Pour cause de débat sur la laïcité, qui était en réalité un débat sur l'islam, l'UMP de Nicolas Sarkozy était en feu. Depuis quelques jours, cette formation est à feu et à sang. Rien n'illustre mieux cet état des lieux administrés par un président plus que jamais impopulaire que cette une de Libération: «Ci-git l'UMP (2002-2011) - Jean-Louis Borloo et la famille centriste ont l'immense regret de vous annoncer la disparition prématurée du parti du Président.»
Ex-numéro 2 du gouvernement Fillon, ex-ministre de l'Environnement, Borloo, les cheveux toujours décoiffés, s'est mué en embaumeur de l'UMP lors d'une messe politique télévisée en direct et, comme disent les Français, en prime time. Ce soir-là, il a annoncé, le sourire narquois en relief, que le Parti radical, son parti, abandonnait l'UMP pour mieux fonder une Alliance républicaine qui «sera une alternative au PS et à l'UMP» et qui «aura vocation à avoir un candidat». Bon. S'il a chipoté sur l'identité du candidat en question en roulant les épaules parce que pas encore à l'aise dans ses habits de «tueur» politique, tout le monde aura compris que la partition qu'il a commencé à jouer avait un chef d'orchestre et un seul: lui.
À l'Élysée, n'en doutons pas, Sarkozy et sa garde rapprochée doivent relire, analyser, ausculter un classique de la littérature française: Sans famille d'Hector Malot. Parce que, entre le départ de Borloo, la création officielle aujourd'hui même de République solidaire par Dominique de Villepin, le sabreur qui rêve de croiser le fer avec Sarkozy, son ennemi favori, François Fillon, qui, mine de rien, a endossé le costume du recours et multiplie les petites phrases assassines par fidèles interposés, Alain Juppé, qui est aux aguets, et bien des députés de la base qui appréhendent un Waterloo si Sarko porte leurs couleurs, le moins que l'on puisse dire, c'est que sa base politique est à l'image du radeau de la Méduse.
D'autant que des sondages effectués après la prestation de Borloo affichent des chiffres susceptibles de répandre la dépression dans les couloirs de l'Élysée. Un, pas moins de 22 % des Français souhaitent que Borloo soit le prochain président de la République, soit une augmentation de 6 % en moins d'un mois. Pis, pour Sarko s'entend, Borloo est à un point, un point seulement de l'actuel président. Pis (bis), 44 % des sympathisants de l'UMP se félicitent de voir deux candidats de droite.
Les élections étant prévues pour mai 2012, il va sans dire que certaines des tendances observées ces jours-ci sont destinées à changer. Sauf que... le record d'impopularité de Sarkozy est tel, il est si bas (68 % d'opinions négatives), que bien des sondeurs et politicologues le donnent déjà pour battu. De quoi aiguiser les appétits des ténors de la droite en général et des hussards en particulier. Ça va saigner.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé