum maintenant dite moi cher monsieur Lapointe comment est-ce que l'on va faire pour devenir autonome. Merci ReNée St-Denis

  • Archives de Vigile Répondre

    7 mars 2010

    Bravo pour le texte M. Lapointe. Voilà ce qu'il faut dire. Vous en dites peu encore cependant. Il faut aller plus loin. Il faut oser un peu plus. Il faut faire travailler vos neurones encore davantage. Vous vous demandez si Trudeau savait ce qu'il faisait constitutionnellement ? Il faudrait vous rappeler qu'il avait étudié le droit constitutionnel dans de grandes universités internationales. Avez-vous vous-même étudié le droit ? Le droit constitutionnel ? Dans quelque université prestigieuse ? Ce serait pitoyablement mépriser l'intelligence de Trudeau que de croire qu'un constitutionnaliste comme lui ne savait pas ce qu'il faisait. Il faudrait déplacer un peu les ornières M. Lapointe. Cela pourrait être utile à la cause que vous chérissez. Cela dit, le titre de votre article est bien choisi : l'intellectuel Trudeau a fait plusieurs cadeaux au Québec. La difficulté à le reconnaître davantage explique en bonne partie un surplace idéologique dont on se plaint beaucoup.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 février 2010

    Suite à vos intéressants commentaires, il m’apparaît important de soumettre un agenda aux électeurs avec comme prémices, 1- que le PQ soit majoritairement élu et 2- que son programme électoral expliquait clairement que le Québec devra franchir deux étapes incontournables avant la finalité. Ces étapes seraient :
    1- Proposer une constitution aux Citoyens du Québec. (Deux premières années du mandat)
    2- Obtenir la majorité lors d’une consultation populaire portant sur la nouvelle gouvernance. (troisième année du mandat)
    Ceci, avant de soumettre le processus d’accès à l’indépendance à un Tribunal International afin d’obtenir la légitimité de procéder à travers l’appui des Nations que le Canada ne pourra contester ni même freiner par la force.
    A Forgues, Lévis

  • Archives de Vigile Répondre

    13 février 2010

    Monsieur Lapointe
    Votre texte a fait travailler beaucoup mes méninges. Êtes-vous au courant si des avis juridiques ont déjà été demandés à la Cour Internationale de la Justice par les instances du PQ ou par des constitutionnalistes pour vérifier ce que vous avancez dans votre article? Comment se fait-il que notre gouvernement à Québec continue à fonctionner en gouvernement provincial toujours dans ce système fédéral comme si rien n'avait changé en 1982? Exemples: la loi 104 qui a été invalidée par la "SUPREME COURT OF CANADA" en 2009, les quotas d'immigration du PLQ qui risquent de perturber notre cohésion sociale et de rendre le pays improbable; le gouvernement fédéral est toujours là, non? Nous avons l'impression d'être dans un "flou politique", un "no man's land" quoi! Le PQ et le Bloc ne font pas trop de vague sur ce sujet, pourquoi? À partir de maintenant, que faut-il faire? J'aimerais bien, vous qui êtes avocat,que vous m'expliquiez, si possible, la procédure à prendre ou à suivre pour l'aboutissement de ce que vous avancez dans votre article. Quels gestes politiques doivent prendre nos partis nationalistes tant le PQ que le Bloc afin que tout ça se concrétise le plus vite possible au Québec? Merci de votre attention.
    André Gignac, Patriote le 13 février 2010

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    12 février 2010

    @ M. George Paquet:
    «...sans compter les référendums de 1980 et 1995.»
    Vous considérez qu'ils s'agit là de deux occasions manquées, monsieur Paquet? Seriez-vous en train de nous laisser entendre que si l'avenir des Québécois est entre leurs propres mains... peut-être en revanche, cet avenir serait-il meilleur, ou plus prometteur, si la nation québécoise se donnait à elle-même son propre pays?

  • Archives de Vigile Répondre

    12 février 2010

    Je me suis toujours demandé pourquoi nos soi-disant chefs politiques nationalistes n'ont jamais contesté les magouilles de Trudeau qui a voulu nous imposer une nouvelle constitution malgré le refus de Québec d'y adhérer.
    Je ne suis pas juriste mais j'ai toujours travaillé comme enquêteur pour les contentieux de grandes corporations. J'ai compris que lorsqu'une partie refuse de signer un nouveau contrat qui en remplace un autre (celui de 1867 que l'on a mis à la poubelle en 1982, sans son consentement), elle ne peut être soumise aux règles d'un nouveau contrat qu'elle n'accepte pas et qu'elle n'a pas signé.
    Je suis certain que si on soumettait le cas du Québec à une Cour Internationale, on nous donnerait raison. Les Anglais nous ont pris notre pays par les armes et nous contrôlent par la peur d'une intervention armée si nous voulons nous séparer du Canada anglais, ce qui serait certainement condamné par une Cour Internationale.
    M. Lapointe, qu'attendez-vous pour vous présenter à la chefferie du P.Q. Vous avez la jeunesse, le talent et la volonté pour nous mener à bon port.
    Comme dit la chanson "Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux"

  • Archives de Vigile Répondre

    12 février 2010

    Monsieur Lapointe
    J'ai passé une partie de la nuit à méditer sur votre texte et aujourd'hui, je peux avancer avec certitude que le Québec est un pays indépendant. En 1982, avec le rapatriement unilatéral de la constitution canadienne par le gouvernement fédéral sans l'accord du Québec et en plus, l'unanimité des provinces étant rompue, nous étions un pays libre. Pensez-vous que la population du Québec, à l'époque, aurait été prête mentalement à adhérer à cette évidence puisque après 2 référendums consultatifs, nous constatons que nous sommes toujours nez à nez dans les résultats du vote référendaire? Par contre, Charest, en continuant à nous mépriser comme il le fait actuellement, contribue à faire évoluer notre conscience politique collective avant que le dernier assaut soit donné pour légitimer notre indépendance et notre reconnaissance comme peuple indépendant. Le PQ et le Bloc n'ont pas à crier fort pour tenter de vendre l'indépendance puisque nous sommes indépendants depuis 1982.
    Maintenant, ça prend l'assentiment du peuple québécois pour ratifier ou approuver l'acte d'indépendance qui s'est produit en 1982 pour la reconnaissance internationale de notre nouveau pays. Moi je procéderais avec une élection référendaire suivie d'une constitution votée et légitimée par le peuple québécois et je déclarerais le Québec comme étant une république libre et indépendante; la reconnaissance internationale viendrait assez vite. Il y a une chose que je voudrais signaler; toutes les lois qui ont été votées et approuvées suite au rapatriement unilatéral de la constitution de 1982 sont caduques tant à Ottawa qu'à Québec.
    André Gignac, Patriote le 12 février 2010

  • Archives de Vigile Répondre

    12 février 2010

    C'est une logique dangereuse, la vôtre. Selon vous, chaque municipalité de Québec peut unilatéralement proclamer son indépendence et s'attacher à n'importe quel autre province ou décider d'être une province ou un pays à part entier.

  • Archives de Vigile Répondre

    12 février 2010

    ...en allant au bout de votre raisonnement, comme nous jouissons déjà de notre pleine et entière souveraineté pour n'avoir pas contre-signé la Constitution canadienne de 1982, puisque d'ailleurs notre Nation a été reconnue de facto au sein du Canada, nous n'avons donc même pas à la déclarer "unilatéralement", cela ferait bien trop désordre pour rien, sauf que techniquement, sur le plan parlementaire actuel, cela ne nous épargnera pas de tenir face à la communauté internationale une élection ayant pour unique mandat d'instituer aussitôt une assemblée constituante qui devrait soumettre ensuite au peuple québécois la Constitution de notre projet de république pour qu'il l'approuve majoritairement. Tout ce processus-là est donc purement constitutionnel de bout en bout. Il s'agit de remplir par nous-mêmes, et nous n'avons aucune permission à demande pour ce faire, le vide odieux dans lequel nous restons suspendus à côté du Canada et de ses neufs provinces!

  • Archives de Vigile Répondre

    12 février 2010

    Monsieur Lapointe
    Voici mon commentaire suite à l'article de monsieur René Marcel Sauvé du 2/11/09 intitulé: L'ÉTAT NATION DU QUÉBEC EST UN FAIT ACCOMPLI.
    Monsieur Sauvé
    Très intéressant votre dernier texte mais je me pose des questions à savoir ceci: si l'État nation du Québec, selon vous, est maintenant reconnu. comment se fait-il que la loi 104 du Québec était anticonstitutionnelle? C'est de l'ingérence politique du Canada dans les affaires de notre nation, n'est-ce-pas? Pourquoi la langue française n'est-elle pas reconnue comme étant la seule langue officielle de notre pays, le Québec? Pourquoi le Québec ne siège-t-il pas encore aux Nations- Unies? Je comprends très bien que tout ça doit être officialisé mais pourquoi le peuple québécois a-t-il été tenu à l'écart de ce fait accompli par nos instances politiques?
    En 1982, lorsque le Québec a refusé de signer le rapatriement de la constitution canadienne, LE QUÉBEC,SELON MOI, ÉTAIT EN DROIT DE STATUER SUR SON NOUVEL ÉTAT JURIDIQUE ET CONSTITUTIONNEL EN SE DÉCLARANT UN PAYS INDÉPENDANT ET EN SE DONNANT UNE CONSTITUTION QUI LUI ÉTAIT PROPRE. Pourquoi ne l'a-t-il pas fait? Pourquoi le gouvernement qui était en place à Québec, à cette époque, n'a-t-il pas demandé un avis juridique à la Cour Internationale sur ce sujet? En 1867, lorsque nous avons adhéré à la Confédération, aucun référendum n'a été tenu pour notre adhésion à ce pacte, n'est-ce-pas? Alors pourquoi le gouvernement péquiste a-t-il tenu 2 référendums pour nous faire sortir du Canada si nous étions déjà sortis depuis 1982 après le rapatriement unilatéral de la constitution canadienne par le gouvernement fédéral?
    Je ne suis pas un juriste en droit constitutionnel mais en prenant du recul, j'ai la nette impression que nous avons été floués par notre classe politique, à cette époque, qui a sûrement préféré rester dans la dépendance du Canada parce que c'était beaucoup moins exigeant, moins responsabilisant que de se prendre en main pour pouvoir s'affirmer. Votre texte va soulever un bon débat monsieur Sauvé. merci
    André Gignac le 3-11-09
    L'ÉTAT NATION DU QUÉBEC EST UN FAIT ACCOMPLI
    3 novembre 2009, par André Gignac
    ERRATUM: Alors pourquoi le gouvernement péquiste a-t-il tenu 2 référendums pour pouvoir sortir de ce pays... Aurait dû lire comme ceci: ALORS POURQUOI LE GOUVERNEMENT PÉQUISTE A-T-IL TENU UN RÉFÉRENDUM EN 1995 POUR POUVOIR SORTIR DE CE PAYS... NB: le 1er référendum a eu lieu en 1980 soit 2 ans avant le rapatriement unilatéral de la constitution canadienne.
    Merci André Gignac le 3-11-09
    Monsieur Lapointe
    On nous cache la vérité, j'en suis sûr!
    André Gignac le 12 février 2010

  • Archives de Vigile Répondre

    12 février 2010

    La porte de la cage est ouverte depuis 1982. Le Québec n'a qu'à prendre son envol.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 février 2010

    Bonjour M. Lapointe,
    Ce que vous dites ici, pour moi, c'est trivial, mais c'est en même temps l'angle le plus porteur je dirais. Ce l'est depuis 1982. À part les raisons fondamentales du coeur et du ventre (nous voulons vivre libres, en français, et nous épanouir, casser cette subordination qui nous tue), il y a aussi la raison rationnelle. On nous a exclu du Canada, pourquoi continuons-nous à subir tout ce qu'il nous impose par son parlement, sa Cour Suprême, ou l'alliance des autres provinces ? Comment se fait-il que personne n'ait jamais eu le courage de combattre de front ce Canada illégitime ? Le Droit canadian, engendré par une Constitution que nous ne reconnaissons pas, doit lui aussi être confronté directement à chaque fois qu'on brise les avancées du Québec.
    Aujourd'hui tout le monde s'entend pour dire que nous formons une nation. Qu'attendons-nous pour en prendre acte et agir en tant que tel ? Il me semble que c'est un minimum quand on se dit indépendantiste et qu'on forme le gouvernement. Je peux comprendre qu'il faut parfois être souple mais pas tout le temps, systématiquement. Je ne comprends pas que jamais on ne se tient debout devant le fédéral. Comment expliquer ça ? Au lieu d'en appeler des décisions des tribunaux, ce qui revient à s'en remettre encore aux décisions de l'Autre, celui de qui on dépend, qu'on a intériorisé en tant que tel, que le Politique impose ses décisions et ignore les ordres de l'ennemi. Ce n'est pas si terrible, il n'y aura pas de guerre civile. Le ROC enverra peut-être l'armée, mais si c'est ce qu'il faut pour réveiller un minimum de dignité chez les Québécois, allons-y.
    L'adolescent qui devient adulte, qui s'arrache de la cellule familiale et vit sa vie, c'est dur, ce n'est pas facile, mais c'est la vie. Le Québec aujourd'hui est un adolescent de 40 ans.
    Il faut un chef courageux et déterminé. Pourquoi aucun politicien du PQ n'agit jamais en ce sens ? MM. Verrier et Deshaies nous le disent de milles façons : nos élites pensent et agissent dans le système, ils ne le remettent jamais vraiment en question.
    À long terme, un leader déterminé qui parlerait ainsi à la population ne pourrait pas perdre. Formant le gouvernement, il pourrait renverser le rapport de force. Je crois que c'est possible. Que le PQ, immédiatement après la prise du pouvoir, retienne tous les impôts et ne remette la part du fédéral qu'après que tous les litiges en cours soient résolus. Qu'il prenne les moyens de faire régner ses lois envers et contre celles du fédéral. Qu'il n'ait pas peur de la confrontation. Si un tel gouvernement agit intelligemment et tient le coup, la population finira par comprendre son intérêt. Pour ceux qui tiennent à un référendum, les fameuses conditions gagnantes auront les meilleures chances d'être réunies. Mais un leader vraiment déterminé déclarera unilatéralement l'indépendance aussitôt qu'un conflit majeur l'opposera à Ottawa. Là on pourra dire "on verra après". Se tenir debout devant l'ennemi.
    À chaque fois qu'on obéit aux dictats du Canada, on renforce l'idée que nous sommes des citoyens de seconde classe, que nous avons besoin du Canada. Pour éviter la mort du Québec il faut que se lève un homme ou une femme qui comprend cela et qui ait le courage de procéder.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 février 2010

    Votre article se trouve particulièrement instructif et intéressant M. Lapointe. Mais votre conclusion à savoir qu'il ne soufirait, pour le Québec, que de se créer sa propre constitution pour que l'indépendance soit dans le sac, m'apparaît naïve. La double castration amenée par la religion et la domination anglaise, a commme rendu les québécois français comme incapables de vraiement raisonner (capable d'appréhender le réel). Ils se réfugient plutôt dans les rêves, mais ceux-ci peuvent s'avérer néfastes. À mon humble avis, si nous avions gagné un référendum sur l'indépendance, la partition du Québec déjà évoquée aurait produit une situation semblable aux territoires occupés par Israël. La seule solution réaliste consite à regrouper tous les premiers ministres des provinces, afin d'élaborer un fédéralisme de différenciation au lieu de dissolution correspondant au statu quo.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 février 2010

    Permettez-moi un commentaire bien humblement parce que je ne suis pas juriste. Il me semble que l'on confond unilatéralité et consultation populaire.
    Le Québec est libre de quitter la fédération canadienne unilatéralement pour deux bonnes raisons: 1) Le peuple n'y a jamais adhéré librement, ni en 1840, ni en 1867; 2) les autres provinces ont rompu le contrat déjà illégitime en 1982, comme vous le dites si bien, cher Louis.
    Donc, le Québec n'a pas à demander l'aval des autres provinces et du Parlement fédéral. Il n'a surtout pas besoin de se soumettre à l'inique loi sur la clarté qu'ont fait adopter en 2000 Chrétien et son serviteur Dion, qui sont bien conscients de la possibilité d'une sécession unilatérale et qui ont essayé de nous faire peur encore une fois. En droit international, le Québec n'a pas à remplir la condition d'obtenir l'assentiment de l'État préexistant puisque cet État l'a déjà exclu de son giron constitutionnel. Nous sommes d'accord là-dessus.
    Cependant, au-delà des considérations juridiques canadiennes ou internationales, il faut s'assurer que le nouvel ordre pourra remplacer efficacement l'ancien au lendemain d'une déclaration d'indépendance. À mes yeux, la meilleure façon d'avoir toute la légitimité et toute la force nécessaire pour ce faire est une consultation populaire. À partir du moment où la majorité des Québécois disent qu'ils veulent que le Québec s'affranchisse de la fédération, le tour est joué. Il n'y a plus aucun argument juridique qui tienne.
    Gagner une consultation populaire n'est qu'affaire de volonté. Il faut en définir les règles et s'assurer qu'elles ne pourront pas être violées comme en 1995. Quand un chef suffisamment déterminé, qui aura la confiance des Québécois, dira «on le fait», les Québécois diront oui et se débarrasseront de la fédération canadienne. Ils ne se feront pas voler leur liberté deux fois par l'argent et les votes ethniques. C'est pourtant simple, il me semble.

  • Marcel Haché Répondre

    11 février 2010

    Trudeau s’était fait bien des ennemis, mais n’eût qu’un seul adversaire.
    Il a triomphé de tous ses ennemis. De tous. Les Johnson, Bertrand, Bourassa, les Ryan et Dion, Lévesque. Ses ennemis à l’intérieur de son parti aussi.
    P.E.T. participa à de grands combats, mais son plus grand fut aussi son plus secret pendant longtemps : rapatrier la constitution canadienne. Le fil conducteur de toute sa carrière politique, c’était cela, rapatrier la constitution, établir une formule d’amendement à la constitution, qui sortirait tout le Québec de l’immobilisme des constitutionnalistes et des nationaleux, qu’il haïssait prodigieusement, et qui projetterait les Tremblay d’Amérique dans la modernité. À sa façon, il était un nationaliste. Peut-être. Peut-être… Mais alors un nationaliste canadien-français !
    Ah oui, son unique adversaire ? Ce fut Pierre Bourgault*, qu’il ne vainquit jamais.
    Votre texte même témoigne de la victoire de Bourgault : toutes les victoires de Trudeau, ce ne furent jamais que des batailles gagnées. Mais la guerre, elle continue…
    Mis à part les rhinocéros qui avaient le don, délicieux, absolument délicieux, de le mettre souvent en s’tie.

  • Georges Paquet Répondre

    11 février 2010

    Je suis entièrement d'accord avec Andrée Ferretti. L'avenir du Québec est entre les mains des Québécois Il n'y a rien de nouveau à découvrir, 38 ans après les accords constitutionnels de 1982. Même si l'angle sous lequel on regarde ces évènements peut varier d'une personne à l'autre, on peut légitimement conclure qu'il s'agit au moins d'une occasion manquée. Je crains que les historiens ne retiennent de l'histoire récente qu'une succession d'occasions manquées: la formule Fulton-Favreau de 1964; la Charte de Victoria de 1971; la révélation en 1981 que le supposé droit de véto du Québec n'existait pas;l'Accord du Lac Meech de 1987, l'Accord de Charlottetown de 1992, sans compter les référendums de 1980 et 1995.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 février 2010

    Entièrement d'accord avec vous, monsieur Lapointe. Peu d'indépendantiste ou souverainiste ont conscience de cette logique que vous présentez relativement au fait que le Canada, par le rapatriement de la constitution de 1982, constitution rejetée par le Québec, a libéré le Québec de sa tutelle impériale, pavant ainsi sa marche inévitable vers l'indépendance et la création du pays Québec. Ce que vous décrivez est loin d'être banal. Si chaque québécois en avait davantage conscience, le pays Québec naîtrait plus rapidement. Il nous faut de plus en plus être conscient de cette libération que nous a accordé en 1982 le Canada pour mieux agir d'une manière légitime et prendre les décisions qui nous conduirons à la création juridique de notre pays. Vivement une constitution québécoise.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    11 février 2010

    «La possibilité juridique de nous libérer unilatéralement du Canada...»
    Dans ce cas, nul besoin de couper les cheveux en quatre!
    Que le PQ prenne le pouvoir, en annonçant clairement son intention de faire, le moment venu, une déclaration unilatétale d'indépendance. Et nous sortirons de ce Canada qui nous déteste, sans avoir à dépenser des millions pour un référendum... qu'Ottawa tenterait encore une fois de voler, je présume!
    Si, dans un tel contexte, le PQ ne peut être élu, et conséquemment être en situation de proclamer notre indépendance... cela voudra dire qu'après tout, la nation québécoise, majoritairement, n'en veut pas, de sa propre indépendance...
    Alors, nous serons libres! Ou sinon, au moins, nous saurons à quoi nous en tenir.
    Les données démographiques changeant, au Québec, il est temps de savoir si nous voulons prendre le contrôle de notre destinée, ou pas.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 février 2010

    Monsieur Lapointe
    Suite à l'article de monsieur René Marcel Sauvé du 2 novembre dernier intitulé: L'État Nation du Québec est un fait accompli, voici ce que j'avais écrit en commentaire:
    Monsieur Sauvé
    Très intéressant votre dernier texte mais je me pose des questions à savoir ceci: si l'État Nation du Québec, selon vous, est maintenant reconnu, comment se fait-il que la loi 104 du Québec était anticonstitutionnelle? C'est de l'ingérence politique du Canada dans les affaires de notre nation, n'est-ce pas? Pourquoi la langue française n'est-elle pas reconnue comme étant la seule langue officielle de notre pays le Québec? Pourquoi le Québec ne siège-t-il pas encore aux Nations- Unies? Je comprends très bien que tout ça doit être officialisé mais pourquoi le peuple québécois at-il été tenu à l'écart de ce fait accompli par nos instances politiques?
    En 1982, lorsque le Québec a refusé de signer le rapatriement de la constitution canadienne, LE QUÉBEC, SELON MOI, ÉTAIT EN DROIT DE STATUER SUR SON NOUVEL ÉTAT JURIDIQUE ET CONSTITUTIONNEL EN SE DÉCLARANT UN PAYS INDÉPENDANT ET EN SE DONNANT UNE CONSTITUTION QUI LUI ÉTAIT PROPRE. Pourquoi ne l'a-t-il pas fait? Pourquoi le gouvernement qui était en place à Québec, à cette époque, n'a-t-il pas demandé un avis juridique à la Cour Internationale sur ce sujet? En 1867, lorsque nous avons adhéré à la Confédération, aucun référendum n'a été tenu pour notre adhésion à ce pacte, n'est-ce-pas? Alors pourquoi le gouvernement péquiste a-t-il tenu le référendum de 1995 pour nous faire sortir du Canada si nous y étions déjà sortis depuis 1982 après le rapatriement unilatéral de la constitution canadienne par le gouvernement fédéral?
    Je ne suis pas un juriste en droit constitutionnel mais en prenant du recul, j'ai la nette impression que nous avons été floués par notre classe politique, à cette époque, qui a sûrement préféré rester dans la dépendance du Canada parce que c'était beaucoup moins exigeant, moins responsabilisant que de se prendre en main pour pouvoir s'affirmer. Votre texte va soulever un bon débat monsieur Sauvé. Merci
    André Gignac le 3-11-09

  • Gilles Bousquet Répondre

    11 février 2010

    Non M. Lapointe, M. Trudeau n'était pas nationaliste. Il haïssait férocement, jusqu'à sa mort, tout ce qui était nationaliste.
    Je ne crois qu'il faut le remercier pour ses actions passées à moins d'être fédéraliste.
    Mme Ferretti a bien raison de dire que c’est au peuple du Québec de décider majoritairement. Tant que les fédéralistes vont être majoritaires ici, en nombre et en fortune, la constitution de 1982 va s'appliquer au Québec comme si nous l'avions signée.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 février 2010

    Bonjour Monsieur Lapointe,
    C'est à pleurer ! C'est à se tordre de regret ! Et en même temps quel espoir !
    Si ce que vous dites est possible :"Que le Québec peut sortir unilatéralement du Canada sans que qui que ce soit ne puisse légalement y faire obstacle", je me demande bien pourquoi Jacques Parizeau ne l'a pas fait. Avait-il la majorité de la députation à l'Assemblée Nationale ? Et, premièrement, pourquoi René Lévesque ne l'a t-il pas fait, lui, tout de suite après "la nuit des longs couteaux", pendant que le "fer était chaud et les esprits "chauffés" ?
    J'aimerais beaucoup avoir votre avis là-dessus et l'avis de ceux que ça intéresse.
    Madame Marois est-elle au courant ? Faut-il travailler à l'élire, elle, plutôt que de lui mettre la tête sous la guillotine et faut-il travailler à élire notre député-e PQ pour avoir la majorité exigée ? Eh, Sainte ! Ça me paraît risqué!

  • Archives de Vigile Répondre

    11 février 2010

    Que voulez-vous démontrer, monsieur Lapointe?
    Que la reconnaissance de l'avènement de l'indépendance du Québec est inscrite dans la Constitution de 1982, oeuvre du "nationaliste" Trudeau?
    Comme je vous lis régulièrement et que j'apprécie vos textes, je ne viens pas ici me rire de vous. Mais je ne peux m'empêcher de trouver fort alambiqué le présent article.
    Avant-hier, hier, aujourd'hui, demain, l'indépendance du Québec ne tient qu'à la volonté de notre nation de la réaliser, en menant les luttes nécessaires au renversement du rapport des forces favorables au Canada.
    Tout le reste n'est que chipotage intellectuel.
    Andrée Ferretti.