À la veille du déclenchement officiel de la campagne, on peut dresser un bilan plutôt positif du mandat du gouvernement de Philippe Couillard. Rien n’est parfait, mais les résultats livrés par ce gouvernement sont tout à fait défendables.
Les gens de l’Université Laval qui ont fait l’exercice objectif de mesurer le taux de promesses remplies l’ont établi à 80 %. Une note fort honorable.
Évidemment, nous ne sommes pas dans une période d’effervescence comme les années de la Révolution tranquille ou les années de René Lévesque. On ne peut donc pas inclure dans ce bilan des transformations dites historiques. Nous vivons des années qui ne prendront pas une grande place dans l’Histoire.
Finances ordonnées
Néanmoins, le gouvernement libéral a livré la marchandise sur quelques enjeux importants. D’abord, la remise en ordre des finances du gouvernement fut un réel exemple de rigueur. Certains ont crié à l’austérité. Dans les faits, les sacrifices furent relativement modérés pour accomplir ce qui traînait depuis longtemps : remettre nos finances à flot.
Le Québec a conséquemment amélioré sa cote de crédit : nous empruntons aujourd’hui à un taux d’intérêt plus avantageux que l’Ontario. Nous avons aussi retrouvé les marges de manœuvre d’un gouvernement qui peut faire des choix. Malheureusement, la fin de mandat a montré un gouvernement devenu beaucoup plus dépensier en sentant venir l’échéance électorale.
En santé, le système continue à générer des insatisfactions. Personnellement, je pense que le système devrait devenir mixte : public et privé. Mais dans le cadre du monopole d’État que nous connaissons, le ministre Barrette a posé plus de gestes favorables aux services aux patients que tous ses prédécesseurs récents.
L’éducation demeure une ombre au tableau. Les deux dernières années sous le leadership de Sébastien Proulx ont permis des progrès. Mais pas assez pour faire oublier le manque criant de leadership à ce ministère-clé durant la première moitié du mandat.
Et l’économie ?
L’économie va bien. On n’atteindra pas la création des 250 000 emplois promis par Philippe Couillard, mais on ne sera pas loin. Peut-on sérieusement donner le crédit aux libéraux ? Ils n’ont certainement pas été mauvais. Car un mauvais gouvernement peut nuire à la prospérité. Disons qu’ils ont été aidés par un contexte très favorable. Et le chômage baisse aussi parce que les baby-boomers prennent leur retraite.
Quant à l’identité, à la langue, ce ne sont pas les priorités de Philippe Couillard. Peut-on parler sérieusement d’un bilan en ces matières ? Le gouvernement libéral a fait adopter l’insignifiante loi 62 sur le visage découvert. On se demande encore s’ils y croyaient eux-mêmes.
Il reste aux libéraux le problème de l’usure. Ils sont là depuis longtemps, et certains électeurs jugeront que l’alternance est saine. Certains ne regardent même pas le bilan : ils veulent du changement, du sang neuf, des nouveaux visages.
C’est légitime de vouloir changer. Cependant, nous ne sommes pas en présence d’un gouvernement atroce dont il faille se débarrasser à tout prix. Les adversaires des libéraux doivent prouver dans les six semaines à venir qu’ils ont mieux à offrir.