Anglicisation de la Ville Lumière

Labeaume et St-Pierre s'indignent!

Tribune libre


Décidément, nos politiciens québécois retrouvent leur ferveur à l’égard de la défense de la francophonie lorsque notre langue est malmenée par nos cousins français!
En effet, en visite à Paris à l’occasion d’une série de rencontres portant sur l’Association internationale des maires francophones, Régis Labeaume s’est dit outré de l’infiltration de la langue anglaise autant dans les conversations que dans l’affichage.
À tel point que notre preux chevalier envisage profiter de la tribune du premier Forum mondial de la langue française qui se tiendra à Québec en juillet 2012 pour dénoncer ce glissement scandaleux de la langue de Molière vers une ingérence pernicieuse de la langue de Shakespeare.
Toutefois, pendant ce temps, de ce côté-ci de l’Atlantique, plus particulièrement au Québec, dans la patrie de Régis, la Caisse de dépôt et placement, notre joyau des institutions publiques, bafoue allègrement les exigences de la Charte de la langue française en accordant des postes de hauts fonctionnaires à des unilingues anglophones, alléguant des raisons de « compétences ». Issu du milieu des affaires, notre maire devrait plutôt concentrer ses énergies à défendre la langue de nos ancêtres sur son propre territoire!
Et, pour ajouter un peu de glaçage sur le gâteau, dans l’élan patriotique du maire de Québec, la ministre québécoise de la Culture et des Communications, Christine St-Pierre, emboîte le pas en lançant un appel pressant à la vigilance aux Français.
Elle pousse même la critique en alléguant le laxisme des artistes français qui
« osent » chanter en anglais… « comme certains le font au Québec », pourrions-nous ajouter en lui renvoyant gentiment la balle!
En réalité, devant les mollesses du gouvernement Charest relativement à l’application de la Loi 101, je considère que l’indignation de Mme St-Pierre résonne comme la voix dans le désert.
À mon sens, au lieu de se demander qui va envoyer dans la francophonie le signal que le français est important si la France ne le fait pas, notre ministre de la Culture devrait plutôt veiller à ce que le Québec envoie le message clair au reste du Canada que le français est la langue officielle du Québec…et faire en sorte que nos droits soient respectés!
Henri Marineau
Québec

Featured 19e390a78eaf9d290f5b6b4a1e389e83

Henri Marineau2101 articles

  • 1 480 522

Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





Laissez un commentaire



5 commentaires

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    20 novembre 2011

    Bonjour Monsieur Marineau,
    Peut-on vraiment dire que la “langue Française est en péril” ? Partout dans notre belle France profonde, je vous assure que rien de grave ne se passe et Paris étant une ville extrêmement touristique, les commerçants, pensant sans doute davantage attirer les étrangers, placardent ainsi en anglais les enseignes de leurs magasins.. cette langue anglaise, même si nous ne l’aimons pas, permet de se comprendre avec les autres peuples.. en attendant que cela change .. en attendant qu’elle soit remplacée par... le mandarin???...
    Hormis les personnes qui travaillent à l’export import, les Français dans l’ensemble, nous parlons très mal cette langue anglaise.. nous le baragouinons plutôt et seulement si c’est obligé !..
    N’étant pas envahis par les Anglais, ils sont seulement nos voisins, nous ne voyons pas comme vous le risque qui pourrait se produire à longue échéance, en empruntant quelques mots par ci par là.. d’autant que la langue française les digère et les absorbe.. comme je l’ai expliqué sur Vigile.. La langue anglaise elle-même s’est construite à partir de dix mille mots de Français avant d’avoir eu d’autres influences linguistiques.. Ils ne sont pas ennuyés pour autant avec tous leurs mots français prononcés avec l’accent d’outre manche.. les langues se construisent par ajouts d’autres mots, les langues sont vivantes, elles évoluent..

    Bien sûr, c’est tout à fait important de souligner ce qui ne va pas, il faut que nous Français soyons très vigilants.. et plus particulièrement dans cette mondialisation actuelle.. mais le maire Labaume ne se réconforte-t-il pas un tantinet en soulignant ce qu’il voit à Paris, par rapport à ce qui existe chez vous, et principalement du côté de Montréal ?..
    Notre langue est loin d’être en danger hormis, quelques parking, jogging, footing.. mais ce sont des constructions typiquement françaises, les linguistes affirment que ces mots n’existent pas en anglais, ils ne savent pas ce que veut dire “lifting” par exemple.. les anglais diront “lift of face”
    Ce qui serait à surveiller ce sont sans doute certains de nos médias et télévisions, quant à tout ce qui est industries, dans un large sens tout ce qui travaille ou échange avec l’étranger.. n’est-ce pas un peu obligé que tout se fasse en anglais? langue d’échanges internationaux parce que c’est une langue si facile, si dénuée de complications et de circonvolutions, avec une grammaire relativement réduite, qu’il est aisé de l’utiliser et c’est bien évidemment à cause de cette facilité que le monde entier s’en sert.. ..

    Il est vrai que nous avons remarqué qu’un grand nombre d’amis du Québec nous font ces reproches-là, et cela si souvent que je me demande s’ils ne nous voudraient pas irréprochables, nous sur le sol de leur ancienne mère patrie.. Je ne sais que penser, toutes les fois où les Québécois accusent la France, on dirait qu’ils sont contents de nous prendre en tort et en même temps cela les peine .. .. N’est-ce pas rempli d’ambigüité? N’est-ce pas entre nous, à la fois je t’aime.. et je te déteste ?..

  • Archives de Vigile Répondre

    18 novembre 2011

    Un show de boucane et de l'hypocrisie tout à la fois à mettre au crédit de ces deux personnages. Labeaume ferait la leçon aux Français après ce qu'il a fait au 400e et aux festivals d'été de sa ville? Seul les auditeurs de ses radios-poubelles et les fait-bien du quotidien Le Soleil pourront s'y laisser prendre. Quant à St-Pierre, dont le goût pour le bilinguisme remonte à ses études à la bien nommée université néo-brunswickoise de Moncton, elle ne convaincra personne. Son oeuvre dans sa totalité est lamentable et ridicule, et y compris ses subventions aux entreprises pour faire respecter la loi 101.
    Comme la sagesse populaire l'exprime: Qui vient de loin a beau mentir. Les Français savent ça aussi!

  • Archives de Vigile Répondre

    18 novembre 2011

    @ Monsieur Marineau
    Mme St-Pierre n'est pas originaire du Nouveau-Brusnwick, mais bien de chez nous (Saint-Roch-des Aulnaies).
    Le maire, par contre, a une grand-père français. Ce qui ne veut probablement rien dire non plus.
    Ces deux "défenseurs" de la langue française jouent mieux à l'étranger. Faudrait peut-être les échanger!

  • Archives de Vigile Répondre

    17 novembre 2011

    En effet, tout Québécois qui se permettra de réprimander un Français sur l'usage de sa langue s'expose à une salve oratoire dont il ne pourra se relever indemne.
    Même le plus articulé des nôtres pourra se faire corriger dans son élocution par un enfant de 10 ans en France. Comme ils doivent"se marrer" s'il tombent sur nos têtes d'affiche de la télévision: du français approximatif, tout le temps. Qui a entendu Martineau recevoir Laurent Ruquier de l'émission "On n'est pas couché"? Les Français ont le cerveau qui fonctionne plus vite que la bouche ne peut fournir. Notre pédant animateur de bas fonds s'est même cru obligé de se mêler dans son "accent pointu" à un moment donné. Même si son cadrage avait voulu que les deux aient les genoux entremêlés par la proximité des fauteuils, gênant le Français dans ses aises d'homme de classe, ce dernier n'a eu aucune retenue dans l'expression de "fausse aisance" des Québécois qui veulent paraître familiers en éclats à la Céline ou Véronique Dicaire: "Ah que chu't'assez cantant de vous ouère che nous... comme vous êtes fin de nous visiter... monsieur qui, déjà?" Il ne cache pas connaître cette hypocrisie de colonisés qui laisse vite paraître le désintérêt incivile que nous pouvons montrer dès après quelques jours suivant l'accueil.
    Nos ancêtres venus de France ont vécu une si dure traversée que nous avons perdu la vivacité du discours propre aux Français. L'idée nous vient lentement et la phrase n'arrive que rarement à se constituer avec le terme propre et le sens de l'aplomb. Pas qu'ils soient dénués du snobisme propre à leur tempérament hautain, au point de truffer leur discours de mots anglais mal compris et mal articulés, mais si nous espérons nous confronter à leurs motivations à le faire, faudra s'assurer d'avoir écrit notre texte d'avance.

  • Archives de Vigile Répondre

    17 novembre 2011

    Monsieur Marineau
    C'est une grosse perte de temps, l'appel à ces voeux pieux! Labaume et St-Pierre sont l'exemple parfait de deux colonisés qui ont deux discours différents, dépendant des circonstances et des lieux où ils sont tenus. St-Pierre est une ancienne journaliste à Radio (désinformation/assimilation) Canada et est originaire du Nouveau-Brusnwick, une province bilingue à ce que je sache. Ça mène à ça la Elvisgrattonisation du Québec, c'est-à-dire à la confusion identitaire.
    André Gignac 17/11