Il y a encore 16% d'irréductibles sujets qui ont fêté la Reine du Canada lundi dernier. Ce dernier vestige du colonialisme qu'entretiennent les royalistes canadiens est de moins en moins populaire au Québec. Non seulement la Reine ne nous inspire plus à la fête, mais la majorité souhaite tout simplement l'abolition de la monarchie.
C'est la revanche des Patriotes. Progressivement, la fête de la Reine est remplacée par la Journée nationale des Patriotes. Lundi dernier, 38%des Québécois ont préféré souligner l'importance du combat des Patriotes et la reconnaissance de la nation québécoise plutôt que la royauté canadienne.
Dans le Québec francophone, 10% ont fêté la Reine et 47%ont fêté la Journée nationale des Patriotes. C'est totalement l'inverse chez les non-francophones alors que 41%ont fêté la Reine et 4% la Journée nationale des Patriotes. Les deux peuples ne s'entendent même pas sur le sens à donner à cette journée.
LA VRAIE TROISIÈME VOIE
Mais si vous pensez que les Patriotes ont gagné cette bataille, détrompez-vous, car il existe un autre adversaire nettement plus coriace que la Reine. Il s'agit de la troisième voie, celle de l'indifférence, du désabusement et de la dépolitisation des Québécois. La majorité simple des gens (45%) et même la majorité absolue des jeunes (56%) rejettent les deux tendances en optant simplement pour la journée de congé. Une des seules journées de congé de l'année où l'on a même pas l'obligation d'acheter un cadeau.
NON À LA MONARCHIE
Par contre, s'il y a un sujet sur lequel les Québécois s'entendent c'est le rejet de la monarchie. Les trois quarts de tout le Québec dont 84% des francophones et même 41%des non-francophones souhaitent l'abolition pure et simple de la monarchie canadienne.
L'impression défavorable à l'égard de la monarchie croît chaque année. En 2002, 66% étaient favorables à l'abolition de la monarchie alors que ce taux grimpe à 75% aujourd'hui.
D'ailleurs, Sa Majesté et ses conseillers sont bien au fait de ces chiffres, car la Reine n'a effectué que deux visites au Québec au cours des cinquante dernières années dont l'une en 1964 avait dégénéré en émeute antiroyaliste et celle de 1987 aura été très discrète et tenue sous haute surveillance.
Je vous avouerai que cette chronique a été la plus difficile à écrire, car tout le monde sait que la Reine n'est pas un bon sujet.