SAINT-HYACINTHE | La Société de l’assurance automobile du Québec a interdit à ses employés de Saint-Hyacinthe de dire «Monsieur» ou «Madame» aux clients à la suite d’une plainte déposée par une personne transgenre.
À la fin du mois de juin dernier, un homme en processus de devenir une femme s’est présenté à la SAAQ de Saint-Hyacinthe pour un renouvellement de permis de conduire. Lors de la prise de photo, l’individu dont le nom masculin figurait toujours dans les dossiers de la SAAQ a été choqué de se faire dire «Monsieur» par le préposé.
Il a porté plainte à la SAAQ, qui s’est par la suite excusée. Il s’agissait de la seule plainte du genre sur les 22 millions de transactions effectuées à la SAAQ chaque année.
Et pourtant, depuis six mois, la direction de la SAAQ demande aux employés de Saint-Hyacinthe de ne plus utiliser les mots «Monsieur» ou «Madame» pour respecter le droit des transgenres. Selon nos informations, la direction de la SAAQ a dit aux employés qu’il s’agissait d’un projet pilote qui pourrait être étendu ailleurs au Québec. Mais la SAAQ aurait depuis changé d’avis.
«On tente de trouver des formules pour demeurer polis tout en évitant le ‘‘Monsieur’’ ou ‘‘Madame’’. C’est ridicule d’empêcher de dire ces mots pour une seule personne, une seule plainte. Ce signe de politesse existe depuis des centaines d’années», a raconté une source qui a requis l’anonymat.
Lundi, Le Journal est allé visiter la SAAQ de Saint-Hyacinthe et n’a entendu aucun «Monsieur» ni «Madame» provenant des employés, à l’exception du gardien à l’entrée de l’établissement. Les préposés se contentaient de dire «allô» ou «bonjour» lorsque les clients arrivaient.
Jugement
La SAAQ a admis hier que la politique est en place depuis la fin du mois de juin. À la suite des appels du Journal, le porte-parole de la SAAQ, Mario Vaillancourt, a indiqué que la politique allait être clarifiée auprès des employés afin de les laisser user de leur jugement pour utiliser les termes «Monsieur» ou «Madame».
Depuis que la politique est en place, la SAAQ n’a cependant émis aucun avertissement et il n’y a eu aucune conséquence pour les employés qui continuaient d’utiliser les mots «Monsieur» ou «Madame» par habitude.
Nom masculin
Le nom masculin de la personne transgenre qui a porté plainte figurait toujours dans les dossiers de la SAAQ. Les employés ne se seraient donc pas fiés à l’apparence de l’individu, mais bien au prénom inscrit au dossier.
Pour Stephania Jolie, lui-même travesti et ami avec plusieurs transgenres, l’employé de la SAAQ n’a fait que son travail.
«C’est ridicule, c’est trop. Tu ne peux pas changer la mentalité de tout le monde. Sinon, plus personne ne saura comment s’adresser aux autres», a dit le travesti. Ce dernier ajoutait aussi que plusieurs personnes étaient souvent mal à l’aise devant ce genre de situation et que, dans ce cas-ci, l’employé n’avait que lu le vrai prénom du transgenre.
D’autres accommodements pour les transgenres
Dans les aéroports, s’ils sont soumis à une fouille, les transgenres peuvent demander que cette fouille soit effectuée par une personne du sexe de leur choix ou encore par deux personnes, soit une femme pour une partie du corps et un homme pour l'autre partie.
Dans certaines écoles, les toilettes sont sans genre.
Les transgenres n'ont plus à subir de chirurgie pour changer de sexe sur leurs documents officiels. Une personne transgenre n’a qu'à faire une déclaration sous serment, appuyée d'une personne qui la connaît depuis au moins un an.
Sources: Administration canadienne de la sûreté du transport aérien. Commission scolaire de Montréal. Directeur de l'état civil du Québec
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé