La Ville a pris l’avocat référé par Taillefer au lieu des siens

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Coderre, Taillefer, Couillard... le copinage libéral se poursuit

Réticente à impliquer les avocats de son contentieux qui la mettaient en garde contre son projet, la Ville de Montréal a plutôt utilisé un avocat référé par Alexandre Taillefer pour négocier le contrat de la Formule électrique et mettre sur pied le controversé organisme à but non lucratif, Montréal c’est électrique.


Cet avocat d’un grand cabinet montréalais a été payé par Montréal c’est électrique (MCE). L’organisme a puisé les fonds dans une subvention de 250 000 $ versés par la Ville de Montréal comme budget d’opération pour MCE.


Plus tôt cette semaine, l’ancienne administration Coderre a fait l’objet d’un rapport dévastateur du Bureau de l’inspecteur général pour avoir contourné les règles d’octroi de contrats.


C’est ainsi qu’on a appris que le cabinet du maire avait ignoré plusieurs avertissements des avocats de la Ville qui craignaient que MCE serve de courroie de transmission entre Montréal et evenko, l’entreprise qui a obtenu le contrat d’organiser la course automobile sans appel d’offres.


Notre Bureau d’enquête a aussi appris que la Ville a décidé, durant l’été 2016, de demander à l’homme d’affaires Alexandre Taillefer de lui recommander un avocat.


L’ex-dragon et patron de la compagnie électrique Téo Taxi reconnaît avoir présenté l’avocat Michel Boislard à la conseillère principale du maire, Marie-Josée Reid.


« Ils cherchaient un avocat commercial », se souvient Taillefer, qui connaissait l’avocat pour avoir retenu ses services dans certains dossiers liés à ses entreprises.


Pas ces avocats-là


Selon nos sources, la conseillère de Denis Coderre ne voulait pas impliquer les avocats de la Ville dans les négociations. Mme Reid n’a pas répondu à nos demandes d’entrevues.


L’avocat recommandé par Taillefer a été actif dans le dossier dès l’été 2016, pendant plus de trois mois avant la création de MCE, qui devait agir comme promoteur de la course.


À ce moment, Alexandre Taillefer était pressenti par Montréal pour être président du conseil d’administration de l’organisme à but non lucratif (voir autre texte).


L’administration Coderre lui a même remis une version préliminaire du contrat à être signé avec la Formula One Operation (FEO) qui chapeaute le championnat de voitures électriques.


Alexandre Taillefer, qui est aujourd’hui président de la campagne électorale du Parti libéral du Québec (PLQ), dit ne pas être intervenu dans les négociations ou les discussions pour la venue de la course.


La Ville qui paie


Les honoraires de Me Boislard et de la firme Fasken Martineau ont été payés par MCE. L’organisme a puisé les fonds à même une subvention de 250 000 $ versée par la Ville de Montréal, qui a aussi servi à payer le salaire du directeur général, une firme de relations publiques et certaines autres dépenses de bureau.


Me Boislard n’a pas voulu commenter en invoquant le secret professionnel avec son client.




Les avocats d’evenko ont également été impliqués dans la négociation entre la Ville et la FEO.



LE CONTRAT À EVENKO ÉTAIT DÉCIDÉ D’AVANCE


L’octroi du contrat à evenko pour organiser la course de Formule électrique était décidé avant même que l’organisme Montréal, c’est électrique (MCE), soit mis sur pied, affirme Alexandre Taillefer.


« Quand je m’implique dans un projet, je le fais à 100 % ou je ne le fais pas. Le travail était fait quand j’ai été approché. Ce n’est pas comme ça que je fonctionne », a indiqué l’homme d’affaires à notre Bureau d’enquête.


Il dit avoir été approché par le bureau du maire Coderre à l’été 2016 pour devenir président du CA de MCE. Il dit avoir refusé, mais il a accepté de faire la promotion de l’événement à titre de président d’honneur.


« J’étais déjà trop occupé. Un président de CA, c’est beaucoup de travail », soutient-il pour justifier sa décision.


Voyage à Paris


Quelques mois plus tôt, en avril 2016, il s’était rendu à Paris où il a assisté à la course de Formule E. Des responsables de la Ville de Montréal et d’evenko se trouvaient aussi sur place pour prendre de l’information sur l’organisation de l’événement.


Selon Alexandre Taillefer, il s’agit d’un hasard puisqu’il était en voyage à Paris avec des amis en même temps que la course.


« Je ne suis pas allé à Paris pour ça », dit-il.


Selon lui, il n’y a pas de problème avec son implication dans la Formule E puisqu’il fait la promotion publiquement de l’électrification des transports depuis des années.


« J’ai investi dans ce domaine parce que j’y crois », dit-il en parlant d’opportunités économiques et écologiques importantes pour le Québec.