Imaginez deux ou trois familles d’amis sur un terrain de camping.

Les adultes sirotent leur bière autour du feu, assis sur des chaises pliantes. On écoute du Leonard Cohen.

Les enfants grillent des guimauves et courent autour­­.

On relaxe.

Oups

Soudainement, une moufette­­ se pointe.

Bordel absolu­­.

Une mère saisit des enfants et part en hurlant. Son mari grimpe sur une table.

Un autre part chercher un balai.

Le gros Steve reste calme, mais c’est lui qui se fait arroser le premier.

Paniquée, Jade-Noémie se fait pipi dessus. Étienne-Olivier s’enfuit dans le bois.

Ça crie partout. Ça court dans toutes les directions.

Personne ne dirige. Personne ne sait quoi faire.

Dès que la question musulmane surgit­­, le gouvernement Couillard fait penser à ces infortunés campeurs de fin de semaine. La désorganisation totale­­.

Lundi, Gaétan Barrette ne voit aucun­­ problème à ce qu’un quartier strictement musulman se crée dans sa circonscription.

Il fait une comparaison totalement saugrenue avec le quartier chinois, comme si les Chinois multipliaient les initiatives provocatrices.

Pardonnez ma franchise, ami lecteur­­, mais si vous ne voyez pas la stupidité de cette comparaison, vous êtes irrécupérable.

Le lendemain, en direct du Maroc, Philippe Couillard dit que ce quartier ethnoreligieux n’est pas l’idée du siècle en matière d’intégration.

Éclairé par Allah, Gaétan Barrette a donc une illumination fulgurante: il est maintenant «clair» pour lui que ce projet est «inacceptable».

Il ajoute cependant qu’il a parlé «à la communauté musulmane» qui y voit une «chasse aux musulmans».

À qui a-t-il parlé? Qui sont ces porte­­-parole autorisés à parler au nom de «la communauté musulmane»? L’imam du coin? Un militant libéral? Fatima Houda-Pepin? Charkaoui?

Le même jour, on apprend que des femmes ont passé et peuvent passer les examens de conduite de la SAAQ avec le visage voilé par un niqab ou une burqa.

Pour la vision périphérique, ça ne doit pas être terrible.

Au même moment, Stéphanie Vallée essaie de faire adopter son insignifiant projet de loi sur l’obligation d’offrir­­ et de recevoir des services publics­­ à visage découvert.

Mardi, toujours en direct du Maroc, Philippe Couillard, qui doit se demander si son avion a quitté l’aéroport Trudeau, dit que l’on pourrait faire une exception pour que cette formidable preuve d’ouverture québécoise puisse perdurer.

Il est immédiatement contredit par sa ministre de la Justice: euh, désolée, mais mon projet de loi ne permettra pas de visage voilé pendant l’examen.

Étranger

Ravie, M^me Vallée trouve enfin une occasion de marquer ailleurs que dans son propre filet. Voyez, dit-elle, c’est bien la preuve que mon projet de loi est nécessaire.

Le lendemain, Philippe Couillard, lui aussi soudainement illuminé, affirme qu’il n’y aura pas d’exception: pas de visage voilé pendant l’examen.

Mais non, il n’y a jamais eu contradiction entre lui et ses ministres. Qu’allez-vous chercher là?

C’est simple: dès qu’il est question de réagir à l’islam militant, le PLQ est un étranger dans sa propre société.