L’hypothèse la plus plausible de la défaite du Bloc québécois aux élections fédérales du 2 mai dernier réside probablement dans le provincialisme adopté par le PQ et le Bloc.
En voulant élargir leur base pour s’assurer d’une majorité de sièges à Ottawa comme à Québec, ces deux partis ont adopté, au fil des années, un discours adapté au goût du moment de l’électorat.
Le Bloc et le PQ ont fait le pari de défendre les intérêts du Québec dans la fédération plutôt que de se faire les promoteurs de l’indépendance.
À défaut de convaincre, ils ont voulu plaire au plus grand nombre possible d’électeurs, préférant le consensus mou au consensus dur. Une stratégie qui s'est retournée contre eux.
Le NPD a profité de cette faiblesse idéologique du Bloc pour proposer un autre consensus tout aussi mou. Une position encore plus fragile que celle du Bloc puisqu’elle ne s’appuie sur rien de bien tangible, un chef de parti sympathique et courageux: un bon gars.
Ne nous le cachons pas, les Québécois ont vu dans l’élection de candidats du NPD l’opportunité d’emprunter une sortie de secours à l’inévitable affrontement qui s’annonçait entre un gouvernement majoritaire ultraconservateur élu sans le Québec et un parti indépendantiste représentant majoritairement le Québec.
Comme les Québécois ne voulaient pas tout perdre dans une telle relation où ils auraient été rapidement retranchés dans leur position, ne percevant pas l'urgence de la situation, ils ont préféré voter pour un parti fédéraliste qui serait plus enclin aux compromis. C’est bien connu, les Québécois n’aiment pas la chicane.
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Toutefois, contrairement aux apparences, le vide politique laissé par le Bloc à Ottawa n’a pas été comblé par le NPD. Le champ de la politique fédérale au Québec n’a jamais été aussi désert qu’il ne l’est aujourd’hui.
- Le NPD n’ y a pas d'organisation et l’élection de 59 députés ne lui procurera pas d'assises solides par génération spontanée.
- Le peu de crédibilité dont jouissaient les libéraux fédéraux s’est totalement estompé depuis le scandale des commandites.
- Quant aux conservateurs, le temps nous a prouvé qu’ils étaient plus habiles à tirer dans leur propre chaloupe qu’à tirer profit du vide laissé par le Bloc.
Les attaques des conservateurs contre les artistes du Québec lors de l’élection de 2008 et leur attitude à l’égard des sinistrés de la crue des eaux du Richelieu sont d’éloquents exemples de leur propension à creuser davantage chaque jour le fossé qui les sépare des Québécois.
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Fidèles à ce qu'ils sont, il est évident que la décision des conservateurs d’abolir les subventions aux partis politiques fédéraux, alors que le Bloc est pratiquement disparu de la carte, nuira surtout aux partis politiques fédéralistes du Québec.
Une mesure qui, sans aucun doute, desservira les libéraux fédéraux déjà en chute libre ainsi que le NPD qui n’a pas de tradition au Québec et qui ne pourra donc compter sur aucune organisation solide pour recueillir des contributions.
Il y a fort à parier qu’à la suite de cette nouvelle initiative des conservateurs les forces fédéralistes peineront de plus en plus à occuper adéquatement le Québec.
Pour cette raison, le projet du gouvernement conservateur d’abolir les subventions aux partis politiques fédéraux est une très bonne nouvelle pour tous les indépendantistes qui espéraient reprendre l’initiative du combat sur un terrain où, sans l'argent du fédéral, ils demeurent les mieux organisés.
Les impôts des Québécois ne serviront pas à financer et à donner le souffle de vie à des partis fédéralistes moribonds ou sans racines au Québec.
À cet égard, si l’actuelle politique du PCC risque d’affaiblir le PLC et le NPD et de l’avantager dans le reste du Canada, il y a de fortes chances qu’elle lui nuise au Québec, laissant la voie libre aux indépendantistes québécois.
Il n’y a pas de vide en politique, que des opportunités. Faute de financement, l'espace laissé vacant par les partis politiques fédéraux sera un jour ou l'autre occupé par les indépendantistes qui poursuivront sans relâche leur combat pour sortir le Québec du Canada.
En éliminant les subventions aux partis politiques fédéraux, les conservateurs donnent tout simplement le baiser de la mort aux forces fédéralistes du Québec, laissant aux indépendantistes québécois l’occasion inespérée d’occuper une position qu’ils croyaient avoir perdue lors des dernières élections fédérales.
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