La paix passée par les armes

Géopolitique — nucléaire iranien



Dans Le Devoir du 17 août, on fait état d'un crédit de 30 milliards alloués à Israël par les États-Unis pour l'achat d'armes. Le sous-secrétaire d'État du gouvernement états-unien, M. Nicholas Burns, a expliqué à cette occasion qu'il s'agissait d'un «investissement dans la paix»! Je me suis demandé comment un haut responsable politique pouvait exprimer pareille ineptie sur la place publique comme s'il s'agissait d'une évidence.
Il est difficile d'imaginer que le sous-secrétaire d'État soit un monsieur un peu fêlé à qui son entourage pardonne ses écarts de langage. Il traduit plutôt clairement ce que pensent les officiers du gouvernement des États-Unis. Premièrement, l'économie du pays ne saurait se passer de la production et de la vente d'armes, ce qu'on appelle le complexe militaro-industriel. L'argument vaut d'autant plus ici qu'Israël est aussi l'un des marchands d'armes les plus importants dans le monde. Deuxièmement, une tradition guerrière et militariste est fortement ancrée dans les valeurs états-uniennes. L'histoire du pays nous montre que les gouvernements des États-Unis n'ont jamais hésité à utiliser tous les types d'armes à leur disposition pour anéantir ceux qu'ils considéraient comme leurs ennemis.
Dans cet esprit, la guerre consiste à se débarrasser de sous-humains dont la vie ne vaut pas un centime et de les maintenir dans un état de domination. La paix se comprend alors comme l'exercice de l'hégémonie des détenteurs d'armes sur ceux qui doivent être dominés. Voilà pourquoi les armes sont un «investissement dans la paix»!
La paix ainsi passée par les armes, c'est un immense désert silencieux dans lequel volent en cercle des charognards en quête de millions de cadavres victimes des fusils, des chars et des bombes des faiseurs de paix. Il faut remercier M. Nicholas Burns de nous avoir fait comprendre en quelques mots quelle est la différence entre guerre et paix.
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Serge Genest, Québec


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