Léger Marketing a réalisé un sondage scientifique sur le racisme, la tolérance et les accommodements raisonnables pour ses clients du Journal de Montréal, de TVA et du FM 98,5. La diffusion et la publication des résultats de ce sondage a surpris, choqué, mais surtout fait réfléchir.
Il y a plusieurs manières de mesurer et de définir le racisme. Le mot racisme en lui-même comporte une charge émotive très grande et il faut être prudent quant à son utilisation. En fait, s'il est évident que sa définition dans les dictionnaires est très précise, il reste qu'au niveau populaire, tous comportements, paroles, gestes ou attitudes désagréables, si mineurs soient-ils à l'égard d'une autre culture, sont perçus comme racistes. La pertinence de ce sondage réside dans le fait que ce sont les citoyens eux-mêmes qui révèlent leurs attitudes et leurs comportements à caractère raciste.
Il faut respecter l'opinion des gens de la population qu'ils aient écrit une thèse de doctorat sur la question ou qu'ils aient une faible notion du concept mesuré. Dans un sondage, chaque citoyen a son droit de parole. Une personne, un vote.
Quels titres: 59% ou 82%?
Le Journal de Montréal a publié que 59% des gens se disent racistes pendant que La Presse a publié que 82% sont faiblement ou pas du tout racistes. Ces deux titres sont mathématiquement exacts sachant que les chiffres du sondage sont: 1% se disant fortement raciste, 15% moyennement raciste, 43% faiblement raciste, 39% pas du tout raciste et 1% sans opinion. Contrairement à ce qu'en pense monsieur [Yves Boisvert dans sa chronique d'hier->3793], il est cependant inexact de considérer qu'être faiblement raciste signifie que l'on ne l'est pas du tout. Il y a donc au Québec 59% de gens qui se disent racistes, mais à différents degrés. Ce chiffre de 59% mérite d'être expliqué et analysé davantage.
Un questionnaire exhaustif
Pour mesurer une question morale comme la notion de racisme, nous avons élaboré avec nos partenaires un questionnaire exhaustif d'une quarantaine de questions qui a même été publié dans le Journal de Montréal du samedi afin de permettre à l'ensemble des citoyens du Québec d'être mieux informés et de mieux comprendre les enjeux du débat. Dans ce questionnaire, nous avons utilisé une multitude d'échelles de mesure en sondage, qu'elles soient binaires (oui ou non), en plusieurs degrés ou à choix multiples. Concernant la question sur le racisme, nous avons choisi une échelle en quatre volets avec une gradation décroissante, méthode fréquemment utilisée dans les études sociales ou de marchés. À titre d'exemple, dans une étude de lectorat, on demande: Lisez-vous ce journal tous les jours, souvent, parfois ou jamais. Peut-on dire que les vrais lecteurs sont seulement ceux qui lisent tous les jours ou souvent le journal et que ceux qui lisent parfois le journal ne sont pas des lecteurs de journaux? En fait, à l'exception de ceux qui ne le lisent jamais, ils sont tous des lecteurs du journal, mais à différents degrés.
Le sondage commandé par le Journal de Montréal, TVA et 98,5 avait pour objectif de mieux comprendre la relation complexe entre les minorités culturelles et la majorité francophone dite de souche, de manière à permettre un débat éclairé sur un des enjeux de l'heure: les accommodements raisonnables.
Il est dommage qu'un débat d'une telle importance donne lieu à une guerre de médias.
JEAN-MARC LÉGER
L'auteur est président de la firme de sondages Léger Marketing.
Attention aux amalgames
Je n'ai jamais dit que de se considérer "faiblement raciste" signifie ne pas l'être. J'ai dit qu'on a tort d'amalgamer cette catégorie avec les moyennement et les fortement pour gonfler le nombre des racistes déclarés à 59.
Yves Boisvert
Une guerre de médias?
À partir du même sondage, le Journal de Montréal a publié que 59% des gens se disent racistes pendant que La Presse affirme que 82% sont faiblement ou pas du tout racistes
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