La peur d'aller trop loin

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Le triste spectacle des vieilles rengaines

Récemment, le journaliste de La Presse Vincent Marissal, dans une réplique à une lettre que lui adressait Djemila Benhabib, réfutait toute idée d'infiltration et toute tentative d'influence des lobbys politico-religieux au Québec. Parler d'une poussée ou d'une offensive islamiste au Québec, c'est du délire, c'est encourager la peur de l'autre, de l'immigrant. Voilà un bel exemple d'angélisme ou de cécité volontaire de la part d'un journaliste qui dénonce les raccourcis et les sophismes et pour qui l'interdiction de symboles religieux au travail, ces signes d'infériorisation des femmes, constitue rien de moins qu'une atteinte aux droits fondamentaux.
Djemila Benhabib a donc tout faux, tout comme a tout faux madame Fatima Houda Pepin, la nouvelle députée libérale indépendante et seule femme musulmane à l'Assemblée nationale, lorsqu'elle affirme: «La menace pèse davantage sur les femmes, à cause de la montée des intégristes dans les différentes religions.» Elle invite aussi ses collègues de l'Assemblée nationale à «regarder la vérité en face» sur ce qui se cache derrière les tenants du discours de la liberté de religion. Elle parle aussi de se méfier «des valeurs qui viennent d'ailleurs, qui viennent d'un autre siècle et qui sont imposées au nom de la liberté de religion». La neutralité religieuse de l'État est la meilleure façon de «fermer les verrous à la montée de ces intégristes». Ce n'est pas Bernard Drainville qui l'affirme, c'est madame Fatima Houda Pepin.
Elle ajoute: «Il n'y a pas de musulmans modérés [...]. Musulmans modérés est une expression médiatique pour permettre aux extrémistes, comme les intégristes-musulmans, de passer sous le radar. [...] J'ai connu l'Islam intégriste au Canada lorsque je suis arrivée, c'est ici que j'ai rencontré les groupes les plus endurcis, les plus organisés, les plus structurés, les mieux financés, qui avaient les moyens et qui étaient connectés sur l'ensemble de la planète. Ce fut tout un choc pour moi.»
Si ce n'est pas là un discours qui incite à la plus grande vigilance, en utilisant même des termes guerriers en parlant de «menace sur les femmes» et de «montée des intégristes», je me demande qu'est-ce qu'il faut à Vincent Marissal pour le convaincre de la nécessité d'une charte des valeurs qui bannit le port de signes religieux ostentatoires dans l'espace public.
Mais la cerise sur le sundae, c'est la position étonnante de ce collectif des Indépendantistes pour une laïcité inclusive. Malgré les nombreux témoignages de femmes de toutes confessionnalités, d'organisations féministes comme «Pour les droits des femmes du Québec» et même, tout récemment, du Conseil du statut de la femme qui pressent l'État d'imposer la neutralité et l'égalité homme-femme dans la fonction publique pour y créer un véritable espace de paix, sans rivalité religieuse, ce collectif des inclusifs refuse d'entendre ces voix et préfère se lancer dans l'éloge du métissage comme si l'adoption d'une charte de la laïcité allait, sans autre explication, encourager l'homogénéité de la population et la pureté ethnique. La charte contre l'amour et le sexe? On voudrait comprendre...
«Le mouvement indépendantiste est né avec l'idée qu'il fallait embrasser large pour permettre au Québec de se réaliser», dit encore ce collectif. Toujours la même vieille rengaine de la fermeture aux autres, de la xénophobie et de la menace à l'identité québécoise, entonnée aussi bien par les intégristes, les fondamentalistes, le PLQ de Couillard pour qui l'adoption de la charte ferait fuir les investisseurs, le PLC de Trudeau le multiculturel, le NDP/NPD, QS l'angélique et le maire Coderre qui veut faire de Montréal un îlot à part du Québec, que par ces militants qui ont déchiré et leur chemise et leur carte de membre du seul parti indépendantiste pour bien marquer qu'ils s'opposent aux voix favorables et majoritaires entendues aux quatre coins du Québec. Triste spectacle!


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