C'est Mario Beaulieu qu'il nous faut

Le Bloc doit prendre acte

Gare aux retours en arrière

Tribune libre

Il fut un temps pas si lointain où nombreux étaient ceux qui, au Québec, se qualifiaient eux-mêmes de « fédéralistes fatigués ». Il s'agissait de tous ces Québécois incapables de se ranger dans le camp des souverainistes, mais pour qui le Canada tel quel demeurait inacceptable. Ces fédéralistes étaient sincèrement convaincus que pour avoir un avenir au sein du Canada, le Québec devait obtenir la reconnaissance constitutionnelle de son statut de nation distincte et que cela devait se concrétiser dans l'exercice des pleins pouvoirs en plusieurs domaines. Mais de la trahison des promesses des tenants du NON de 1980 au scandale des commandites en passant par la Nuit des longs couteaux et le naufrage Meech-Charlottetown, l'abondante succession de rebuffades de fin du 20e siècle avait eu raison de leurs rêves. Tous ces Québécois avaient fini par perdre foi en la possibilité que nos revendications dites « traditionnelles » – du fait de leur sempiternel inassouvissement – reçoivent un jour un accueil le moindrement favorable.

Mais actuellement, le nivellement par le bas de nos aspirations collectives est aussi patent que navrant. Les Québécois que l'angoisse du statu quo torture aujourd'hui sont des souverainistes, tandis que les fédéralistes ont complètement apprivoisé ce statu quo qu'ils honnissaient jadis. Tous les escrocs apprécient ce genre de client : on ne lui livre pas son dû, mais on garde son argent car on sait qu'on l'aura à l'usure. C'est de ce piège du cocu content que le Bloc Québécois doit nous extirper. Vouloir rassembler les électeurs autour de la défense des intérêts du Québec à Ottawa, comme le prône André Bellavance, équivaut à adopter le discours des fédéralistes des années 1990 – ces ex-fatigués aujourd'hui bien domptés – et s'imaginant bien naïvement que le résultat sera différent. À ce compte-là, autant voter pour le mirage du NPD.

Non, l'élection du 7 avril n'a pas constitué un troisième NON à la souveraineté, pour la simple raison qu'il n'y a pas eu campagne du OUI. Or il est plus que temps de refaire la pédagogie du « pourquoi » de la souveraineté auprès de cette vaste part de la population qui n'a pas connu le référendum de 1995, et encore moins les trente ans de refus et d'affront dont ce grand rendez-vous démocratique a été l'aboutissement. Voilà pourquoi j'accorderai mon appui à Mario Beaulieu à la présidence du Bloc Québécois.

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Christian Gagnon138 articles

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CHRISTIAN GAGNON, ing.
_ L’auteur a été président régional du Parti Québécois de Montréal-Centre d’octobre 2002 à décembre 2005





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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    24 mai 2014

    Oui à M. Mario Beaulieu et à un discours et une action centrés sur l'indépendance du Québec.
    Actuellement on parle beaucoup au Québec de rationalisation des dépenses et pourtant on parle très peu des dépenses astronomiques engendrées par le fait d'avoir deux gouvernements. À quoi sert et combien il nous en coûte le fait d'avoir un gouverneur général, des sénateurs, deux rapports d'impôts, deux premiers ministres (un à Québec et un à Ottawa), deux conseils des ministres et double députation, deux ministères de l'agriculture, deux ministères des transports, deux ministères de l'environnement, etc. Le Bloc et le Parti québécois devraient détaillés ces dépenses et évaluer le poids de ceux-ci sur le portefeuille de chaque famille québécoise et ce tout en tenant compte de la péréquation et du transfert de certaines tâches d'Ottawa vers Québec si nous étions indépendants.
    Par la suite il faudrait diffuser via un bulletin gratuit (et non pas seulement par les journaux et les médias électroniques) cette information auprès de chaque famille québécoise. Cela pourrait avoir plus de répercussions qu'un Congrès sans doute nécessaire mais pas tellement suivi par la popuiation.

  • Jean-Jacques Nantel Répondre

    23 mai 2014

    Souveraineté, indépendance, c'est du pareil au même pour moi. C'est une simple question de vocabulaire.
    Pour ce qui est du mot ¨référendum¨ par contre, s'il a pris une connotation péjorative, c'est parce que les chefs souverainistes ont laissé les fédéralistes dire que c'était un outil démocratique nuisible.
    Quoi qu'il en soit, après que nous ayons tenu deux référendums sur la question, il sera impossible de faire accepter l'indépendance du Québec par la communauté internationale et même par la population du Québec elle-même, souverainistes inclus, si on ne pose pas la question clairement et sans ambiguïté à la population dans un référendum en bonne et due forme.
    Toute stratégie visant à éviter un référendum sur la seule et unique question de la souveraineté sera de toute façon reçue avec un haussement d'épaules méprisant de la part du Canada anglais.
    Quand je dis que les Québécois doivent changer de discours moral et toujours défendre la justice et l'équité dans le but de prendre un avantage psychologique décisif sur nos ennemis, je parle entre autres d'arrêter de cacher le projet et le moyen de le réaliser; c'est-à-dire le référendum.
    Quand nous aurons intimidé le Canada anglais avec un discours moral véridique et que nous aurons en plus gagné un référendum clair, le ROC sera bien obligé, sous la pression internationale, de nous remettre pacifiquement les clés des bureaux de poste, des bases de l'armée canadienne, des écluses de la Voie maritime, etc.

  • Danièle Fortin Répondre

    23 mai 2014

    Je retranscris ici mon commentaire laissé sur le site « Le Devoir » dont le présent article est aussi publié :
    Quel est le programme de chacun des candidats à la chefferie du Bloc ?
    Ce serait bien la moindre des choses qu'ils systématisent leur vision d'un Québec indépendant et souverain.
    Sont-ils républicains ou croient-ils que les Québécois peuvent s'émanciper dans un pays ayant comme chef d'État une reine ( ou un roi ) d'un autre pays, habitant un autre continent ? À qui appartiendrait le territoire québécois ? Qui, à leur avis, représenterait l'autorité suprême de l'État libre ( autonome ) ? La couronne étrangère ? Ou le peuple au sein d'une République du Québec comme le sont les États-Unis et l'Irlande ?
    -

  • Pierre Cloutier Répondre

    23 mai 2014

    La première chose à faire, psychologiquement, Monsieur Nantel, c'est de mettre 2 mots (maux) aux poubelles, deux vielles affaires qui trainent dans le décor politicien depuis trop longtemps : souveraineté et référendum.
    Article 1 du programme du PQ : Le Parti Québécois a comme priorité de préparer et de présenter une proposition d'indépendance nationale au peuple québécois lors de la prochaine élection et d'en réaliser l'accession de manière pacifique et démocratique.
    Explications :
    1 - "Souveraineté" est un terme technique qui est ambigu et prête à confusion. Même la province de Québec est souveraine dans ses champs de compétence.
    2 - Ce terme a été utilisé à profusion par des petits politiciens professionnels provinciaux qui ont pris le contrôle du PQ et du Bloc pour calmer leur base militante tout en faisant tout pour protéger leur temps de glace sur la patinoire électorale provinciale et fédérale.
    3 - Est-ce que le 4 juillet de chaque année, les Américains fêtent la souveraineté des États-Unis ou leur indépendance? Independance Day, cela va dit-il quelque chose?
    4 - Est-ce que le Scottish National Party réclame la souveraineté de l'Écosse ou son indépendance? Leur livre blanc s'appelle : White Paper on Independance.
    Quant au mot référendum
    5 - Ce mot cause vraiment un traumatisme dans la population québécoise et qu'on le veuille ou non a une connotation émotive négative. On l'a vu lors des dernières élections.
    6 - Un pays devient indépendant lorsqu'il fait une déclaration d'indépendance et est reconnu par les pays membres de l'ONU.
    7 - La reconnaissance par les pays membres de l'ONU de l'indépendance d'une nation est une question essentiellement politique et cette reconnaissance peut varier selon les situations propres à cette nation. On l'a vu dans le cas du Kosovo, par exemple. Il y a des pays qui ont accédé à leur indépendance sans savoir tenu de référendum au préalable.
    8 - L'expression d'une volonté populaire peut se faire de diverses manières dépendant des circonstances, même s'il est préférable que cette expression soit manifeste à la suite d'une consultation populaire.
    9 - On n'a aucun avantage à préciser maintenant qu'il y aura un référendum. Notre seule obligation morale et politique est de promettre solennellement que l'accession à l'indépendance se fera de manière pacifique et démocratique. Point final.
    Notre combat c'est celui de l'indépendance de la patrie. Et pour ce faire, il faut d'abord changer de mentalité et passer d'une stratégie défensive de "chouveraineté mollassonne et ronronnante" en stratégie offensive d'indépendance de la patrie.
    Souveraineté et référendum ne font plus partie de mon vocabulaire sauf pour identifier les tenants de ce vocabulaire qui nous ont fait jusqu'à maintenant le plus grand tort.
    Vous allez peut-être me dire que c'est un détail. Moi je vous dis que non. C'est une question d'attitude psychologique, de mentalité, d'approche et c'est plus important que l'on pense. Bourgault et Lévesque c'était deux mondes différends.
    Pierre Cloutier

  • Jean-Jacques Nantel Répondre

    23 mai 2014

    Il faut en finir avec ces chefs souverainistes qui tiennent des discours enflammés en faveur de la souveraineté devant les militants qui travaillent gratuitement pour les faire élire pour, tout de suite après, tenir un discours mollasson dès qu'un journaliste leur plante un micro sous le nez.
    Il nous faut élire des chefs comme Mario Beaulieu qui expliqueront les avantages de la souveraineté à la population à chaque fois que le contrôle fédéraliste des media se relâchera un instant pour les laisser parler.
    Après l'échec final du discours de la gouvernance provincialiste qui s'est concrétisé avec la défaite du 7 avril, pourquoi ne pas essayer le courage? Pourquoi ne pas relancer le mouvement souverainiste en élisant un chef qui, par exemple, ne demandera plus aux fédéralistes s'ils veulent d'un référendum ou s'ils veulent entendre parler d'indépendance?