par Larocque, Sylvain
Québec - Galvanisé par des intentions de vote en hausse et persuadé que les Québécois veulent en finir avec l'aventure conservatrice, le Bloc québécois s'est officiellement placé en mode préélectoral, hier, lors d'un conseil général tenu à Québec.
Le député de Roberval et organisateur en chef du parti, Michel Gauthier, a d'ailleurs sommé ses troupes d'être prêtes d'ici aux Fêtes en vue d'un scrutin au début de l'année prochaine. Le parti tiendra une première assemblée d'investiture cette semaine et compte dévoiler son programme électoral en janvier.
Le Bloc, qui a appuyé le premier budget conservateur, ne fonde visiblement plus d'espoir que le gouvernement de Stephen Harper règle, à sa satisfaction, le déséquilibre fiscal entre Ottawa et les provinces d'ici au printemps. Pire encore, il ne semble plus faire confiance au premier ministre Jean Charest, qui fera face au chef péquiste André Boisclair lors des prochaines élections provinciales, attendues elles aussi en 2007.
"Jean Charest doit absolument maintenir la barre à 3,9 milliards de dollars (d'augmentation annuelle des transferts fédéraux au Québec) et changer ses habits pour cesser d'être un "quémandeur" qui se satisfait de miettes", a lancé le chef bloquiste, Gilles Duceppe, devant quelque 300 militants réunis dans un hôtel de Québec.
"Il faut en finir avec cette mentalité d'être né pour un petit pain", a martelé M. Duceppe, qui faisait également référence au refus des conservateurs de verser des fonds au Québec pour les garderies et la mise en oeuvre du protocole de Kyoto sur les changements climatiques.
Or, le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a déjà qualifié de "ridicules" les demandes du Bloc par rapport au déséquilibre fiscal, lesquelles s'appuient sur le rapport publié en 2002 par l'ex-ministre Yves Séguin et qui se chiffrent à 12 milliards de dollars pour l'ensemble du Canada.
On sent que le Bloc est pressé d'en découdre. À ce scénario de déclenchement d'élections déjà fort probable, Gilles Duceppe en a ajouté un deuxième hier: le projet de loi conservateur sur la qualité de l'air, mal reçu par les écologistes.
"Si Harper, ça lui passe par la tête d'en faire une question de confiance dans les jours et les semaines qui viennent, qu'il ne s'attende pas à ce que le Bloc vote en faveur, a lancé M. Duceppe. S'il est prêt à faire ça, on est prêts à aller en élections n'importe quand."
Promotion de la souveraineté?
Débordant de confiance, le Bloc promet de placer le projet de souveraineté "au centre" de ses actions. "Ca va être au coeur de la campagne, a affirmé Gilles Duceppe. Je sais que les conservateurs disent: "il faut avoir le pouvoir". Moi, je leur dis qu'il faut avoir le vouloir, et avoir tout le pouvoir, c'est avoir tous les pouvoirs. Et ça, ça veut dire se donner un pays et on va en parler."
Le Bloc mise grandement sur le désenchantement qu'il perçoit à l'égard des conservateurs pour regagner les sept sièges qu'il a perdus dans la région de Québec, le 23 janvier dernier.
"Les gens de Québec ont pensé se faire représenter par des gens qui livreraient la marchandise (...), a relevé M. Gauthier. Ils n'ont pas livré la marchandise: au contraire, ils ne nous ont livré que des injures, que de l'indifférence."
Le dernier sondage mené dans la région de la capitale a cependant montré que le Bloc a encore une pente à remonter. Effectuée au début septembre, l'enquête indiquait que les conservateurs continuaient de dominer à Québec, recueillant même plus d'appuis que lors du scrutin de janvier. À l'échelle de la province, toutefois, la popularité du Bloc a crû, ces derniers mois.
Malgré ses difficultés financières, le parti assure qu'il pourra dépenser quelque 4,7 millions, le maximum autorisé par Élections Canada, lors de la prochaine campagne. En 2005, le parti a enregistré un déficit de 2 millions, qui sera résorbé à la fin 2008 s'il y a des élections l'année prochaine.
Pour financer une partie de ses activités en 2007, la direction du parti demandera aux 75 associations de circonscription de verser pas moins de 31 000$ chacune au bureau national, ce qui fait grincer des dents certains organisateurs. Lors d'une réunion à huis clos, hier après-midi, cette façon de faire a tout de même été approuvée par quelque 85% des militants, selon une source.
Aujourd'hui, le Bloc organise un forum visant à définir les enjeux et les projets qui permettront de faire de la ville de Québec un véritable "carrefour international".
Le Bloc québécois pressé d'en découdre avec les conservateurs
Les militants sommés d'être prêtspour des élections d'ici aux Fêtes
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