Pendant toute la durée de la campagne électorale, le Bloc québécois a dû naviguer en eaux troubles, ballotté de toutes parts par le raz-de-marée suscité par les libéraux de Mark Carney. En revanche, après les débats des chefs, Yves-François Blanchet a réussi à calmer la tempête en admettant d’une part la victoire probable des libéraux et, d’autre part, en invitant les militants bloquistes à voter pour le Bloc pour créer une opposition forte au PLC et, de ce fait, défendre adéquatement les intérêts du Québec au sein du gouvernement fédéral. Une stratégie qui a eu l’heur tout au moins de stopper l’hémorragie sans toutefois empêcher la perte de 11 sièges en passant de 33 en 2021 à 22 au dernier scrutin soit le tiers des députés bloquistes. Par ailleurs, il n’eût pas fallu que la campagne se prolonge une ou deux autres semaines, car je suis d’avis que l’ombre de Donald Trump commençait à s’estomper et, par ricochet, que la poussée du Bloc aurait continué à progresser davantage.
Toutefois, en guise de prix de consolation, le Bloc pourrait être appelé à exercer la balance du pouvoir du fait que le parti de Mark Carney pourrait avoir à négocier avec les bloquistes pour faire adopter ses lois et rester au pouvoir parce qu’il lui manquerait une dizaine de sièges pour obtenir une majorité. Un pouvoir qu’Yves-François Blanchet à bien l’intention d’utiliser en faveur du Québec à chaque occasion où la situation se présentera.
Au cours des derniers mois, un bon nombre de personnes ont remis en question la pertinence du Bloc québécois, le qualifiant d’inutile. Or à mon sens, tant et aussi longtemps que les Québécois n’auront pas opté démocratiquement en faveur de la souveraineté du Québec, le Bloc demeure et demeurera toujours le meilleur « chien de garde » pour veiller à leurs intérêts de l’autre côté de l’Outaouais.
Le paradoxe Jagmeet Singh
Parmi les quatre chefs de partis qui s’affrontaient lors de la dernière campagne électorale, nul doute que le chef du NPD, Jagmeet Singh, proposait des mesures visant à répondre aux besoins domestiques de « monsieur et madame tout l’monde ». Or dans un contexte où le thème de l’économie suscité par l’imprévisibilité viscérale du président américain, Donald Trum, Jagmeet Singh a été contraint de jouer dans le mauvais scénario.
De facto, le NPD s’est littéralement effondré ne récoltant que 7 sièges comparativement aux 22 circonscriptions qu’il représentait à la dissolution de la Chambre. En conséquence, non seulement le chef du NPD n’a pas été réélu dans sa propre circonscription, mais le parti a perdu de ce fait son statut de parti officiel.
En termes clairs, la peur liée à l’insécurité économique a eu raison de l’appui indéfectible de Jagmeet Singh envers les besoins essentiels des électeurs tels un logement abordable et l’accès à un panier d’épicerie à leur portée. Un constat qui démontre le paradoxe existentiel du chef du NPD appelé à défendre le citoyen ordinaire dans un monde guidé par sa propension indéfectible à son confort matériel en quête d’un insatiable assouvissement.
Henri Marineau, Québec
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