Des journalistes du New York Times viennent de lever un lièvre, un gros voire un monstrueux: aucun des premiers rôles de la débâcle financière qui en 2008 a mis le monde sens dessus dessous n'a été poursuivi. Au terme de leur enquête, on comprend que la préséance a été donnée au principe de conviction et donc au détriment de la responsabilité. La conviction des autorités dites concernées? Pénaliser les Docteur Folamour de la finance exotique, et donc les établissements qu'ils dirigent, aurait ajouté de la déstabilisation, à l'instabilité qu'ils avaient sciemment mise en scène. Déclinons.
Dans la foulée du scandale des savings and loan, sociétés d'épargne et de crédit, qui avait secoué l'univers financier dans les années 1980, au-delà de 1000 procès avaient été instruits, 800 banquiers avaient été emprisonnés. Et d'une. Et de deux, en 1995, les superviseurs financiers des États, car il y a autant de lois des banques qu'il y a d'États, avaient référé 1837 cas litigieux au ministère fédéral de la Justice. Dix ans plus tard, on en comptait seulement 75. Depuis lors, la moyenne s'est établie à 72 dossiers. En clair, l'attention qu'on portait autrefois aux magouilles potentielles dans ce secteur a été réduite à une peau de chagrin.
L'abandon observé sur ce flanc, tout à l'avantage des mastodontes financiers de Wall Street, est le fait d'abord et avant tout des élus, tous partis confondus. Après Reagan et Bush père, Bill Clinton a creusé lui aussi le sillon de la déréglementation tous azimuts. Cette inclination pour le retrait de l'État s'est traduite par la mise entre parenthèses d'administrations et de fonctionnaires qui avaient pour mandat la surveillance comme l'analyse des véhicules financiers confectionnés par les forts en maths de Goldman Sachs et consorts et des risques qu'ils comportent.
À cette amputation décidée, on le répète, au plus haut niveau du gouvernement s'est juxtaposée une réorientation du travail effectué par les limiers du FBI. Selon nos confrères du New York Times, Clinton a commandé une augmentation du personnel versé en fraudes médicales et pharmaceutiques. CQFD: cette addition d'enquêteurs a eu pour conséquence une soustraction des effectifs affectés au pupitre des établissements financiers.
Cette diminution, c'est à retenir, n'a pas empêché les détectives du FBI d'avertir dès 2004 que les Countrywide Financial, Lehman Brothers, Bear Stearns et compagnie accomplissaient des opérations pas très nettes. Notamment que ses dirigeants gonflaient la valeur, par exemple, des subprimes pour mieux gonfler le montant de leurs bonus. Toujours est-il que ces avertissements n'ont pas été entendus.
Lorsque la crise a éclaté, le FBI a demandé davantage de moyens. En vain. L'argument de Timothy Geithner, actuel secrétaire au Trésor? Les éventuelles pénalités financières pourraient fragiliser des banques sauvées avec l'argent du public. Sa conviction est le symbole, en l'occurrence de l'irresponsabilité et de... l'injustice.
La crise financière
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé