La «paix sociale»

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La « paix sociale » est surtout menacée par le régime libéral

Ça me fait rire en ta quand j’entends quiconque au Parti libéral du Québec brandir l’épouvantail de la « paix sociale ».


Dans le sens de rire jaune.


Comme le disait mon collègue Bock-Côté sur sa page Facebook avec la répartie qu’on lui connait, « La grosse machine à faire peur. Le PLQ a-t-il déjà essayé de gagner une élection sans assimiler la victoire de son rival à une forme ou une autre d'apocalypse? »


La peur, toujours la peur. Ce parti qui s’est joué, qui s’est moqué du Québec depuis tellement longtemps en misant, toujours, sur les épouvantails. Le méchant référendum, cette méchante aspiration à l’émancipation collective...


Vous souvenez de la face que faisait Philippe Couillard quand, devant la visite, il s’était fait remettre à sa place par le premier ministre de l’Islande sur la question de l’indépendance?


« L’indépendance en soi ne peut jamais être négative », avait alors lancé Olafur Ragnar Grimmsson dans un vibrant plaidoyer pour l’indépendance des petites nations.


Plus difficile de berner la visite. En quelques minutes l’argumentaire libéral des 40 dernières années prenait un œil au beurre noir. Et l’on pourrait dire exactement la même chose des « référendums ». Il n’y a rien de négatif à consulter la population; sur son avenir politique, sur les choix de sociétés, sur les questions de gouvernance.


Mais c’est pas dans la culture ici. On vote une fois aux quatre ans autant que possible et achalez-nous pas avec le reste. Un cynisme encouragé par le PLQ justement, et ce depuis longtemps. Sont contents quand on se même pas trop de leurs affaires. Nos affaires. Leurs « vraies affaires » entre participants consentants.


J’irai même un cran plus loin. Le PLQ est une menace à certains principes de base de toute saine démocratie.


Comme l’indépendance de la justice par exemple.


N’y a-t-il pas pire « menace à la paix sociale » que la perte de confiance en notre système de justice, en nos institutions?


Rarement a-t-on vu dans notre histoire collective récente un peak de cynisme équivalent à celui qui a eu cours lorsque la Commission Charbonneau a remis son rapport. Et le déminage de celui-ci par les quelques lignes, toujours aujourd’hui inexplicables,  par le commissaire Renaud Lachance, lesquelles servaient, au final, à disculper tout le monde.


Pratique.


Ne soyons pas dupes, tout le monde savait que les libéraux allaient, encore, s’en sauver. Mais là, il n’y avait plus de jupe. Juste le jupon.


Notre système de justice c’est un PM qui s’acharne au-delà de toute raison à conserver le privilège de nommer le boss de la police anticorruption, lequel est chargé d’enquêter sur le parti du PM, lequel est visé par l’essentiel des allégations les plus graves de corruption.


Vous souvenez des révélations de Lino Zambito, corroborées par Luigi Coretti. Un PM libéral, Jean Charest, qui aurait baladé des centaines de milliers de dollars en cash dans sa limousine de fonction? Le cash coulait à flots dans ce temps-là au PLQ selon de multiples témoignages entendus à la Commission Charbonneau (et lors de divers procès) et par le travail d’enquête de nombreux médias.


Il y a des gens qui siégeaient au sein de ce gouvernement-là, qui font encore et toujours de la politique aujourd’hui sans être inquiétés. Imaginez, Jean Charest lui-même est réhabilité par la télévision d’état et est appelé à commenter la politique comme si de rien n’était.


Et la beauté de la chose, l’autre parti de droite fédéraliste, mi-CAQ, mi-PLQ a recruté une ancienne ministre à 100 000 de l’ère Charest. Ça pourrait bien refroidir quelques ardeurs ça quand viendra le temps de faire le ménage.


Et que dire des baux de Bibeau... A-t-il été inquiété celui-là? Bien sûr que non. Un intouchable. N’a même pas eu besoin de voir sa face parader à la Commission Charbonneau. Libre comme l’air et ça tombe bien car demeurent des occasions à saisir! Il y a la SQDC (Société québécoise du cannabis) qui cherchera des emplacements locatifs. Je jetterais un coup d’œil là-dessus moi...


On ajoutera au portrait le fait que le PLQ contrôle aussi la nomination des juges, du boss de la SQ (boss aussi du SPVM, dans une intrication familiale aux allures de népotisme), du DPCP et les plus de 500 nominations partisanes au sein de la haute fonction publique du Québec (tsé les Dominique Savoie de ce monde) et nous avons-là la recette de tout sauf la « paix sociale ».


Austérité, réforme Barrette, laïcité


Ne suffit que de consulter la compilation exhaustive (quel travail de moine de l’IRIS) des innombrables conséquences des coupures au sein des services publics par le gouvernement Couillard; souvent sur le dos des moins nantis, des plus vulnérables de la société. Austérité qui a mis a mal la paix sociale justement. 


Tout comme l’a fait la réforme de Gaétan Barrette dans le système de santé. Par sa volonté hédoniste de s’imposer à titre de grand potentat du ministère, cet homme a foutu un bordel inimaginable au sein du plus important poste de dépense de l’état québécois.


Le climat d’inquisition qu’il fait régner au sein du ministère de la Santé a fait exploser les demandes de congé de maladie et les cas de détresse psychologique au sein de ceux qui sont sommés de le tenir à bout de bras ce système. Heureusement, à l’aube des élections, des langues se délient, des voix se lèvent pour dénoncer ce climat de travail délétère.


En terminant, par seul souci de clientélisme électoral, le PLQ a refusé de légiférer en matière de laïcité. Pire, ce parti a tout fait pour que le climat social ne s’améliore pas. Alors que la situation s’y prêtait, quand au Québec on voyait poindre une rare unanimité suite au funeste attentat de la mosquée de Québec pour que l’on règle, enfin, une large part de ce dossier en adoptant les grandes lignes de Bouchard-Taylor, Philippe Couillard a reculé.


Ses projets de loi 59 et 62 sur la laïcité n’ont été que manifestes de mauvaise foi. Jamais ce gouvernement n’a voulu autre chose que de protéger son électorat captif tout en militant pour que s’installe le multiculturalisme au Québec sans avoir le courage de mener ce débat, visière levée, devant la population. On aura beau reprocher bien des choses à l’ancien ministre Drainville et sa « charte des valeurs », mais au moins, il ne s’est pas caché.


Et que dire des accusations faites par le PM Couillard à l’endroit des autres parlementaires, Legault et Lisée notamment, dès que quelqu’un osait évoquer le fait que le Québec devrait discuter des seuils d’immigration. « On souffle sur les braises de l’intolérance! » Par un tel langage irresponsable, le PM joue avec le feu. Sa façon de faire de la petite politique.


En somme, le Parti libéral du Québec est très, très mal placé pour faire la leçon en matière de « paix sociale ». Avant d’accuser les autres, ce parti devrait commencer par se regarder dans le miroir. La belle paix sociale sous Jean Charest. Vous souvient-il des manifs de 2011 et 2012, celle de Victoriaville...


Heureusement, ses arguments en forme d’épouvantails fonctionnent de moins en moins. Et nombreux sont ceux à les déboulonner, pour l’intérêt supérieur de la population québécoise, toutes inclinaisons sociale ou politique confondues.