Lui président, il avait déjà interprété le rôle en janvier dernier. C’est dire qu’il connaissait son texte et son personnage. De fait, il a eu, de l’avis général, les mots qu’il fallait, les attitudes qui convenaient, les initiatives qu’on attendait. Il s’est coulé avec aisance et avec un certain bonheur dans le costume classique du pépère de la Nation. C’est peu dire que le public et la critique ont aimé. Ils ont adoré. Les professionnels ont apprécié le métier et le talent du comédien, qu’ils ont jugé à la hauteur du drame qui se jouait. La foule, pour sa part, dans un réflexe pavlovien, comme un troupeau de moutons apeurés, a fait bloc autour du berger, elle a cherché l’aide et la protection de celui qui, en l’occurrence, se trouvait incarner le pouvoir. Elle s’est pâmée dans les bras du monarque républicain. La fonction, c’est connu, crée l’orgasme.
Du coup, la cote de François Hollande a connu un bond, ou plutôt un rebond spectaculaire. Le chef de l’État, dont on pouvait encore douter il y a un mois, pour reprendre la fameuse formule gaullienne, qu’il fût un chef et qu’il y eût un État, aurait gagné, s’il faut en croire les sondages, plus de vingt points d’opinions positives, ce qui ne le met, suivant un institut, qu’à trente-cinq points de popularité et, d’après un autre, à seulement cinquante. Il faut dire qu’il venait de bien bas.
C’est tout juste si les derniers chiffres du chômage, désastreux, ont été l’objet, ici et là, au lendemain de leur publication, de quelques commentaires sévères et désabusés. La décision présidentielle de revenir, une fois de plus, sur l’engagement de ramener le déficit public à 3 % du P.I.B. a été approuvée par l’opinion et admise par Bruxelles. Le Parlement a voté sans rechigner l’état d’urgence. La loi Touraine qui a dressé contre elle l’ensemble des professions médicales est passée comme une lettre à la poste. Dans le sillage du pédalo présidentiel, Manuel Valls, Bernard Cazeneuve et Jean-Yves le Drian ont bénéficié de l’embellie. COP 21 ou pas, il y a là un phénomène incontestable de réchauffement du climat politique. Bon coup pour le père François.
Faut-il croire pour autant à une inversion durable de la courbe d’impopularité de la majorité actuelle ? Passée l’émotion du moment, le bon sens reprendra ses droits et le gouvernement en place devra répondre d’une politique qui aura encore alourdi le triste bilan que lui avait légué l’équipe précédente : abandon de la souveraineté nationale, délitement de l’État, incurie face aux problèmes urgents qui se posent à la France en matière d’immigration, d’intégration, de sécurité, capitulation devant les communautarismes, déni criminel de réalité face aux menaces terroristes, dégradation de notre système scolaire, creusement de la dette, explosion du chômage…
De deux choses l’une. Ou, par une combinaison heureuse de vigilance et de chance, les mois à venir ne connaîtront pas de nouveaux attentats et l’état de grâce enregistré ces derniers jours retombera lentement comme un soufflé. Ou l’ennemi invisible et multiple qui nous a déclaré la guerre frappera de nouveau et le préjugé favorable accordé au pouvoir s’effondrera comme un château de cartes.
Quoi qu’il en soit, il ne semble pas acquis que le Parti socialiste bénéficie du regain de faveur dont jouit le président de la République. C’est ce que nous aurons l’occasion de vérifier dès dimanche.
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