Tout comme tous les citoyens du Québec, depuis maintenant plusieurs années, je reçois continuellement des invitations à «faire un don». Évidemment, la charité chrétienne n’est plus l’apanage de la religion : c’est une question d’une société digne de reconnaître qu’il y a des gens plus nantis, et d’autres, moins chanceux. Et la pauvreté est pour le Québec entier, un défi majeur qui ne cesse de s’aggraver.
J’ai donc encore reçu une belle invitation d’un journal qui s’évertuait à me dire que mon don serait bien utilisé et qui en plus, bénéficierait d’un crédit fiscal (une exemption de payer l’impôt sur mon revenu) de la part des gouvernements participants! Le journal était maintenant reconnu comme un organisme de charité! Incroyable et aberrant.
Devant l’incongruité de la situation (la vraie pauvreté des personnes dans la rue) et celle des journaux du Québec (reconnus comme organisme de charité pouvant émettre des reçus fiscaux), j’ai demandé à ces journaux (reconnus comme le 4e pouvoir de notre démocratie), la liste de leurs donateurs, afin de vérifier jusqu’où des institutions financières fournissaient à ce 4e pouvoir. J’y ai découvert des sommes importantes déboursées par la «coopérative» financière Desjardins! Aucune banque à charte fédérale ne figurait dans les listes obtenues. Un journal n’a pas répondu à ma demande malgré ma relance.
Devant le constat, force est de reconnaître que le 4e pouvoir est sous la tutelle du Mouvement Desjardins : celui-ci est en tête de liste des institutions capables de faire des dons importants aux journaux du Québec.
À la question d’une directrice générale d’un journal à savoir; «pourquoi je voulais connaître la liste des généreux donateurs», j’ai répondu ceci :
Elle est d’ordre éthique à savoir jusqu’où devrait se permettre une institution quelconque (riche et intéressée) à faire un don dont elle pourra retirer un crédit fiscal.
Je rappelle que ces institutions quelconques (riches et intéressées) peuvent ainsi faire taire le 4e pouvoir (ou l’orienter), que vous êtes dans une démocratie, laquelle serait donc en perte sérieuse de crédibilité, de son essence même : une démocratie qui fait taire la libre expression n’est plus une démocratie.
Puisque nous sommes dans une société où l’argent est très important pour tout un chacun (riche comme pauvre), et que les détenteurs du pouvoir en sont très nantis, il devient important que la connaissance de la provenance des dons soit au moins bien connue si nous ne pouvons les limiter raisonnablement.
Fin de ma réponse à la directrice du journal.
La connaissance de cette information est capitale en matière d’éthique démocratique et journalistique; ça nous interroge toutes et tous.
La question devient :
Ne devrions-nous pas limiter la somme permise en don annuel au 4e pouvoir (les entreprises journalistiques) par les institutions financières ou autres organisations capitalistes semblables?
Il est bien connu qu’un journal a toujours une certaine affiliation avec le pouvoir politique; mais que le pouvoir financier gère le 4e pouvoir nous laisse un goût amer en termes démocratiques et de fiabilité de l’information journalistique reçue.
Je pense que nous sommes sur une pente glissante grave en ce qui concerne la crédibilité et l’indépendance de nos journalistes et le journalisme en général au Québec : quand l’argent d’institutions financières coopératives ou capitalistes sert à diriger l’information, si ce n’est pas tout simplement à faire taire la libre expression, nous sommes certes en route vers un retour à l’obscurantisme. Il y a péril en la demeure démocratique et son esprit critique. C’est absolument inquiétant.
Une coopérative financière n’a pas à faire des dons sans limites au 4e pouvoir : les trop-perçus sur les opérations bancaires des sociétaires des Caisses doivent revenir en ristournes aux sociétaires des Caisses. Ces dons ne sont pas ce que Desjardins appelle faussement de l’intercoopération. Et le gouvernement doit répondre de sa décision de faire du 4e pouvoir un organisme de bienfaisance qui peut délivrer des reçus de charité.
Les journaux subventionnés (à même les dons crédités sur nos taxes et impôts) ne feront pas de reportages sur ce scandaleux stratagème ni d’enquêtes pour découvrir la vérité sur ces nouvelles «entreprises» dites de bienfaisance…
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1 commentaire
François Champoux Répondre
24 décembre 2024Trois-Rivières, 24 décembre 2024
N'hésitez pas à commentez; cette loi 21 est une erreur, adoptée sous le bâillon et par dérogation de notre propre charte du Québec!
François Champoux